Décidé à vulgariser son œuvre hors de son pays d’origine, Benicien Bouschedy, est actuellement en France, où il tente de séduire un nouveau lectorat pour qui la littérature gabonaise reste «inconnue». Après sa participation à l’apéro-littéraire organisé à Marseille le 2 mars dernier, c’est le M-TISS Café-Littéraire de la ville de Metz qui l’a accueilli, jeudi 18 avril, pour la présentation de sa trilogie poétique.

Benicien Bouschedy, le 18 avril 2019, à Metz. © D.R.

 

Vue du public du M-TISS Café-Littéraire. © D.R.

Après sa participation à l’apéro-littéraire de Marseille, en mars dernier, c’est le M-TISS Café-Littéraire de Metz qui a accueilli, jeudi, Benicien Bouschedy. Le jeune écrivain gabonais originaire de Malinga y est allé pour présenter ses trois œuvres : Silences de la Contestation (2016), Rêve Mortel (2017) et Cendre de Maux (2018). Des recueils de poèmes dans lesquels le jeune écrivain gabonais ne cache pas son engagement, y compris politique. Dans ce lieu de rendez-vous et d’échanges culturels messin prisé notamment par les intellectuels et autres artistes de tous les horizons de passage ou résidant dans la Lorraine, l’écrivain n’a d’ailleurs pas manqué d’aborder avec son auditoire l’actualité gabonaise et africaine.

Parmi les sujets évoqués : «les violences nourries par les injustices politiques et sociales, les barbaries des dictatures, la place de la jeunesse dans la révision du projet du développement humain et de son avenir en Afrique centrale». Des sujets qui, selon le poète, «sont parfaitement en harmonie avec la trilogie poétique» présentée au public.

«Je travaille à profiter de chaque espace pour parler de la littérature gabonaise à partir des thématiques développées dans mes œuvres. Au-delà du destin gabonais aujourd’hui pris au piège par les contractions politiques qui assombrissent l’avenir du pays, c’est toute la question du vivant qui m’intéresse, peu importe la nationalité, vu les crises qui asphyxient l’Homme. L’idée est de montrer que la littérature gabonaise, au même titre que celle du Sénégal, du Cameroun, du Yémen, de la Hongrie ou encore de la France, est ouverte au monde et mérite d’être lue hors du Gabon et interrogée par des spécialistes pour connaître une importante audience critique», a indiqué Benicien Bouschedy.

Bouschedy, un poète de «combat» ?

Pour le Dr Hans Wilfried Otata, «la trilogie de Benicien Bouschedy est l’illustration de ce que l’on indiquerait comme une littérature de combat. Ceci par le fait que la fonction des mots, au-delà de leur dimension d’emblée esthétique parce que littérature, fait corps avec un projet social. Celui d’exhumer la parole politique des silences tel Aimé Césaire (Silences de la contestation) pour dire l’injuste qui pousse à la révolte. Cette affirmation de l’individu en tant qu’homme politique, au sens de Jacques Rancière, dit tout sur le désir profond de justice ou d’égalité qui est motivé, un rêve structurant l’être profond du peuple oublié au concert du bien-être (Rêve Mortel)».

Pour le critique littéraire, «c’est au nom de ce rêve que [Benicien Bouschedy] entend combattre ces maux et les réduire en cendre (Cendre de Maux). Il est également important de lire la sincérité et la cohérence de la trilogie, qui ne transige ou ne flanche pas de texte en texte. Le pacte d’écriture de départ habite chaque volet avec originalité. Ce qui devrait servir d’exemple aux impostures littéraires criant au génie de l’engagement, mais qui brillent par une fuite du terrain politique ou un conformisme affligeant à l’ordre dominant.»

Avant son retour au Gabon, Benicien Bouschedy est également attendu à Lyon le 27 avril prochain puis à Saint-Étienne du 16 au 18 mai, où il devrait à nouveau séduire une part du lectorat français.

 
GR
 

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