La charge du vice-Premier ministre italien contre la France occulte un élément essentiel : la complicité agissante des dirigeants africains.

Ayant transformé l’armée, la police et la justice en assurance-vie pour régimes corrompus, les leaders africains auraient peu de scrupule à faire tourner la planche à billets, créant les conditions d’une inflation exponentielle. © Gabonreview/Shutterstock

 

Sans exagération aucune, c’est une véritable secousse tellurique. Pour la première fois, les dirigeants d’un pays européen accusent publiquement la France d’être à l’origine du mal-développement de l’Afrique. Si les internautes s’en félicitent, cette mise en cause occulte un élément essentiel : la complicité agissante des dirigeants africains. Pour plus de pertinence, le vice-Premier ministre italien aurait dû en tenir compte. Le respect de la règle de droit, la transparence dans la vie publique, la reddition des comptes, la défense de l’intérêt général et la redistribution de la richesse ne relèvent nullement d’une grandiloquence mal à propos. Au lieu de se limiter à exiger la «décolonisation de l’Afrique» ou à dénoncer l’existence du franc CFA (lire «La France accusée d’appauvrir l’Afrique»), Luigi Di Maio aurait été plus complet en appelant les leaders du continent à plus de vertu publique.

Sur les errements des leaders africains

Dans la relation France-Afrique, les 50 dernières années ont été placées sous le sceau du «changement dans la continuité». Surfant sur l’attitude des présidents africains, Paris a conçu une «politique africaine» pas toujours compréhensible : au développement, elle a préféré la coopération. Loin du cadre globalisant des affaires étrangères, elle a maintenu un ministère de la Coopération. Autrement dit, elle a opté pour le paternalisme en lieu et place du partenariat, encouragée en cela par des leaders comme Felix Houphouët-Boigny, Omar Bongo, Gnassingbe Eyadema ou Denis Sassou Nguesso. Revendiquant une «relation privilégiée», ces derniers ont favorisé l’enracinement de cette «Françafrique» de sinistre réputation. Privilégiant les relations personnelles, ils ont minimisé les rapports d’État à État. En contrepartie d’un soutien à leurs régimes, généralement en délicatesse avec les principes de bonne gouvernance, ils ont institutionnalisé les rétro-commissions et financements occultes.

De toute évidence, les dirigeants africains ont tout mis en œuvre pour rater les rendez-vous avec l’histoire. Uniquement soucieux de maintenir leur mainmise sur les États, ils n’ont pas su tirer profit des évolutions ou des alternances politiques. Ni l’accession de Giscard d’Estaing à la présidence de la République encore moins celle de François Mitterrand n’ont été mises à profit. Rétifs au changement, ils ont combattu le tiers-mondiste Jean-Pierre Cot, facilitant la reprise en main de la politique africaine par l’Elysée. Suite à la chute du Mur de Berlin et au déplacement du curseur géostratégique vers l’Europe de l’est, ils ont unanimement rué dans les brancards, déplorant un «désengagement français». Ce faisant, ils ont facilité l’émergence de la «doctrine Balladur», c’est-à-dire la subordination de toute aide publique au développement à la signature d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Sans s’en rendre compte, ils ont ouvert la voie à la systématisation des plans d’ajustement structurel, initiatives pays pauvres très endettés (PPTE) et autres mécanismes d’asservissement financier au service de l’idéologie ultra-libérale. Fortement influencée par la question de la dette, la relation France-Afrique s’est aussi construite sur les errements des leaders africains.

Contre le CFA ou les dictateurs soutenus par la France ?

Faut-il, pour autant, en finir avec le franc CFA ? Saluant la sortie de Luigi Di Maio, de nombreux Africains répondent par l’affirmative. Dénonçant l’obligation de déposer une partie de nos réserves de change au Trésor public français, ils y voient une entrave à la solvabilité du continent. À leurs yeux, l’arrimage à l’euro condamne les pays africains à subir les contrecoups des fluctuations de l’économie européenne. Seulement, à y regarder de près, une évidence saute aux yeux : la France accorde aux dépôts du compte d’opération une rémunération supérieure aux taux du marché. Mieux, le CFA facilite les échanges intra-UEMOA et intra-Cemac. Outil d’intégration, il garantit une certaine stabilité monétaire. Peut-on s’en passer ? Au vu du sort réservé aux autres instruments de souveraineté, on peut en douter. Ayant transformé l’armée, la police et la justice en assurance-vie pour des régimes corrompus, les leaders africains pourraient très bien catalyser la mutation de la monnaie en argument clientéliste. Autrement dit, ils auraient peu de scrupule à faire tourner la planche à billets, créant les conditions d’une inflation exponentielle.

Au demeurant, de nombreux Africains ramènent le débat sur la souveraineté monétaire au combat contre la Françafrique. Ils assimilent la dénonciation du CFA à la lutte contre les dictateurs soutenus par la France. Même si leur position se comprend aisément, ils doivent faire la part des choses. Ils doivent d’abord considérer cette question au regard de la pratique politique. En d’autres termes, ils doivent se demander si, dans un contexte de mal-gouvernance, des monnaies nationales seraient viables. Autrement, ils encourageraient le mélange des genres, à la grande satisfaction des tenants d’une démocratie de façade.

 
GR
 

14 Commentaires

  1. METT dit :

    Enfin! vous voyez le peuple Africain et de Gabao, la verité fini par emerger.. donc la verité de ce que vie le peuple fini par sortir, mais pour cela il faudrait des lanceurs d’allertes et nons des lanceurs de Fakes News comme l’administration dirigeante et emergente de GABO, sait bien le faire pour bien noyer l’infos vrai.

    Je dis BRAVO aux Italiens..certes ils en ont mare de recevoir des bateaux rempli de nos freres et soeurs..et c’est pour autant vrai ce sentiment de trop c’est trop et aussi cela leur pousse a sortir ce vieux secret bien gardé des tiroirs du Bourreau des Africains.

    D’AILLEURS, LES SEULS PAYS MOINS DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE SONT CELLES ISSUES DE LA COLONISATION FRANCAISE

  2. jackfame dit :

    C’EST UNE HONTE POUR LA FRANCE QUE J’AVAIS SOUVENT CONSIDERE COMME UN PAYS LIBRE, MAIS C’EST JUSTE DE LA FACADE…
    COMMENT PEUT-ON ARNAQUER UN CONTINENT DE LA SORTE ET SANS LE DEVELOPPER?

    HONTE A VOUS- HONTE A LA FRANCAFRIC
    BENALLA A RAISON D’AGIR DE LA SORTE, IL EST A LA BONNE ECOLE

  3. Julien dit :

    Ce qui est marrant, c’est de savoir que bon nombre de français savent tout ça et font encore semblant de l’ignorer(belle hypocrisie française). Lol ! Et quand les africains débarquent en France, on les traité comme des sous hommes, comme de pauvres hommes… Et dire que c’est grâce à notre Continent que la France est ce qu’elle est. Ce cinéma va durer encore pendant combien de temps ? Pauvre France, pays de MERDES…

  4. Dugabon Robert dit :

    Les pays africains peuvent se retirer QUAND ILS LE VEULENT; c’est dans la convention signée entre tous les pays. Je souhaite personnellement que la France mette fin très vite à ce CFA qui embête tant de monde Qu’on en finisse une bonne fois. Mais il faudra s’attendre à de fortes fluctuations des nouvelles monnaies et , dans un premier temps, à une importante dévaluation de la ou des nouvelles monnaies remplaçant le CFA; c’est mécanique, mathématique et économique; l’Afrique n’y échappera pas. Ceci dit, qui prendra de plein fouet la – ou LES -dévaluation?? Devinez . et qui s’en sera mis à l’abri ?? devinez .

    • octavus dit :

      Si vous avez autant de connaissance pourquoi avez vous autant de problemes dans votre economie la derniere derriere L’allemagne ,Royaume Uni….

      Et les gilets jaunes? vous ne savez rien de l’economie .Quelque soient la quantite des ressources voles vous ne vous en sort(ez)irai jamais.

      La fin de la France en Afrique est irreversible vous n’y pouvez rien.

      la tentative de(re) demonstration que vous venez de faire est mis en avant depuis 50 ans pour tenter de dissuader est aussi nulle que la volatilite de l’euro vis a vis des autres devises. Une monnaie factitive qui est en fait adossee sur le Deutch-Mark avec des economies aussi heterogenes que les niveaux economiques profondemment differents d’une nation a une autre avec le taux de chomage des plus eleves et panne de croissance depuis plus de 2 siecles.

      Bref vous avez de quoi mediter.Vos conseil et expertise seront mieux pour la France qui se cherche ////

    • Abieri dit :

      Avec une monnaie nationale, nous, Africains, serons face à nos responsabilités. On ne pourra plus accuser les français !
      La situation actuelle est bien plus confortable, nous n’avons pas besoin de nous remettre en cause.
      Arrêtez vos comédies ! l’Africain est comme ça, tout le monde sait bien que le CFA a de l’avenir.
      Et ainsi va l’Afrique.

      • Akébé Vite !!! dit :

        Du haut de votre invisible savoir vous raisonnez sur l’Afrique soit au moins 54états (dont certains n-ont et n’auront jamais aucun lien au CFA. Di Maio débite sur l’Afrique et vous qui en savait plus que lui sur le sujet surfez dessus pour votre propagande Si le ridicule tuait, Di Maio, Salvini, Trump Macron et vous seriez déjà morts.Heureusement pour l’autre c’est déja bon et c’est un bon début…

  5. OSSAMI dit :

    Les pays de la CEMAC peuvent créer leur propre monnaie en incluant la RDC. L’union faisant la force et avec toutes les richesses que nous avons, il suffit que nos dirigeants soient choisis sous le saut de la démocratie et ceux qui seront élus sauront qu’on peut les faire partir par voie démocratique.
    Nos chefs perdurent au pouvoir avec la complicité de la France c’est parce que ceux ci sont là pour perpétuer le système inique du f CFA. Une fois qu’il n’existera plus vous verrez que la France n’interviendra plus dans nos systèmes électoraux.

  6. Serge Makaya dit :

    La France n’a pas voulue faire du Gabon un département d’outre mer comme le souhaitait Léon Mba. Et pourtant, si elle avait fait cela, elle exploiterait nos ressources sans inquiétudes. Elle aurait fait du Gabon ce qu’elle voudrait. Qu’elle assume maintenant le refus de la départementalisation du Gabon.

    • Ikobey dit :

      Supprimer le CFA ? La belle affaire !
      Mais le remplacer par quoi ? personne ne se souvient de « l’aventure » du franc malien ? Arrêtons de jouer les enfants gâtés et de trouver la mariée trop belle.

      Chasser la France et les Français ? pourquoi pas ?
      Vous êtes bien sûr que nous pouvons nous en sortir sans l’aide d’aucun pays? Alors prions pour que les Russes, les Chinois ou les Indiens ou les Aliens soient meilleurs. Attention on aura pas le droit à l’erreur.
      Le chien a toujours tort de mordre la main qui le nourrit.

  7. Michel BOUKA RABENKOGO dit :

     » LA DYNAMIQUE BWETE  »
    «  » LA RESTITUTION EST AMORCÉE  » »
    C’est l’homme qui a peur, sinon il n’y a rien. L’Afrique dispose de toute la ressource humaine de haut niveau prête à élaborer sa monnaie et la rendre la plus sûre du monde. L’Afrique dispose de toutes les garanties. Ses matières premières dont l’occident a vitalement besoin pour le fonctionnement de sa structure économique empirique et moyenâgeuse. Que l’occident n’est pas peur. L’Afrique ne se comportera jamais lui. L’Afrique est consciente de son rôle fondamental de mamelle allaitante de l’humanité. BWETE. /
    *IBOGA EST DÉSORMAIS AUX COMMANDES*
    # LA RESTITUTION #
    « GABON D’ABORD »

  8. Gaboma dit :

    Ferme la un peu ! Toujours en train de débiter des conneries. On n’a moins besoin des français qu’eux de nous. On peut nouer de vrais partenariats commerciaux avec d’autres pays. Sors un peu de ta caverne pour ne pas dire de ta bêtise vicérale.

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