Moins de quatre ans après le décès de son fondateur, l’Union du peuple gabonais se retrouve avec quatre chapelles. La dernière en date est celle dite «légaliste» de Bruno Ben Moubamba. Y a-t-il quelqu’un pour réconcilier «les enfants de Pierre» ?

Portail rouge : le siège à Awendjé de l’UPG (aujourd’hui. © facebook.com/bruno.moubamba

Portail rouge : le siège à Awendjé de l’UPG (aujourd’hui. © facebook.com/bruno.moubamba


 
Le week-end dernier, au Gymnase d’Oloumi à Libreville, en fait de premier congrès on a assisté à la naissance de la quatrième chapelle de l’UPG. Il s’agit de l’UPG Légaliste. Mais, bien avant cette branche, il y avait déjà eu l’Union des patriotes gabonais – Loyaliste (UPG-L) de David Mbadinga née, après la disparition de Pierre Mamboundou, à la suite des premières dissensions consécutives au non-respect par la direction du parti de certaines dispositions statutaires. Puis l’Union du Peuple gabonais (Loyaliste) de Jean de Dieu Moukagni Iwangou et Thomas Ibinga à la suite de désaccords sur la convocation du premier Congrès. Et l’UPG-Awendjé de Mathieu Mboumba Nziengui qui n’a jamais cessé d’exister !
L’UPG comme le Moréna ? 
Sur les quatre chapelles, seule celle présidée par Jean de Dieu Moukagni Iwangou s’est résolument ancrée dans l’opposition radicale. L’ancien magistrat préside d’ailleurs aujourd’hui aux destinées du Front de l’opposition pour l’alternance (Front) depuis le renouvellement début-avril de ses structures dirigeantes. Avec ces quatre tendances, l’UPG fait à peu près au moins aussi bien que le Mouvement de redressement national (Morena) qui, fondé en novembre 1981 pour faire tomber le parti unique, s’est divisé en quatre après la Conférence nationale de mars-avril 1990, à savoir le Morena Originel de Jean-Pierre Nzoghé Nguéma et de Simon Oyono Aba’a, le Morena des Bûcherons de Paul Mba Abessole et de Pierre André Kombila Koumba, le Morena Unioniste d’Adrien Nguémah Ondo et le Morena de Molière Boutamba. On sait que par la suite, le Morena des Bûcherons s’est scindé en deux avec d’une part le Rassemblement national des Bûcherons (RNB) qui a pour leader le professeur de cardiologie, et d’autre part le Rassemblement pour le Gabon (RPG) qui est dirigé par l’homme d’église. Résultat des courses : le Morena conserve des personnalités fortes, mais son discours n’est plus entendu. Son discours a perdu de sa superbe d’antan, voire de sa crédibilité. Même le «parti-éléphant» qui en est issu, le RPG, s’est depuis «gazellisé».
Qui peut ramener la paix dans la maison UPG ? 
Visiblement, c’est vers cette tendance que semble aller l’UPG de Pierre Mamboundou. Sauf à penser qu’une personnalité neutre sortira du bois pour réconcilier les enfants de Pierre et qu’il y réussira, on voit mal l’UPG redevenir, dans un proche avenir, en tout cas d’ici à 2016, le grand parti qu’il a été de sa création en juillet 1989 à la disparition de son leader charismatique en octobre 2011. Et qui peut être cette personnalité ? L’épouse de Pierre Mamboundou et, semble-t-il, ses enfants ayant pris fait et cause pour l’actuel Secrétaire exécutif de la branche Awendjé, ils ne paraissent plus, aux yeux de l’opinion, comme des missi dominici non récusables et crédibles.
Pour dire vrai, et sans vouloir lancer de fausses polémiques, si la maison UPG se retrouve en lambeaux aujourd’hui, c’est aussi parce que la famille de Pierre Mamboundou a trop souvent donné le sentiment que le parti n’appartenait qu’à elle seule, et que les dirigeants et militants se devaient de ne s’en référer qu’à elle. Résultat des courses : un grand nombre de ses cadres a quitté Awendjé pour aller en quelque sorte «fonder» des chapelles. Qui peut être cette personnalité réconciliatrice ? David Mbadinga ? Il serait immédiatement récusé par Mathieu Mboumba Nziengui. Marguerite Ebiag’Angoué ? Trop proche d’une des tendances. Bonaventure Nzigou Manfoumbi ? Il ne reviendrait pas réconcilier des membres d’un parti qu’il a lui-même quitté pour créer un autre. L’UPG n’a pour seul horizon maintenant que la «gazellisation». Oui, le grand parti de Pierre Mamboundou qui a été l’une des plus grandes formations politiques du Gabon est bien mort à la suite de son leader. Le parti ne dispose plus d’élus nationaux, et ne dirige plus une seule ville. Très peu de conseillers municipaux aussi.
L’UPG proche du pouvoir ? Loin du pouvoir ? 
Avec ses multiples chapelles, dont l’opinion ne sait pas toujours, qui plus est, où elles se situent sur l’échiquier politique national, ce parti qui aspirait à diriger le pays s’est pratiquement auto-dissous. Mathieu Mboumba Nziengui est-il, comme on le dit, «l’ami du pouvoir» ? Bruno Ben Moubamba veut-il, en dépit de son inimitié avec Yves Fernand Manfoumbi, négocier un deal avec Ali Bongo, comme cela se dit parmi les militants radicaux ? En tout cas, les querelles de clocher en son sein l’ont considérablement affaibli. Et des réunions sectaires l’ont sans aucun doute mis à néant.
Il faut en effet se rendre à l’évidence que le «premier Congrès ordinaire» de l’UPG du week-end dernier à Libreville a définitivement tué, à ce qu’il semble, ce parti, alors que l’objectif des organisateurs de celui-ci était certainement de lui donner un souffle nouveau.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Ismael dit :

    Dommage pour ce parti. La faute, selon moi, est assez ancienne et remonte à lepoque du président fondateur de ce pari. Avec l’éviction de l’ancien secrétaire general Moulomba, jeune et brillant fidèle a Mamboundou, par les proches de ce dernier qui connaissait l’état de santé de leur parent, ce parti avait scellé son destin. Car comment comprendre qu’un tel parti ait pu existé pendant si longtemps sans congrès?
    En définitive, les partis politique de notre pays a l’exception du Pdg, ne se constituent qu’autour soit de la famille (maganga Moussavou), de l’ethnie (pgp,qui avait refusés qu’un punu puisse succéder à Agondjo; UN, dont les fidèles à Amo refuseront qu’un « bilope » soit candidat de ce parti en lieu et place d’un « vrai gabonais »entendu fang). Dommage pour le pluralisme politique au Gabon.

  2. Moutouki dit :

    Mon cher Ben, c’était facile de faire la politique à REIMS avec le bon champagne, tu vois maintenant que ce n’est pas facile au pays, hein? Tu disais que le Gabon est mieux géré qu’au temps de ya OMar?

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