Littéralement vomi par les conseillers municipaux issus de l’opposition auxquels se sont joints en sourdine quelques-uns de la majorité, le jeune maire d’Akanda semble s’être volontairement lancé dans un bras de fer avec la loi : huit mois après sa prise de fonction à la tête du bureau du Conseil municipal, l’homme d’affaires n’a jamais songé à tenir des conseils municipaux, au point qu’on ne parle plus que de ses multiples sociétés de «capital risque».

Le jeune maire PDG d’Akanda s’obstine à rester en porte-à-faux avec l’article 38 de la loi N°001/2014 du 15 juin 2015. © Facebook/GregoryLaccruche

 

Plus de sept mois après sa prise de fonction à la tête du bureau du Conseil municipal d’Akanda, Gregory Laccruche Alhianga n’a pas convoqué une seule réunion du Conseil municipal. Élu en octobre 2018, le jeune maire issu du Parti démocratique gabonais (PDG) ne manque pas d’inquiéter les conseillers municipaux, parmi lesquels certains, y compris dans les rangs de la majorité, n’hésitent plus à évoquer l’amateurisme de l’édile.

Pourtant, créée il y a moins de 10 ans, la commune dont il a la charge fait face à de nombreuses difficultés sans cesse décriées par les habitants, au point que les conseillers municipaux issus de l’opposition ont été contraints, en octobre dernier, de porter à la connaissance du public les «carences» décelées dans le style de gestion imposé par le maire. D’ailleurs, celui-ci n’avait pas hésité à recourir à la force publique pour empêcher la tenue de la conférence de presse y relative. Si l’objectif des conseillers municipaux issus de la coalition RHM-UN (Rassemblement héritage et modernité – Union nationale) avait été de le faire réagir pour le forcer à «convoquer en urgence une session extraordinaire du Conseil municipal», rien n’y a fait. La correspondance adressée au maire par ceux-ci, en septembre, n’a pas non plus prospéré.

À Akanda, l’édile semble s’être volontairement lancé dans un bras de fer avec la loi, notamment avec l’article 38 de la loi N°001/2014 du 15 juin 2015, relative à la décentralisation, qui dispose que «les conseils contrôlent l’action des bureaux. Ceux-ci sont tenus de leur rendre compte périodiquement de la situation générale de la collectivité locale, de l’état d’exécution du programme des réalisations économiques, sociales, culturelles et environnementales».

Or, à la faveur de la sortie, le 24 octobre dernier, devant la presse, le groupe des conseillers municipaux de l’opposition avait exprimé sa volonté de traiter les «vrais» problèmes auxquels sont confrontés les Akandais : le fonctionnement budgétaire et financier de la commune, les inondations, l’ensemble des contrats qui engagent la commune, etc.

 «Laccruche doit partir !»

Bénéficiant désormais d’une piètre image auprès des conseillers municipaux issus de l’opposition, et même de certains de son propre camp, Gregory Laccruche Alhianga est invité à démissionner. Certains évoquent les sanctions prévues dans l’article 90 de la loi N°001/2014 du 15 juin 2015, relative à la décentralisation. D’autres brandissent la possibilité de convoquer une session extraordinaire du conseil municipal qui pourrait découler sur la mise à l’écart de l’édile que l’on dit plus préoccupé par les affaires, surtout à investir des capitaux dont il disposerait au regard de ce qu’il entreprend.

À ce sujet, quatre noms n’ont pas cessé de revenir dans les conversations à l’Hôtel de Ville d’Akanda : “Equarius SA”, “Capella SA”, “Omega Investments” et “Ossa Finances”. Il s’agit d’entreprises de «prises de participation» au capital social de 10 millions de francs CFA chacune créées courant 2018, qui appartiennent toutes au jeune maire (Lire «Les mystérieuses sociétés de “capital risque” de Gregory Laccruche»). Plusieurs conseillers souhaitent que la justice se penche sur cette sorte de «mini- Delta Synergie». Il s’agirait, disent-ils, de questionner l’origine des fonds qu’entend investir le jeune maire à travers ces sociétés basées à Akanda.

 
GR
 

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