Les mouvements d’humeur se multiplient alors que gouvernement, patronat et syndicats sont en négociation depuis une semaine. Dernière annonce de «grève générale illimitée» en date : le Syndicat des agents de la direction générale du Budget (SYNA-DGB) appelle ses adhérents et sympathisants à «lever le pied». Les revendications salariales et sociales demeurent les principales exigences des agents de l’administration publique. 

Le point sur le climat social actuel, le 3 décembre 2014 au cabinet du Premier ministre, notamment avec les ministres de l’Intérieur, du Travail, les ministres délégués à l’Economie et au Budget et comptes publics, mais aussi le conseiller spécial chargé des missions du président de la République. © Presse de la Primature
Le point sur le climat social actuel, le 3 décembre 2014 au cabinet du Premier ministre, notamment avec les ministres de l’Intérieur, du Travail, les ministres délégués à l’Economie et au Budget et comptes publics, mais aussi le conseiller spécial chargé des missions du président de la République. © Presse de la Primature

 
Ce n’est pas encore la contestation généralisée de 1990, mais on semble s’y approcher. C’est en effet une fin d’année particulièrement mouvementée que vit le Gabon. Elle est forcément éprouvante pour le chef du gouvernement et les membres de son équipe, bien que certains d’entre eux ne donnent pas forcément l’impression d’en avoir pris conscience. Grèves à répétition, mouvements d’humeur interminables, avec notamment Radio Gabon et Gabon Télévision en service minimum, Direction de la Solde fermée, ONEP très active sur le front social…
Il est à se demander si la solution à cette sorte de «chienlit» qui s’installe en douceur dans le pays n’est pas politique ou s’il ne faudrait pas convoquer une grande conférence sociale destinée à permettre l’amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de vie des agents publics. «Parce que, pour le moment, être fonctionnaire, c’est être dépourvu. Sauf si on fait la politique ou si on gère une caisse, parce que seules les fonctions politiques paient, mais tout le monde ne peut pas faire de la politique ou gérer un budget», regrette un fonctionnaire avec ses 30 ans d’ancienneté au ministère de la Jeunesse et des Sports. Il ajoute : «avez-vous vu un fonctionnaire acheter un véhicule neuf ou se loger vraiment décemment ? Soit nous louons, soit nous construisons des habitations qui sont en fait des matitis sur des terrains impropres à la construction ; pour les voitures, nous ne pouvons acheter que des voitures d’occasion à l’usure avancée». Jeanne-Marie, 37 ans, qui exerce au ministère du Travail et de l’Emploi, affirme soutenir les mouvements d’humeur en cours dans de nombreuses administrations «parce qu’il ne faut pas se leurrer, le gouvernement ne peut pas penser lui-même à nous améliorer les conditions de vie».   
La contestation sociale prend de l’ampleur
Aujourd’hui, sur les vingt-cinq départements ministériels que compte le gouvernement Ona Ondo II, plus de la moitié connaissent des mouvements d’humeur. Les médias publics, Radio Gabon et Gabon Télévision, sont entrés dans la danse avec toutefois l’observance d’un service minimum. Le front social est de toute évidence en ébullition. Les négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux qui se tiennent actuellement avec tout le lot de suspicions qui les entourent et au centre desquelles se trouve Samuel Ngoua Ngou n’ont pas l’air de mener à l’accalmie.
A la lumière de ce qui se dit au Stade de l’Amitié où se déroulent ces pourparlers et au vu de l’ampleur que prend chaque jour la contestation sociale, on peut penser qu’il est temps, comme le souhaite le Représentant spécial du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies, Abdoulaye Bathily, que les acteurs politiques se parlent. Sinon, jusqu’à quand va durer cette situation de quasi-paralysie des administrations ? Et parce qu’il s’agit d’une crise politico-sociale, il apparaît plus que jamais nécessaire que les hommes politiques des deux bords et la société civile se retrouvent pour se parler dans «l’intérêt supérieur du pays».
«Les syndicats poussent, le gouvernement tousse»
Pour le moment, il semble que la trêve sociale que souhaite obtenir le gouvernement pour la période devant mener le Gabon jusqu’à l’élection présidentielle prévue en août 2016, dans 20 mois exactement, pourrait avoir du mal à s’instaurer. Trop de promesses ont été faites par le passé sous Biyoghé Mba et Raymond Ndong Sima qui n’ont pas connu un début de concrétisation. Le Premier ministre actuel, lui, devrait commencer par tempérer l’aspect abrupt de certaines de ses prises de position qui ont contrarié ses interlocuteurs. Il lui fallait en fait, sur ce dossier, mettre de remarquables juristes, des hommes engagés mais non partisans, et promettre d’ouvrir autant que faire se peut la tirelire. Or, avec la mauvaise conduite des dossiers côté gouvernement et peut-être à cause des tensions de trésorerie de l’Etat, Daniel Ona Ondo, pourtant intellectuellement bien préparé, a manqué parfois de tact dans les négociations. Ce qui avait provoqué, il y a quelques semaines, une forme de rupture entre les deux parties. Les syndicats poussent aujourd’hui à la concrétisation des premières promesses, à la matérialisation des décisions prises de commun accord l’année dernière avec le gouvernement, mais le cabinet Ona Ondo affirme attendre les décisions in fine du chef de l’Etat. Ce «gouvernement des urgences» ne se montre pas à la hauteur des exigences sociales. Il tousse, il tousse, et nous on pousse parce que ses promesses initiales et actuelles doivent enfin être tenues», indique un syndicaliste de la Fonction publique qui siège à la Commission nationale du Dialogue social.
A l’allure où s’allument les foyers de tension, les uns après les autres, ou les uns au même moment que les autres, il faudrait au chef du gouvernement une bonne marge de manœuvre pour décider de la suite à réserver aux revendications. Or, s’il doit se contenter, comme il le fait, de n’être qu’un «rapporteur général» de la Commission,  autant organiser une Conférence sociale en présence du président de la République. Une Conférence sociale qui permettrait de régler, pour plusieurs années, pour longtemps, le sempiternel problème des rémunérations dans la Fonction publique avec relèvement du point d’indice, augmentation du salaire minimum et amélioration des pensions-retraite. La grève qui s’est déclenchée à la direction générale du Budget et qui pourrait paraître surprenante d’autant plus que ce n’est pas dans cette administration que les agents publics sont les plus malheureux est révélatrice d’un fait : «les choses ne vont pas bien dans le pays», avance un ancien ministre devenu député.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. olivier dit :

    attention, la grande muette, attention…

  2. Le Miroir de la petite émergence dit :

    BADABOOM! Quand il faut résoudre les problèmes une fois pour toute, on préfère soudoyer les leaders syndicaux. Un pays qui compte plus 5 centrales syndicales et autres… Rien n’est normé dans le pays du biaffrais! Le gouvernement s’enlise un peu plus chaque jour qui passe… ONA ONDO, « malheur à celui qui accepte une charge dont il n’a pas la capacité nécessaire pour l’assumer! » tu es Franc-maçon et cette phrase devrait t’interpeller!

    • Omengo dit :

      Je suis parfaitement d’accord avec toi, malheureusement nos dirigeants n’ont pas encore compris que cette politique ne marche pas, l’information est si rapide quelque soit les manœuvres en sourdine ils transparaissent au grand jour et jette du discrédit sur les négociations, nous avons des leaders qui n’ont pas décidé de prendre cette direction de la compromission félicitation pour eux.

  3. moutou dit :

    Ne lacher pas, ne lacher pas, ne lacher pas. Fini le mensonge, les promesses non tenues,La mise en place de votre commission n’est qu’un moyen pour appaiser la tension et gagner du temps.
    Les suspitions de corruptions planent déjà sur votre commission, Ngoua Ngou se bat comme un diable pour attirer ceux des leaders syndicaux à la recherche de l’argent et des postes juteux.
    Le SMIG au moins à 200.000 frs et cela est possible. Nous les tenons,il ya beaucoup d’argent au gabon mais mal distribué. Je ne suis pas jaloux mais quand je regarde le train de vie de ces GRANDS PDGistes je comprends que le GABON a bcoup d’argent mais mal distribué.

  4. nnomdzi dit :

    Un PR faussaire pour quel gouvernement?

  5. le kibaguiste dit :

    Le Gabon a assez d’argent pour mieux payer les fonctionnaires. Tenez par exemple le directeur de cabinet Accrombessi touche 21millions de fcfa par mois. Quel travail accompli il? Le trésorier payeur du palais brasse 32 millions de fcfa. Le maire de libreville,touche 17 millions de fcfa. Oye retraite de 25 millions par mois. Ces infos sortent de la solde, vous doutez vérifier. Trop c’est trop, ça suffit comme ça.

  6. MOKOUKOUET dit :

    ONA ONDO à intérêt à bosser la conduite! mais ne peut rien décider
    – il est là pour remplir son CV en préservent son poste de PM
    – Voila NDOG SIMA qui est parti, a-t-il rallié le PDG?
    bien au contraire, il a démissionné du Bureau politique PDG
    disons simplement qu’une seule province ne peut diriger le pays en 47 ans c’est trop! il n’ya pas aussi des gabonais capables et intellectuelles de gérer?

  7. cbienbo dit :

    Je pense que les opposants (en accord avec les différents syndicats) devraient sortir une feuille de route décrivant clairement les axes permettant une nette amélioration des conditions de vie des gabonais.
    En effet, il ne s’agit pas simplement de décrier le pouvoir actuel : nous savons tous que  »l’usurpateur national » et ses  »pôtes de circonstances » roulent pour eux et eux-seuls. Mais il s’agit de présenter au peuple gabonais un cahier des charges avec des échéances réalistes.
    La pression mise sur  »l’usurpateur national » est importante et commence à porter ses fruits. Cependant, pour avoir une massive mobilisation de la population (et des  »investisseurs » étrangers)et de la crédibilité, il faut des propositions claires. Et certains d’entre nous n’attendent que cela pour se mobiliser.
    Otep!

  8. Hugh Morel dit :

    Nous ne pouvons plus supporter l’injustice sociale sur les gabonais au profit d’une minorite dirigeante. L’argent du contribuable gabonais est utilise au profit des Bongo et de leurs amis qui pillent notre pays chaque jours en appauvrissant les honnetes citoyens gabonais. Il est inconcevable et intolerable que cela continue sans riposte.
    Que tous les gabonais se reveillent et manifestent leur mecontentement a l’egard d’un pouvoir irresponsable qui condond interet publique de personnel. Ce pays est le notre et nous sommes pret a mourrir pour son bien etre si cela l’exige.
    Nous sommes diriges par une bande de voleurs a tout asimuth sous le dictons de TOUT POUR LES BONGO ET RIEN POUR LES AUTRES. Et nous sommes la pour arreter cette absurdite et punir les coupables.

  9. Un compatriote dit :

    URGENT,
    Des agents de la DGH se sont infiltrés dans les sociétés pétrolières en grève à Port Gentil dans le cadre du mot d’ordre de grève générale illimitée lancé par l’ONEP, tenant leur ordre de la Présidence de la République, ils ont pour mission de relever les noms des non grévistes. Il faut rapidement les démasquer et les mettre hors d’état de nuire

  10. philippe vouette dit :

    Les agents de la DGH ne comprennent-ils pas pourquoi l’ONEP demande ce mouvement de grève ?
    la CNAMGS…n’est pas mauvaise en soit !!!!Mais il faut la suspendre pour prendre le temps de revoir les rouages et les mécanismes de fonctionnement de cette dernière…car il faut bien l’avouer … entre les médicaments qui ne sont pas prit en compte, les examens, les pharmacies qui refusent de travailler avec la CNAMGS…..
    Ils devraient être en surliquidité avec tout les sous qu’ils obtiennent auprès des agences de téléphonie mobile pour chaque appel, des agences de transfert d’argent, et comme si cela n’était pas suffisant on nous retire 2.5 % sur notre salaire….la CNSS continue par prendre aussi son argent ,l’IRPP, la TCS….
    Et chose bizarre seul le Gabonais d’en bas Paie la CNAMGS celui d’en haut (senateur, depute ….président….. ?)Ne paye pas ….Pourquoi ? et la solidarité nationale ? ????
    Revoir la CNAMGS sera bénéfique pour tous …donc levons nous!!!
    Cordialement,
    Philippe Vouette

  11. alpha Koumbi dit :

    J’ai honte des gabonais. L’ONEP lance une greve, certains ne veulent pas suivre sous pretexte qu’ils veulent proteger leur bout de pain. Mais ils se trompent car, ils seront eux memes victimes des injustices que l’ONEP denonce et la personne ne pourra les defendre.
    A Arnaud Engandji et les autres anciens leaders de l »ONEP:
    Vous vous rendez un tres mauvais service en boycotant la greve de l’ONEP a travers les pions que vous avez dans les differentes entreprises. Vos freres et soeurs seront un jour des victimes des injustices denoncees par l’ONEP.
    C’est a croire que vous avez oublier tout le travail que vous avez produit pendant votre mandat. Il s’agit avant tout de la digniter du travailleur gabonais.

  12. le kibaguiste dit :

    Par cette attitude le gouvernement nous prouve qu’il na aucune solution aux problèmes des gabonais. Même la RTPDG Simangoye qui fait la propagande du petit livret vert du biafrais est en grève. Quand je pense qu’en 2009,j’ai voté pour ce Nigerian,je regrette énormément.

  13. L'aveugle dit :

    le Premier Ministre n’a t il pas dit que la PIP est une décision de la Présidence?
    il savoir décrypté les phrases de ce Monsieur, à un moment il va retourner sa veste.
    attendons de voir 2015 ne terminera pas….

  14. Moutouki dit :

    Nous demandons aux syndicats d’inclure les soldats dans leurs revendications. J’ai discuté avec des hommes de troupes qui me disent ne pas se sentir concernés par les revendications des syndicats des fonctions. « Nous ne pouvons pas vous envoyer des bombes lacrymo si nous sentons concernés par vos revendication » M’a confié un officier superieur. A bon entendeur salut.

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