Directrice de la Communication et des Relations publiques au ministère de la Justice, Marie-Sylvie Hervo-Akendengué ne sait à quel saint se vouer. Depuis 9 mois, elle est «arbitrairement» sans salaire. Dans l’interview ci-après accordée à Gabonreview, elle retrace le parcours de sa quête pour rentrer dans ses droits.

Réclamant neuf mois de salaire, équivalents de 9 bons de caisse, Marie-Sylvie Hervo-Akendengué estime être «arbitrairement» suspendue du salaire qu’elle réclame désormais auprès de sa hiérarchie. © Gabonreview

 

Gabonreview : Quel est le problème que vous avez avec votre administration ?

Marie-Sylvie Hervo-Akendengué : Je suis Madame Marie-Sylvie Hervo-Akendengue. Je suis fonctionnaire, recrutée au ministère de la Justice, Garde des Sceaux, le 9 octobre 2004. Je suis cadre de catégorie A1 intégrée au Cabinet du ministre de la Justice. J’ai été nommée en Conseil des ministres, le 27 décembre 2012, directeur de la Communication et des Relations publiques. Je suis la première à avoir été nommée à cette fonction dans un département ministériel. Je dénonce un magistrat qui était directeur général des Affaires administratives et qui est aujourd’hui à la Cour d’appel. Il a séquestré mon Attestation spéciale de présence au poste du ministère de la Fonction publique, le lundi 16 juillet 2018. Il avait le fameux sésame pour que, fonctionnaire que je suis, je puisse à la fin du mois du mois de juillet 2018 avoir mon salaire comme les fonctionnaires des autres administrations qui avaient fait la même opération de bon de caisse. Il ne me l’a donc pas donné. J’ai été victime de violence morale, d’abus d’autorité, de trafic d’influence, de mise en danger de mon intégrité physique. Ma personne, ma dignité et ma fonction ont été bafouées.

Avez-vous fait recours auprès des instances habilitées dans votre administration et à la Fonction publique ?

J’ai été chassée de mon ministère avec interdiction de mettre les pieds à mon bureau, sur instruction du directeur général des Affaires administratives sortant. Il a sommé la police judiciaire de me le dire, et eux-mêmes m’ont dit que si je restais là, ils allaient me violenter. J’ai été chassée de mon ministère.

Avez-vous rendu compte à votre administration ?

Tout ce que j’ai pu faire c’était de parler de mon problème au travers des médias. J’ai appris que le même monsieur a fait défoncer mon bureau. Il aurait demandé le quitus du Secrétaire général sortant, c’est le patron de l’administration, pour pouvoir défoncer mon bureau et y mettre son agent. On appelle cela du brigandage. Si dans son service, il n’y avait pas assez de bureaux, je ne vois pas comment, en mon absence, même si j’étais sa subordonnée, et il n’était pas mon chef, il pouvait défoncer mon bureau. Il n’avait pas le droit de défoncer mon bureau ou celui d’un agent qui plus est, un cadre.

Avez-vous déjà vos bons de caisse à ce jour ?

Je suis allée à la Fonction publique, parce qu’il fallait que tout soit réglé avant le 25 juillet 2018. À la Fonction publique, j’ai fait la démarche avec tous les documents afférents y compris le constat d’huissier et les photos prouvant que mon bureau a été vandalisé. Le superviseur, Bamba Hyacinthe, qui est toujours en fonction à la Primature, qui était le superviseur de l’opération des bons de caisse, a été estomaqué. Il m’a demandé mon matricule, il m’a dit qu’il y avait une erreur et que mon bon de caisse était sur place à la Fonction publique sous la tente du Conseil d’État et qu’il allait corriger vu que je suis du ministère de la Justice. Ce sont des erreurs qui peuvent arriver. Et quand il a appelé le directeur général de la Fonction publique, monsieur Brice Sackys, il a changé de langage. J’assume mon propos. Je reste convaincue que, comme ils avaient des réunions régulières avec tous les directeurs centraux des Ressources humaines des départements ministériels, par rapport à cette opération, il a dû être au courant de ce qui s’est passé. Monsieur Bamba Hyacinthe a changé d’attitude et il m’a demandé de m’inscrire dans les recours, les réclamations. J’étais surprise. Parce que j’ai d’abord vu mon bon de caisse sous la tente du Conseil d’État. J’étais choquée parce qu’il a fallu qu’il parle à Monsieur Sackys, le directeur général de la Fonction publique pour que son langage change. J’ai fait ce qu’il fallait. Je suis repartie là-bas plusieurs fois et je n’ai jamais été appelée et je n’ai pas eu de bons de caisse.

Cela fait depuis combien de temps que vous n’avez pas de salaire ?

La dernière fois que j’ai perçu mon salaire, c’était le 25 juin 2018. Je suis à 9 mois arbitrairement sans salaire pour avoir dénoncé un magistrat.

Êtes-vous la seule dans ce cas dans votre administration ?

Je ne suis pas la seule. Mais en ce qui me concerne, je suis la seule au niveau des violences. C’est du harcèlement moral, un acharnement sur ma personne, je reste convaincue, avec des complicités tapies dans l’ombre. Parce que c’est corporatif, la magistrature. J’ai rencontré le Président du syndicat des magistrats qui m’avait apporté son soutien. Il m’avait dit qu’il allait intervenir, mais depuis lors, je ne comprends pas qu’il n’y ait pas de suite. Et j’ai la preuve de tout ce que je dis. Je dois vous dire que je n’ai toujours pas accès à mon bureau. Je n’ai pas posé les pieds dans mon bureau depuis le 29 décembre 2017.

Avez-vous saisi le tribunal administratif puisque vous vous estimez lésées ?

C’est trop long ! C’est une question de survie, de mes droits, de ma dignité. Je suis la première Gabonaise à dénoncer le sport national, c’est comme ça que je l’appelle, dans l’administration gabonaise : le harcèlement moral qui est un délit, un crime identique au harcèlement sexuel et la majorité de mes compatriotes ignorent qu’il y a une loi à ce propos. Je suis la première à l’avoir mentionné dans les médias. Elle existe, depuis 2016. C’est la loi 010/2016. J’ai pu prendre un avocat et c’est lorsque j’ai pris l’avocat que j’ai pu remettre les pieds dans mon ministère. Mon avocat a posé des actes à l’endroit du ministère de la Fonction publique qui s’est dédouané. Le ministre de la Fonction publique sortant et l’actuel directeur général de la Fonction publique ont répondu à mon avocat. Ils ont mis la responsabilité sur le ministre d’État en charge de la Justice et sur son administration. À la suite de cela, il y a trois mois, sur cette base, j’ai remis les pieds dans mon ministère avec un huissier. Parce que c’est un traumatisme que j’ai vécu et que je vis encore.

Vous n’avez pourtant pas porté plainte au niveau du tribunal administratif. Qu’attendez-vous en restant dans cette posture alors que vous voulez rentrer dans vos droits ?

La priorité qui est la mienne et celle de mon Conseil, c’est que mes droits soient rétablis. On parle de mon salaire qui est séquestré. La Justice fera, le moment venu, ce qu’il faut parce que j’entends qu’il y ait une suite judiciaire. Mon dossier a été traité au service de la direction générale des Affaires administratives depuis un mois seulement. Et cela fait trois mois que je repars au ministère, pas pour y travailler, mais pour répondre à leur demande de documents afférents à mon dossier. Je l’ai fait. Et j’ai fait le constat que rien n’avait été traité parce que X ou Y fonctionnaire du ministère de la Justice est permissionnaire, empêché pour des décès, etc. Ce qui me pousse à croire qu’il y a une volonté claire de faire en sorte que la régularisation de mes 9 bons de caisse ne se fasse pas. Ce matin (27 mars 2019), j’ai été à mon ministère, le dossier a été bien traité, etc. il a été déposé au cabinet du ministre d’État en charge de la Justice. L’a-t-il signé ? Il est en déplacement. Pour que je puisse entrer en possession de mon salaire, il faut que la Fonction publique débloque le verrou, parce que mon salaire est suspendu. J’ai un poste budgétaire et mon salaire est fait chaque mois. J’ai déjà pris mes bulletins blancs. Il se susurre qu’il y a certains fonctionnaires qui acceptent d’être régularisés au lance-pierre. Si vous avez des arriérés de 4, 6 ou 9 mois comme moi, je ne vois pas comment on peut vous donner un bon de caisse c’est-à-dire un salaire. Comment faites-vous pour régler les dettes que vous avez, pour avoir une vie décente ? Je risque déjà des poursuites judiciaires de la part de ma banque, parce que j’ai un découvert important dû aux arriérés de salaire. Si avant le mardi 2 avril 2019, je ne fais pas la preuve que mon salaire va être versé sans aucune autre interruption, j’aurais des poursuites judiciaires. Je ne sais pas jusqu’où cela peut aller. Mais ce sont là les conséquences collatérales du harcèlement moral que je subis.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Fayo dit :

    Ali Akbar Onanga a fait subir beaucoup de gabonais. C’est rien ce que cette dame vit à côté d’autres qui n’ont pas la même force de se battre comme elle. Les fonctionnaires vicieux ont profité de l’opération d’Ali Akbar Onanga pour régler des comptes ou montrer leurs sorcelleries. Ce qui est déplorable ce que personne ne va payer pour des actes répréhensibles. Une culture d’impunité du Système Bongo responsable du vice et de ma médiocrité de l’administration gabonaise. Les fonctionnaires responsable de cette injustice devrait être viré pour que les gens comprenne qu’ils sont payé3pour servir n’importe couleur de gabonais.

  2. Axelle MBALLA dit :

    Cette méthode des ressortissants du Haut-Ogooué est pathologique chez eux! Excusez-moi..je ne fais pas de la stigmatisation. J’ai enquêté sur le sort d’un ancien directeur à la Caisse de Stabilisation et Péréquation que dirigeait un certain Mathias OTOUNGA OSSIBADJIO qui s’acharna sur son ancien collaborateur de Directeur à qui il piqua une femme, puis lui coupa le salaire en deux, sans jamais le lui verser. Plus de douze ans après, le pauvre infortuné n’est jamais rentré dans ses droits. Et des » comme ça »…Il y en a partout dans les administrations juteuses que les parents ont « fabriquées » au Gabon pour eux? Tout comme dans les corps d’armées, les seuls refuges que BONGO père créa pour eux en transformant la province du Haut-Ogooué comme la seule province au monde à concentrer autant des généraux « d’opérette » à la ronde…Avec une incompétence mécanique légendaire que n’envierait jamais un petit caporal d’une armée la plus aguerrie.. J’espère que la jeunesse de cette province fera des efforts de s’adapter au changement. Car l’histoire créée par ces kleptocrates du Haut-Ogooué a détruit le Gabon…profondément!
    Mais ces vérités ne font pas de moi quelqu’un de haineux. Mes plus enfants je les ai eux avec une belle femme d’Okondja…Qui aime bien, châtie bien!

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