Avec le Programme Graine dont Ali Bongo procède au lancement officiel dans le Woleu-Ntem, avec le Projet de développement agricole et rural (PDAR), soutenu par le Fonds international de développement agricole (FIDA), une nouvelle politique agricole plus dynamique et plus incisive est en train d’être mise en place dans le pays. Le Projet de développement et d’investissement agricole au Gabon (Prodiag), piloté par l’Institut gabonais d’appui au développement (IGAD), constitue un des maillons forts de cette nouvelle stratégie.

Vue aérienne du périmètre de l’IGAG au PK8 de Libreville. © igad-gabon.com

Vue aérienne du périmètre de l’IGAG au PK8 de Libreville. © igad-gabon.com

 

Financé par le gouvernement gabonais, avec l’appui de l’Agence française de développement (AFD), le Prodiag, qui a pris la suite du Projet d’appui au développement de l’agriculture périurbaine (Padap), s’est donné pour objectif, sur la période 2011-2016, de structurer le secteur agricole ‘‘afin d’en faire un moteur de développement de l’économie gabonaise’’.

Ce projet est présent dans plusieurs provinces du pays, et notamment dans l’Estuaire, la Ngounié et la Nyanga, dont de nombreux sites sont régulièrement évalués par les responsables de l’IGAD. Le Prodiag a plusieurs champs d’intervention, dont la production vivrière, maraîchère, le petit élevage et la transformation agro-alimentaire. L’IGAD a aussi mis en place ‘‘un dispositif de conseil en gestion d’exploitation et de suivi technico-économique. Il mène également, à travers le Prodiag, des activités d’appui aux exploitants indépendants’’.

Il intervient en fait essentiellement pour amener les petits exploitants à une commercialisation accrue de leurs produits.

Préparation des planches lors d’une formation en maraîchage. © igad-gabon.com

Préparation des planches lors d’une formation en maraîchage. © igad-gabon.com

 

Agro-écologie et agriculture itinérante sur brûlis, quelle différence ?

Basée sur un système de production itinérante de défriche-brûlis, l’agriculture gabonaise est longtemps restée une activité de subsistance et d’autoconsommation.

Cependant, depuis quelques années, on assiste à un développement des zones de production en périphérie des centres urbains et le long des principaux axes routiers, tournées essentiellement vers la commercialisation. Pour ces nouveaux producteurs, il est nécessaire de proposer des solutions de remplacement au système traditionnel encore largement pratiqué, qui permettent de fixer cette agriculture périurbaine, de préserver l’environnement et d’obtenir des résultats économiques, ainsi que l’efficience d’un travail qui soit concurrentiel d’une activité salariale.

Pour répondre à cette problématique, l’IGAD chargé de la mise en œuvre du Projet de Développement et d’Investissement Agricole (PRODIAG) promeut une agriculture basée sur des systèmes sédentaires intégrant une gestion durable de la ressource sol.

Les solutions techniques s’appuient sur la prise en compte des contraintes particulières de cette agriculture traditionnelle tant au niveau des systèmes maraîcher que vivrier.

Contraintes du système traditionnel

Pour le maraîchage, les principales contraintes du système sont la pénibilité du travail pour le labour et le sarclage (coût de main-d’œuvre important), la pénibilité de l’arrosage et rareté de la ressource en eau en saison sèche, l’infestation par des adventices difficiles à détruire, la forte pression du complexe parasitaire, la dégradation des sols par raclage de la surface pour le contrôle des adventices, et le coût élevé des intrants.

Pour le vivrier, les contraintes sont constituées par le temps des travaux importants pour l’ouverture des parcelles surtout en zone forestière et l’entretien des cultures (sarclage), la dégradation rapide de la fertilité du sol et augmentation de l’enherbement (disparition de la matière organique, érosion…), la perte du capital forestier aboutissant à une savanisation et du capital sol par acidification, l’utilisation abusive des pesticides et herbicides entrainant d’importants risques pour la santé des consommateurs, la pression foncière élevée à proximité des centres urbains réduisant la durée des jachères, le système prédateur de l’environnement (libération de carbone dans l’atmosphère par le brûlis, minéralisation très rapide de la matière organique) et l’itinérance permanente des agriculteurs d’année en année.

Formation des équipes à la technique de semi sur couvert végétal. © igad-gabon.com

Formation des équipes à la technique de semi sur couvert végétal. © igad-gabon.com

Les systèmes préconisés et leurs atouts

Les solutions proposées permettent donc de sédentariser les agriculteurs par une production durable et à moindre coût, en reproduisant le fonctionnement de l’écosystème forestier sans perte de nutriments, à partir du fonctionnement du système Sol – Cultures en circuit fermé. En production maraîchère, il s’agit d’un apport permanent de matière organique d’origine animale (fiente de poules, bouse de vache…) et/ou végétale (paille) à chaque cycle de culture,couplé d’une rotation culturale respectant les normes agronomiques. En production vivrière, il s’agit de la pratique des Systèmes de culture sur Couverture Végétale (SCV) dont les trois (3) principes de base sont les suivants : limitation de travail du sol, couverture permanente du sol par la biomasse végétale (morte ou vive), semis direct à travers la couverture.

Le respect de ces règles de base permet de mettre en jeu les mécanismes suivants : une augmentation de la capacité de rétention en eau, la diminution de l’évaporation, les effets d’ombrage et d’allélopathie limitant les adventices, le système racinaire profond faisant remonter les éléments nutritifs lessivés, l’augmentation de la macro et micro faune accroissant ainsi la digestion biologique et la porosité biologique et la limitation du passage des éléments nutritifs par la phase sol.

On distingue plusieurs types de SCV. Mais celui préconisé par l’IGAD dans le cadre du PRODIAG qui s’applique aux cultures de cycle long et de cycle court est le système de couverture en bandes alternées juxtaposant les bandes mortes aux bandes vives de Brachariaruziziensis.

La majorité des producteurs ayant pour activité principalel’agriculture, il leur est conseillé en première année de mettre en place les cultures principales et d’installer la plante de couverture à la campagne suivante afind’assurer un retour rapide sur la même parcelle et garantir ainsi la pérennité de l’activité sur plusieurs années.

Les bandes mortes portent les cultures principales, tandis que les bandes vives sont exploitées en Brachariaruziziensis pour gérer les adventices, alimenter les bandes mortes en émondes (paille), tout en augmentant d’année en année le taux de matière organique dans le sol, gage d’une gestion de sa fertilité.

A chaque fin du cycle de la culture principale, il est procédé à une alternance des bandes tout en gardant le sol couvert, ce qui permet à l’agriculteur d’exploiter le même terrain durant plusieurs années consécutives sans l’épuiser.

Aucun site de l’IGAD n’est abandonné, que ce soit à Tchibanga ou à Mourindi. Et dans la Ngounié, ‘‘158 exploitants ont été aménagés au profit de 228 jeunes exploitants. Elles englobent l’élevage des poules pondeuses, les activités de maraîchage, la transformation du manioc ou les cultures vivrières’’. L’IGAD qui s’apprête à célébrer son vingt-troisième anniversaire, prend ainsi toute sa part dans la dynamisation actuelle de la politique agricole du pays, conformément au Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE).

Toutes ces mesures visent à l’accroissement de la contribution du secteur agricole au PIB national et à l’augmentation de la part des produits locaux dans l’assiette du consommateur gabonais.

 

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire