Réalisée par deux chercheurs britanniques, une vaste étude révèle que les antibiotiques contaminent la plupart des fleuves du monde, atteignant des concentrations jusqu’à 300 fois supérieures au niveau sécurisé. Les fleuves d’Afrique et d’Asie sont les plus contaminés.

Les antibiotiques contaminent la plupart des fleuves du monde. © D.R

 

Des scientifiques de l’université d’York au Royaume-Uni ont examiné l’eau de rivières traversant soixante-douze pays, à la recherche d’antibiotiques fréquemment utilisés. Les résultats de cette étude alertent sur la dangerosité de ces substances naturelles ou synthétiques qui, pourtant, ont sauvé des dizaines de millions de vies en détruisant ou en bloquant la croissance des bactéries. Le professeur Alistair Boxall et le docteur John Wilkinson de l’Université de York, parlent d’un «problème mondial», lié à la gestion des déchets et le traitement des eaux usées.

Dans cette étude, les scientifiques ont recherché 14 antibiotiques couramment utilisés dans 72 pays et ont trouvé des antibiotiques dans 65% des sites les plus emblématiques surveillés. Notamment, le Chao Phraya, le Danube, le Mékong, la Seine, la Tamise, le Tibre et le Tigre. Ces concentrations en antibiotiques trouvées dans certaines des rivières du monde sont 300 fois supérieurs aux «risques de sécurité».

Les rivières les plus polluées se trouvent au Kenya, au Ghana, au Nigeria, au Pakistan ou encore au Bangladesh. Cependant, le problème n’épargne ni l’Europe ni l’Amérique, deux continents qui présentent également des cours d’eau contaminés. «Les sites à haut risque se trouvent généralement à proximité de décharges de déchets ou d’égouts. La surconsommation humaine et vétérinaire expliquerait ce phénomène, car le corps ne métabolise pas toutes les molécules ingérées et en rejette une partie par l’intermédiaire des excréments», indique l’étude.

Les résultats de l’étude démontrent que les antibiotiques les plus répandus dans les rivières sont : le triméthoprime, le métronidazole, la ciproflaxacine. «Les résultats sont révélateurs et inquiétants, car ils démontrent la contamination généralisée des systèmes fluviaux avec des composés antibiotiques. De nombreux scientifiques et décideurs reconnaissent maintenant le rôle de l’environnement naturel dans le problème de la résistance aux antimicrobiens. Nos données montrent que la contamination par les antibiotiques des rivières pourrait être un facteur important», a déclaré le professeur Alistair Boxall, relevant que la résolution du problème «posera un défi colossal et nécessitera des investissements dans des infrastructures de traitement des déchets et des eaux usées, une réglementation plus stricte et l’assainissement de sites déjà contaminés».

En effet, selon l’Organisation des Nations unies, l’augmentation de bactéries résistantes est une urgence sanitaire mondiale qui pourrait tuer 10 millions de personnes d’ici 2050.

 
GR
 

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