Avec des chiffres officiels faisant état de 92,96 % des suffrages exprimés et d’un taux de participation de 72,44 %, le référendum constitutionnel du 25 octobre dernier au Congo-Brazzaville est un modèle de déni de démocratie et d’usage de la violence tant les observateurs s’accordent à dire le contraire du gouvernement.

Partisans du «Oui» au referendum de Denis Sassou Nguesso. © D.R.

Partisans du «Oui» au referendum de Denis Sassou Nguesso. © D.R.

 

Bien que contesté, le référendum devant valider le projet de nouvelle constitution permettant à Denis Sassou-Nguesso de se représenter en 2016 a finalement eu lieu. Les électeurs appelés à se prononcer sur ce projet de texte ne se sont pourtant pas bousculés pour voter. Notre confrère Le Monde raconte : «Le temps semble long pour Colombe Bondi. Assise depuis 6 heures sur une chaise en bois inconfortable dans la salle exiguë du jardin d’enfants Prosper M’bala transformé en bureau de vote, elle attend. Deux policiers assoupis dans la cour viennent, de temps à temps, la taquiner. Sur un vieux tableau noir, la jeune femme a soigneusement écrit à la craie le nombre d’inscrits sur les listes électorales, 764, et le nombre de votes, un seul. Il est 13 heures dans l’un des 19 bureaux de vote de Bacongo, un quartier populaire du sud de Brazzaville».

Les Etats-Unis avaient demandé le «report» du scrutin. L’Union européenne avait, quant à elle, estimé que «les conditions actuelles ne permettaient pas un scrutin libre et transparent». Au final, le vote a eu lieu et le oui l’a emporté avec 92,96 % de suffrages exprimés. Du moins, selon le ministre congolais de l’Intérieur, relayé par LeMonde.fr. «Le texte de nouvelle Constitution [entrerait] en vigueur dès sa promulgation par le président de la République», a ajouté Raymond Mboulou.

Malgré le refus de l’opposition de prendre part à ce référendum, le taux de participation officiel est de 72,44 %. Pour l’opposition, il s’agit là d’une « tricherie» et de «fraude». «Lorsqu’on a vu ce qu’on a vu le jour du vote, annoncer un taux de participation de plus de 72 %, c’est extrêmement scandaleux», a déclaré Clément Miérassa, l’un des chefs des deux principales plateformes hostiles au référendum. Ce sont des résultats tripatouillés», rapporte encore LeMonde.fr.

Le référendum constitutionnel tant souhaité par le président congolais lui permet de briguer un mandat supplémentaire à la tête de son pays. La nouvelle Constitution fait, en effet, sauter les deux verrous lui interdisant de briguer un troisième mandat présidentiel en 2016. Il s’agit de la limitation d’âge et celle du nombre des mandats. Denis Sassou Nguesso a dirigé le Congo de 1979 à 1992. Par la force des armes, il est revenu au pouvoir en 1997, au terme d’une guerre civile meurtrière et barbare. Il cumule à ce jour plus de 31 ans à la tête de son pays.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. mourou tabe dit :

    Score à la soviétique dirait quelqu’un. C’est normal, avec toutes les casseroles qu’il traîne, quitter le pouvoir serait un suicide. L’opposition congolaise a cru que la »communauté internationale » allait l’aider à empêcher la tenue de cette farce électorale, mais rien n’a été fait. Mieux le gouvernement français a même légitimé cette consultation électorale. Avertissement à tous ceux qui croient que c’est l’extérieur qui va faciliter le départ des dictatures des pouvoirs en Afrique francophone.

  2. Le vrai Gabonais dit :

    Que faut-il faire face au machiavélisme inouï et assourdissant de certains dictateurs africain ? Et bien il n’y pas deux solutions, si ce n’est renverser les abonnés du malin par des coups d’état.

  3. NGOUALA dit :

    J’apprends, en écoutant Rfi, en lisant Le Monde.fr, et regardant France24, j’oublie forcement d’autres médias occidentaux versés dans l’intox, que le journalisme a perdu une forte dose d’objectivité, l’un des piliers de son fondement. Comment peut-on expliquer que dans une ville de 9 arrondissement comme Brazzaville, l’exemple censé illustrer l’abstention ne soit pris qu’à Bacongo, u quartier perturbé par des opposants qui ont mis dans la rue des jeunes garçons pour casser et piller au nom de la démocratie. Le Monde et ses complices ne connaissent pas Poto-Poto, Ouénzé et même à Madobou, où les gens se sont déplacés en masse pour aller voter. Quelle presse d’intox!

    • Ciel dit :

      Pourquoi les congolais doivent supporter Sassou Nguesso? il ‘y a pas un autre même de son parti qui puissent dirigé ce pays!!
      c’est une honte lorsqu’on pense ou veuille faire croire qu’on va supporté quelqu’un plus de 30 ans, c’est un déni de la réalité.

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