Présenté au patronat, le projet du Code du travail révisé suscite des interrogations chez les partenaires sociaux. C’est le cas de la Confédération syndicale du Gabon (Cosyga), qui aurait voulu avoir plus de temps pour analyser le nouvel outil.

Philippe Djoula s’exprimant, le 19 août 2019. © Gabonreview

 

S’il semble avoir séduit le patronat, le projet du Code du travail n’a pas suscité le même enthousiasme auprès des partenaires sociaux. Ces derniers regrettent ne pas avoir disposé de plus de temps pour examiner le nouvel outil. Un sentiment exprimé par la Confédération syndicale du Gabon (Cosyga), le 19 août à Libreville, lors de la présentation du projet du Code du travail revisité.

«Dès réception du projet du Code révisé, la Cosyga s’est mise au travail en mettant 8 commissions. Nos suggestions et amendements sont déposés auprès du gouvernement», a affirmé le secrétaire général de la Cosyga. «Toutefois, ce Code du travail mérite quand même, compte tenu du temps qui nous est imparti, que le gouvernement accorde un temps aux partenaires sociaux pour apporter des réponses, des analyses très érudites», a ajouté Philippe Djoula.

Pour lui, si la réforme a été engagée depuis plusieurs années, elle est passée entre les mains de plusieurs acteurs. D’où la nécessité d’accorder du temps aux nouveaux acteurs. «Les acteurs ne sont pas les mêmes, la compréhension de ce Code n’est pas aussi la même», a-t-il dit. Selon Philippe Djoula, les partenaires sociaux ont besoin de plus de temps d’autant plus que, estime-t-il, la difficulté après ce genre d’initiative, c’est la mise à disposition des partenaires sociaux des textes d’application.

Ces textes, dit-il, permettraient aux travailleurs d’avoir une lecture et une compréhension plus aisées du Code. «C’est le manque de texte d’application du Code de 94 qui a rendu difficile l’applicabilité des dispositions contenues», a-t-il déclaré s’interrogeant tout aussi sur le poids des centrales syndicales. Selon lui, en dehors d’un arrêté laissé par Christiane Bitoughat, ancien ministre du Travail, aucun texte ne réglemente «les centrales syndicales». Ce qui serait à l’origine de certaines dissonances entre partenaires sociaux. «Donc il faut nécessairement avoir une élection sociale pour que désormais le gouvernement et les employeurs discutent avec les syndicats qui représentent les salariés de manière à ce qu’ensemble nous puissions rendre un travail fini», a-t-il considéré.

«Il s’agit ici du Code du travail qui va engager non seulement la vie de nos jeunes, mais également des travailleurs actuels et des nouveaux travailleurs», a-t-il articulé. Alors que le ministère du Travail parle de flexibilité et de souplesse pour le Code révisé, Philippe Djoula s’interroge en osant la comparaison avec le Code de 1994. «À quel niveau le Code de 94 n’a-t-il pas de flexibilité ? À quel niveau ce Code manque-t-il de souplesse ? Que disent nos employeurs si jamais nous acceptons ce qu’ils ont proposé ? À mon humble avis, on ne pourra pas s’accorder en deux jours. Il s’agit quand même d’un Code du travail», a-t-il demandé.

Ce dernier a afin attiré l’attention sur le format de travaux du 19 et 20 août. «Est-ce la consultation, la présentation ou alors nous ouvrons la négociation sur le Code du travail ? Ce n’est pas très clair dans la correspondance de madame la ministre», a conclu soutenu le leader syndical. Qu’à cela ne tienne, la ministre du Travail a promis tout mettre en œuvre pour que les différentes parties ne se sentent pas lésées.

«Nous allons tout faire pour que tout le monde se retrouve en ayant une démarche pédagogique de compréhension et d’appropriation par toutes les parties. Je suis assez optimiste quant au fait que cette réforme sera bien perçue par le public. Aussi bien les travailleurs que les employeurs», a déclaré Madeleine Berre.

 
GR
 

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