Amorcée en février 2018, le redressement judiciaire de Satram entrevoit le bout du tunnel. La société est cependant confrontée à de «mauvaises volontés», l’ayant notamment dépossédé de deux milliards de francs CFA. Président directeur général de Satram, Mustapha Aziz revient avec Gabonreview sur les contours de cette affaire et ces conséquences sur la société.

Le Dr Mustapha Aziz, président directeur général de Satram. © D.R.

 

Gabonreview : Satram a récemment été dépossédée de deux milliards de francs CFA au profit de l’Etat gabonais. Comment l’expliquer ?

Mustapha Aziz : C’est une grotesque manigance qui a été organisée avec le conseiller juridique de la société que j’ai, moi-même, nommé et qui est en même temps l’huissier de l’entreprise. Cette manigance de deux milliards de francs CFA au profit de l’Etat gabonais a été montée sous des justifications illogiques… Parce que la société Satram n’a jamais opéré dans la logistique intégrée au compte de l’Etat ; elle a toujours entièrement opéré pour le privé. Donc il n’y a pas de raison de déposséder la société sous des motifs relatifs aux fêtes tournantes ou autres parce qu’ils n’existent pas.

Ce transfert de deux milliards n’a jamais été accepté ni par moi, ni par les personnes que j’ai nommées pour diriger la société, à savoir le directeur général. Donc, c’est un détournement au profit de quelqu’un avec qui on n’a rien à faire. On n’a de compte à rendre à personne, et, spécialement on n’a pas de responsabilité vis-à-vis de celui qui a donné l’ordre de détourner cet argent dont la société a besoin pour son propre personnel. Je ne vois pas les raisons d’un un tel détournement a été fait.

Quelle raison l’Etat a-t-il évoqué en rapport avec les chantiers des fêtes tournantes ?

D’abord, ce n’est pas Satram, mais EGCA. Et c’est un problème à régler avec l’ancien directeur général d’EGCA qui a été dépourvu de tout pouvoir depuis trois ou quatre ans avant son emprisonnement. Nous n’avons jamais reconnu ce genre d’opération qui rentre dans le cadre de l’opération mains propres lancée par Ali Bongo. Nous voyons en cela encore une opération poudre aux yeux qui vise à cacher quelque chose liée à cette libération, soi-disant médicale, de l’ancien directeur général d’EGCA. D’ailleurs, nous avons porté plainte à ce sujet et bientôt de nouveaux dossiers seront mis à jour à cause de ce genre de manipulations.

Le Dr Mustapha Aziz, président directeur général de Satram. © D.R

Et si l’huissier de justice avait été l’objet d’intimidation ?

Certainement était-il sous le coup d’intimidations. Ils continuent à intimider les gens dans un cadre complètement absurde. Nous attirons à cet effet l’attention des autorités publiques. Nous n’avons rien à cacher à personne, et certainement pas à l’Etat. Parce que c’est nous qui défendons le processus social actuellement mis en place par nous. Nous avons accepté toutes les mesures de justice et nous respectons la justice gabonaise et les décisions du tribunal de Port-Gentil qui, d’ailleurs, fait tout ce qu’il faut pour résoudre les problèmes sociaux de cette ville industrielle, qui est la première ville économique du pays.

Nous nous félicitions de la démarche de la justice. Mais quant à déposséder la société de deux milliards sous des loupettes, c’est de la responsabilité de cet huissier de justice que j’ai nommé pour des raisons de simplifications de la procédure en vue de sauver la société d’un certain nombre de problèmes juridiques. Il n’avait aucun droit, ni lui, ni le syndic de la société, de signer pour quiconque sans le consentement des propriétaires de la société que je représente et qui sont des marocains en premier rang.

Peut-être faudra-t-il communiquer pour rassurer les travailleurs, certainement inquiets…

Je peux vous assurer que je défends beaucoup plus les intérêts des employés que ceux des propriétaires de la société, parce que les agents nous ont vraiment montré leur confiance absolue. Je ne peux que me féliciter vivement de l’action du personnel auprès des autorités publiques pour leur signifier que ce qui a été fait ne relève pas de la justice sociale, économique, ni morale… Le fait de vouloir priver les employés et les actionnaires de ces biens ne peut être qualifié que d’irrégulière. Mais nous sommes en train de nous battre pour que cet argent soit reversé à la société qui est en redressement. C’est au moment où le redressement est au bout du tunnel qu’on vient compliquer les choses à la société, aux employés, aux actionnaires, et au tribunal… Je ne crois pas que c’était la bonne chose à faire en ce moment. Et, ce genre de manigances est un frein aux bonnes relations de coopérations maroco-gabonaises, tout comme elles sont vues d’un mauvais œil par le roi Mohamed VI et le peuple marocain.

Quid de l’avenir de Satram ?

Le personnel et nous sommes dans le même bateau. Mais dès que les choses vont s’arranger et que les gens arrêteront de nous mettre les bâtons dans les roues, nous sommes disposés à faire avancer encore la société et à trouver les fonds nécessaires pour satisfaire toutes les revendications.

 
GR
 

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