L’ayant côtoyé, l’ancienne secrétaire particulière d’Omar Bongo Ondimba, partage son impression de l’ancien ministre de l’Intérieur français et pilier des réseaux interlopes et mafieux de la Françafrique. L’intégralité de l’entretien avec Sébastien Németh de Radio France international.

Laure Olga Gondjout. © D.R

Laure Olga Gondjout. © D.R

 

RFI : Comment avez-vous connu Charles Pasqua ?

Laure Gondjout : J’ai connu à l’époque où je travaillais au cabinet du président, Omar Bongo Ondimba. C’était des amis : ils étaient très complices tous les deux. Charles Pasqua dont je salue la mémoire était un africaniste. Il a pu constituer entièrement la coopération franco-africaine. Ce que j’ai surtout admiré en lui, c’était son courage politique et sa fidélité en amitié.

Comment était-il reçu ?

Le président le recevait à chaque fois. C’était très chaleureux, très fraternel. Je peux même dire que le ministre d’État Charles Pasqua se présentait comme un Batéké de France. C’est lui-même qui se faisait appeler ainsi, pour montrer la proximité qu’il avait avec le président Omar Bongo Ondimba.

Il paraît que Charles Pasqua était même surnommé, le coffre des plateaux Batéké qui est la région d’origine d’Omar Bongo, qu’en pensez-vous ?

C’est la première fois que j’entends cela. Et quand j’entends coffre, cela renvoie à une connotation péjorative. Moi je retiens de lui, l’image d’un monsieur avec beaucoup de hauteur d’esprit, très franc. Mais coffre non. Il a aidé. Il a participé au financement de certains projets dans le secteur de l’Éducation nationale, quand il était au ministère de l’Intérieur. Il a aidé nos forces de sécurité. Il a contribué à sa manière au renforcement des relations partenariales Gabon-France. C’était une personnalité très accessible. C’est l’une des rares personnalités politiques françaises dont nous avions des numéros de téléphone à domicile et que nous pouvions appeler à tout moment pour décanter éventuellement des situations.

Pour quelle situation par exemple ?

Je suis encore tenue par l’obligation de réserve.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de sa mort ?

J’ai été touchée. J’ai appelé des amis communs pour m’assurer de cette nouvelle. J’avoue que je suis encore peinée, même si je parlais encore de lui avec des amis, il n’y a pas longtemps. Je savais qu’il n’était pas très bien portant. Je crois qu’il avait mal vécu la disparition de son fils. Aujourd’hui je salue la mémoire de cette illustre personnalité politique française. Je souhaite des condoléances à sa famille, notamment à son petit-fils.

On le surnommait, Pasqua l’Africain, pourquoi était-il si bien perçu sur le continent ?

Il avait le sens paysan de l’amitié, très direct, très franc, pas de paternalisme. Il savait nous parler comme des frères. Il y avait un respect mutuel avec lui.

Est-ce que Charles Pasqua continuait ses visites entre 88 et 93, lorsqu’il n’était plus ministre ?

Pas souvent, mais il est resté en contact téléphonique et autre avec nous. Ou, quand le président Bongo se déplaçait pour Paris, ils se voyaient

Charles Pasqua a été mis en cause dans de multiples affaires de malversations en lien parfois avec le Gabon. Qu’en pensez-vous ?

Vous savez, quand on occupe une fonction aussi prestigieuse que la sienne, il faut s’attendre à ce que ceux qui ne parviennent pas à vous atteindre à une certaine hauteur, vous attaquent de la sorte. J’étais triste d’entendre ça.

Lorsque vous travaillez avec le président Bongo, vous n’avez jamais eu connaissance de ces malversations ?

Non. Je peux dire qu’il a été accusé de corruption et autre. En ce qui me concerne, ce n’est pas comme ça que nous le percevions. Je crois que cela relève plutôt de la politique franco-française. Mais en ce qui nous concerne nous au Gabon, non.

En 2011, l’avocat Robert Bourgi affirmait avoir servi d’intermédiaire pour des transferts d’argent entre des présidents africains dont Omar Bongo et la France. Est-ce que Charles Pasqua était l’un des bénéficiaires de ces sommes ?

Je me demande même, si monsieur Pasqua rencontrait encore Robert Bourgi. Mais je peux vous dire que depuis 1997, je ne pense pas qu’ils se rencontraient. Donc en ce qui concerne cette assertion, moi je m’inscris en faux.

Autre assertion, ce sont ses liens avec Michel Tomi, propriétaire du PMU Gabon et du Casino à Libreville.

Oui c’est vrai c’étaient des amis. Je confirme.

Pourtant Laure Gondjout, Michel Tomi est lui aussi accusé de malversation en lien avec l’Afrique

On attend que les preuves soient fournies. Monsieur Tomi a investi en Afrique. Il a créé des entreprises. Certainement que sa présence a dû susciter ou déranger. Mais concernant cette affaire, attendons ce que dira la justice française.

Est-ce que c’est vrai que Charles Pasqua a mis en relation Omar Bongo et Nicolas Sarkozy ?

Je ne répondrai pas à cette question, mais je peux dire que les trois étaient des amis.

Qui pourrait être l’héritier de Charles Pasqua aujourd’hui dans la relation franco-gabonaise ?

C’est difficile de m’exprimer sur ce sujet. Je pourrai me tromper en citant de noms. Il n’y a pas eu de renouvèlement du personnel politique à ce niveau-là, qui puisse servir d’intermédiaire. Un nom me vient en esprit, s’il faut le citer, je dirai Nicolas Sarkozy, mais je crois qu’il est suffisamment occupé avec son mouvement politique et républicain. C’est vrai qu’il aura un vide difficile à combler. Mais évidemment la nature a horreur du vide, certains pourront tenter de combler cela, mais est-ce que ce sera avec la même dextérité ? Je n’en sais rien.

 

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Iboundji dit :

    Hergé est mort avant mais certains écrivent pour lui Tintin au Gabon. Lorsqu’il s’agit d’Afrique en général du Gabon en particulier tout le monde a le droit de s’affubler ne n’importe quel surnom : « l’Africain, le Téké ». Qu’est ce qu’un pilleur notoire plusieurs fois condamné (qui n’a échappé à la prison qu’en mentant comme son maître Chirac qu’il est malade) dans son pays et à l’étranger à avoir avec les Tékés ? Dans ce cas les Bongo qui rendent tant de services à la France ou à la Corse (et meme au Maroc,Liban etc..) souvent à leur détriment devrait être qualifié de dictateur français /corse/marocain etc. Quand à Mme Gondjout elle peut s’abstenir de confirmer des contre vérités dire que Sarkosy est l’exemple dans les relations avec l’Afrique pendant que cet olibrius est venu on ne sait sur quelle base insulter l’homme Noir et tout le continent Africain dans son discours de Dakar (26 Juillet 2007)pendant que ce continent l’a injustement nourri avant pendant et après son mandat.Pour les 3 c’est l’hospice qui se moque de la charité ouste !!!!

  2. J3ff dit :

    Après les lois Pasqua,de nombreux africains qui étaient en situation regulière en france se sont retrouvés avec un statut qui ne leur permettait plus de renouveler leur titre séjour.leurs vies ont basculées,leurs rêves brisés,avant de se voir embarquer dans des chartères sous surveillance policière comme des malfaiteurs que l’on extrade.
    avant ces lois,les gabonais n’avaient pas besoin de titre de séjour sur le sol français . . .
    CHAQUE CHOSE A UNE FIN . »…après la mort vient le jugement… » CHARLES PASQUA LE TEMPS POUR TOI DE PASSER A LA CAISSE EST ARRIVE. YAHWEH ALMIGHTY VA TE DIRE CE QUE TU DOIS PAYER .
    LE TOUR DU JOE DALTON DE NEUILLY SUIVRA(sous sarko tu te faisais controler dans la rue par des policiers en civile sans avoir commis une infraction,juste par la seule couleur de ta peau qui faisait de toi un sans papiers potentiel.pour des passants tu étais peut être un repris de justice). . .

  3. l'homme dit :

    « Charles Pasqua se présentait comme un Batéké de France »
    quelle énormité, se homme n’était là que pour servir les intérêts de la France.
    BATEKE de France mon œil!
    et puis,
    au Cameroun il disait être DOUALA,
    au congo un LARY,
    en rdc un BALOUBA
    en cote d’ivoire un BETE
    et et et et et et quoi encore
    pitié mon gabon

  4. Meradie ndossi dit :

    Di parler de bien de quelqu’un et dire les vérités transforme en langue de bois, alors la, je capte pas.

  5. imagine56 dit :

    Laure Gondjout était un agent au service de la France, je n’ai pas été surprise par ses réponses.
    J’ai cru même percevoir un sentiment de fierté à travers ses réponses comme pour dire « je ne suis pas morte, j’ai un carnet d’adresses, la preuve, RFI m’a joint pour parler du maitre de la franceafrique »

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