Convaincu de ce qu’une réforme de l’université africaine est nécessaire, alors que le chômage des jeunes s’accentue dans plusieurs pays du continent, Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD), a jugé, hier en Corée du sud, que «dans sa forme actuelle, l’université africaine est une usine à fabriquer des chômeurs».

Akinwumi Adesina, le président de la BAD. © D.R.

 

Akinwumi Adesina en est convaincu : «Ce ne sont pas les matières premières qui permettront à l’Afrique de se développer. Ce sera plutôt l’industrialisation du continent. Et pour réussir cette industrialisation, l’Afrique a besoin de ressources humaines de qualité.»

Prononcé, lundi 22 mai, à l’ouverture des 53e Assemblées annuelles de la BAD, à Busan en Corée du sud, le plaidoyer du président de cette institution bancaire était plutôt critique à l’encontre du modèle d’enseignement dans les universités africaines. L’université africaine, a-t-il jugé, ne colle plus aux réalités du moment, et est loin de répondre au projet d’industrialisation du continent. Pour le patron de la BAD, «dans sa forme actuelle, l’université africaine est une usine à fabriquer des chômeurs».

Convaincu de ce qu’une réforme de l’université africaine est désormais plus que nécessaire, Akinwumi Adesina a exhorté les dirigeants du continent à «sortir d’une université africaine qui forme des chômeurs pour aller vers des institutions universitaires d’où sortent des cadres avec des profils en adéquation avec les besoins de nos économies». Il en va de la victoire des pays sur la pauvreté, alors que «l’effondrement récent des cours des matières premières a mis en évidence la vulnérabilité des économies africaines (qui) a surtout aggravé la pauvreté sur le continent».

Pour le président de la BAD, «l’avenir de l’Afrique passe par une industrialisation accélérée. Une industrialisation qui passe nécessairement par des cadres bien formés». Et si la Corée a été choisie pour abriter du 21 au 25 mai ces 53e Assemblées annuelles de la Banque, c’est que Akinwumi Adesina se la présente comme un modèle, dont il convient de s’inspirer. A l’image des autres continents, à l’instar de l’Asie, le président de la BAD a donc invité les dirigeants du continent à «faire de l’Afrique un hub mondial du savoir». «Nous avons besoin que notre continent réussisse la 4e révolution industrielle. Ce qui suppose que nous investissions dans les hautes technologies, dans l’intelligence artificielle ainsi que l’informatique de pointe», a-t-il expliqué.

Souhaitant contribuer à l’industrialisation de l’Afrique, la BAD s’est engagée ce même 21 mai à Busan à investir 35 milliards de dollars dans les dix prochaines années afin de permettre au continent de répondre à l’arrivée d’environ 580 millions de jeunes Africains sur le marché de l’emploi d’ici à 2050. Pour Akinwumi Adesina, l’industrialisation de l’Afrique «n’est pas un choix, c’est notre seule voie de salut».

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Gabomama dit :

    Au Gabon c’est normal on tue la vocation scientifique et technologique pour remplir des têtes remplis de théories littéraires pour ne produire que le pédétantisme comme celui de qui sert de produit d’échange dans la prostitution politique comme vient nous montrer l’ancien RNSiste Meboon Ondo.

    • MegnerMvong dit :

      Ce paradigme est effrité pour ne pas dire obsolète. Imaginez que le Gabon produise 1000 ingénieurs par an comment cela engrangerait-il ce que nous avons le à mal à désigner  »développement »

      La production littéraire n’a même pas atteint le millionième de son seuil critique pour parler de saturation.Une société développée c’est une complexité des ressources humaines multisectorielles dont la combinaison des passions,des rythmes fonde la musique de sa dynamique.

  2. diogene dit :

    Le rôle d’une université n’est pas de fabriquer les futurs esclaves des grandes sociétés politico-financières, mais de former des esprits libres.
    Sur le modèle étasuniens d’université privée aux frais d`écolage excessifs ( les étudiant(e)s se livrent à la prostitution pour payer leurs études et autres trafiques, les pauvres des ghettos étant exclus), la BAD (mauvais en anglais) veut des érudits aux ordres d’une société mercantile, anti sociale (contre toutes les formes d’amélioration sociale),qui sacrifie au Dieu Argent, pardon Money car dans ces milieux, seuls les mots anglais sont autorisés.
    Les dictatures ont encore de belles années devant elles grâce aux conseils pervers de la BAD, du FMI,de la BID etc…

  3. Koumbanou dit :

    Enfin , un dirigeant d’une organisation africaine qui parle vrai, qui ne flatte pas les imbéciles. La seule solution de survie est le travail, utiliser les intelligences au mieux , faire du qualitatif plutôt que du quantitatif.
    N’en déplaise à Diogène, l’Université a pour but de former les cadres de demain pour le plus grand profit de toute la nation. La belle affaire « d’avoir l’esprit libre » quand le ventre est vide ! @Diogene manque cruellement de maturité.

  4. Nader Imani dit :

    Les Universités africaines ne sont pas d’un sort diffèrent que celles du reste du monde. Les universités doivent former en fonction des la demande des secteurs économique présentes, ou plus tôt ne pas former pour des secteurs économiques non-existants ou offrir un enseignement purement théorique. L’université doit chercher à adapter continuellement son programme de formation en fiction du besoin des acteurs économiques. Le dégrée de la réussite des études universitaires professionnelles se définie par la satisfaction des employeurs de la qualité et la productivité des jeunes diplômés.

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