Braquages, corruption et trafic transfrontalier : la chute d’un «Roi Béni» au Gabon

La police judiciaire (PJ) a réalisé, ce mercredi 13 août, un coup de filet majeur, en démantelant un réseau de gangsters dirigé par Ted Willy Alimbi Ognalagha, alias «Le Roi Béni». Spécialisé dans les braquages ciblant les résidences de hautes personnalités de la République gabonaise, ce gang œuvrait dans un contexte mêlant corruption, complicités parmi les agents des forces de l’ordre et de défense et criminalité transfrontalière, rapporte le quotidien L’Union.

Ted Willy Alimbi Ognalagha, alias «Le Roi Béni», pendant ses moments de gloire. © D.R.
L’enquête a mis en lumière un système organisé et sophistiqué, qui persévérait grâce à des complicités à plusieurs niveaux, ce qui explique la dangerosité, selon les sources, et la longévité de ce groupe. Dans ce contexte où les nouvelles autorités mènent le combat contre les maux minant la société gabonaise, les arrestations de ce mercredi 13 août ont été rendues possibles grâce aux révélations de Jerry Mouelé, un lieutenant du réseau arrêté une semaine plus tôt.
Ce dernier, rapporte L’Union, a décrit en détail la mécanique interne du gang. Il a évoqué des recrues venues du Cameroun, hébergées dans des hôtels de luxe à Libreville avant chaque opération ; des armes fournies par un militaire complice, frère de Jerry Mouele ; l’utilisation de technologies avancées pour déjouer les systèmes de vidéosurveillance ; et l’emploi d’une potion toxique permettant de neutraliser les chiens de garde.
Parmi les cibles de ces attaques : Ali Bongo Ondimba et Maixent Accrombessi

Le Roi Béni et quelques présumés membres de son gang après leur interpellation.© Gabonreview/Capture d’écran
On indique de même que des complicités à l’intérieur des forces de sécurité gabonaises facilitaient l’accès aux résidences ciblées. De ce fait, parmi les cibles de ces attaques figuraient des personnalités emblématiques, comme Ali Bongo Ondimba, ancien président déchu, et Maixent Accrombessi, son ancien directeur de cabinet.
Après chaque braquage, explique notre source, certains membres prenaient la fuite vers le Cameroun, exploitant les failles des frontières pour échapper à la justice gabonaise. La police, après plusieurs mois de surveillances et de traques minutieuses, est finalement parvenue à agir au moment opportun, empêchant notamment une tentative d’évasion organisée par «Le Roi Béni» depuis la Turquie, qui avait envoyé argent et billet d’avion à Jerry Mouelé.
Malgré ses dénégations sur certaines accusations, Ted Willy Alimbi Ognalagha a reconnu une implication indirecte dans les braquages. Lui et ses complices seront prochainement présentés devant le parquet de la République pour répondre de leurs actes. Ce démantèlement met en lumière les liens étroits entre criminalité organisée, corruption au Gabon, ainsi que les défis importants que pose la sécurité dans le pays et aux frontières.

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