Un vol ciblé, des zones d’ombre et un faisceau de symboles inquiétants : le récent cambriolage survenu dans les bureaux d’Alexandre Barro Chambrier met à nu des failles de sécurité inquiétantes au cœur même du pouvoir gabonais.

On ne cambriole pas un vice-président ; on envoie un message. © D.R.

 

Survenu dans la nuit du mercredi au jeudi 26 juin 2025, un fait d’apparence anodine pourrait bien prendre les contours d’un acte politique grave. Le bureau du vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, figure centrale du pouvoir gabonais, a été cambriolé. Selon plusieurs sources internes concordantes, un iMac Apple aurait été emporté : celui du maître des lieux. Aucun argent liquide ne manquait, parce qu’il n’y en avait pas ; détail que les démentis officieux ont rapidement tenu à préciser.

Ce n’est pas la première fois que les serrures de ces bureaux situés dans un immeuble pourtant sous haute surveillance ont été forcées. Une tentative d’intrusion s’était déjà produite six jours auparavant. Cette fois, les caméras du couloir étaient inopérantes. Quant à celle proche du bureau du directeur de cabinet, elle n’a enregistré que les allées et venues ordinaires de la veille. Les serrures ont été méthodiquement démontées, deux baies vitrées – censées ne s’ouvrir que de l’intérieur – étaient grandes ouvertes, et la cage d’ascenseur sur le toit semble avoir été utilisée comme point d’accès.

Que cherchait-on, sinon des informations ? Et surtout : qui ?

L’affaire soulève une série d’interrogations embarrassantes pour le pouvoir. Car le contenu de l’ordinateur disparu n’a rien d’anodin. Barro Chambrier n’est pas un cadre ordinaire. Son parcours – du Fonds Monétaire International à la Banque Mondiale, de l’Union africaine aux couloirs feutrés de la diplomatie sino-africaine – en fait un homme au cœur des équilibres économiques du pays. Ajoutez à cela ses connexions familiales avec les cercles présidentiels du Congo-Brazzaville et ses liens d’influence en Côte d’Ivoire, et vous obtenez une cible de choix.

Vol opportuniste ou acte délibéré ? Message d’intimidation ou opération de renseignement ? Dans une administration en pleine mutation, où la redéfinition des hiérarchies internes s’opère dans l’ombre, cette effraction fait figure d’alerte rouge.

Elle pose surtout, avec brutalité, la question de la vulnérabilité des institutions républicaines. Comment un bâtiment surveillé par vingt agents mixtes (police, gendarmerie, armée) a-t-il pu être ainsi contourné ? La réponse, pour l’heure, se dérobe. Mais une chose est sûre : on ne force pas la porte d’un homme comme Barro Chambrier par hasard.

L’événement aura certainement des répercussions profondes en termes de confiance. Il dit quelque chose de l’époque : incertitude, rivalités, luttes d’influence. Dans cette République en recomposition, même les serrures parlent.

 
GR
 

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