Le paysage énergétique gabonais vient de franchir une étape décisive avec la finalisation de la vente des actifs non opérés de Tullow Oil à la société publique Gabon Oil Company (GOC) pour un montant de 307 millions de dollars. Cette transaction marque la fin de plus de 21 ans de présence de la compagnie britannique au Gabon et illustre une transformation stratégique dans la gestion des ressources pétrolières du pays.

Après avoir obtenu le prolongement de ses licences jusqu’en 2046, Tullow Oil cède tous ses actifs au Gabon à la GOC. © D.R.

 

C’est l’épilogue d’une transaction aux multiples enjeux. Tullow Oil a cédé à la GOC 100 % des actions de sa filiale locale, Tullow Oil Gabon S.A., qui détenait ses participations non opérées dans le pays. L’annonce de la finalisation du deal à 180 milliards de francs CFA a été faite le 29 juillet 2025. La production transférée par la compagnie britannique est estimée à environ 10 000 barils par jour en 2025. Le produit de la vente, dit-on, servira à rembourser la facilité de crédit renouvelable de 150 millions de dollars et à réduire la dette nette de Tullow, qui invoque un recentrage stratégique.

Cette cession, soutient l’opérateur, s’inscrit dans une politique de recentrage géographique sur ses actifs opérés au Ghana et en Côte d’Ivoire, où il prévoit une nouvelle campagne de forage sur les champs Jubilee et TEN. Aussi, ses objectifs sont-ils clairs en 2025 : optimiser la production, réduire les coûts et garantir la maturation des ressources vers des réserves prouvées. Tullow dit également viser une stratégie panafricaine axée sur la rentabilité et la responsabilité environnementale.

La GOC un acteur national en pleine ascension

Depuis sa création en 2011, Gabon Oil Company s’est imposée comme un pilier du secteur pétrolier gabonais. L’acquisition des actifs de Tullow s’inscrit dans une stratégie d’expansion ambitieuse, soutenue par des financements internationaux comme celui de Gunvor Middle East. La société publique voit son portefeuille renforcé après avoir déjà acquis les actifs d’Assala Energy en 2024, élargissant ainsi son contrôle sur sept licences terrestres et des infrastructures clés.

Son PDG, Marcellin Simba Ngabi, présentera les ambitions de la compagnie lors de l’Africa Energy Week 2025 prévue du 29 septembre au 3 octobre à Cape Town, en Afrique du Sud. Il s’agira notamment pour lui de mettre en avant une production ciblée de 220 000 barils par jour.

Une dynamique continentale saluée par l’AEC

La Chambre africaine de l’énergie (AEC) voit dans cette transaction un signal fort de la montée en puissance des compagnies pétrolières nationales africaines (CPN). «Les entreprises africaines assument davantage de responsabilités et prouvent leur capacité à gérer des opérations en amont complexes», souligne NJ Ayuk, président exécutif de l’AEC.

L’AEC considère en effet cette évolution comme une opportunité pour des partenariats équilibrés entre acteurs locaux et internationaux, favorisant le développement durable du secteur et garantissant un avenir énergétique africain plus souverain

Pour l’AEC, cette transaction illustre une tendance croissante : les États africains cherchent à reprendre le contrôle de leurs ressources et à valoriser leur expertise locale. Le Gabon, à travers la GOC, affirme sa volonté de devenir un acteur central du secteur pétrolier régional.

Alors que les majors internationales réévaluent leur présence sur le continent, les compagnies nationales comme GOC redéfinissent les règles du jeu, portées par une vision stratégique, des partenariats ciblés et une ambition affirmée.

 

 
GR
 

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