Il crache le feu sur les faux pasteurs, piétine les dogmes importés et brandit les ancêtres comme des armes de vérité. Bienvenue Nziengui Ntoutoume, alias Chocolat des Filles, est l’agitateur spirituel que l’Afrique n’attendait pas mais que nul ne peut ignorer. À la fois prophète rebelle, accusateur implacable et tribun médiatique, il dynamite l’ordre religieux établi et impose sa voix brutale comme un coup de tonnerre dans la chrétienté africaine.

Bienvenue Nziengui Ntoutoume, alias Chocolat des Filles, accuse les pasteurs d’avoir transformé la foi en marché et les fidèles en capital. © GabonReview (capture d’écran)

 

Il est arrivé comme une gifle dans le paysage religieux gabonais. Bienvenue Nziengui Ntoutoume, alias Le Chocolat des Filles, est de ces personnages qui ne se contentent pas de parler : ils dérangent, ils renversent, ils font vaciller des certitudes millénaires. Derrière son surnom mystérieux, ce trublion spirituel s’impose aujourd’hui comme l’une des voix les plus controversées d’Afrique francophone, à la croisée des chemins entre activisme, mémoire ancestrale et rébellion culturelle.

Un pseudonyme qui n’est pas une coquetterie

On aurait pu croire à un sobriquet de séducteur. Erreur. Chocolat des Filles tire son nom du manguier sauvage des forêts gabonaises, dont le fruit, cueilli par les femmes, donne l’«odika», chocolat indigène des foyers traditionnels. Tout un symbole : un arbre qui nourrit, qui relie, qui sacralise. En le portant en étendard, l’activiste rappelle que l’identité africaine se puise dans ses racines, et non dans les catéchismes importés.

Derrière le tribun flamboyant se cache un enseignant. Né le 30 octobre 1982, celui que nombreux, dont Gabon 24, appellent Dr. Bienvenue Nziengui Ntoutoume, serait enseignant-chercheur de formation. Il puise donc dans son métier de pédagogue la force de ses démonstrations publiques et de ses «cours» virtuels qui claquent comme des leçons de vérité. Spécialiste de l’orientation scolaire, il a fondé une structure privée pour guider les nouveaux bacheliers gabonais dans leurs choix post-bac. Cette rigueur académique, mêlée à la fougue du militant, fait de lui un orateur unique : il ne prêche pas, il enseigne en dynamitant les certitudes. On lui reproche néanmoins d’être de plus en plu injurieux, usant assez souvent d’un langage ordurier envers ses adversaires pasteurs.

Dix-neuf ans durant, il a prié, chanté, offert dîmes et offrandes dans les Églises «éveillées». Puis il a ouvert les yeux. «J’ai vu comment des pasteurs transformaient la foi en business et la pauvreté des fidèles en capital», répète-t-il. Sa colère est sans filtre : villas somptueuses, bolides de luxe, voyages fastueux… Il accuse certains leaders religieux d’avoir prostitué le divin pour bâtir des empires financiers. Mais il va plus loin encore : il les accuse d’aliéner les consciences, de faire croire à leurs fidèles qu’ils ne valent rien sans l’approbation de leur pasteur.

La croisade d’un agitateur devenu incontournable

Là où d’autres se taisent, lui hurle. Il rejette frontalement le discours qui qualifie les rites traditionnels de «sorcellerie». Pour lui, cette rhétorique est une colonisation religieuse moderne. Son credo ? La réafricanisation spirituelle. Dans un continent peuplé de 700 millions de chrétiens, dont 200 millions francophones, il appelle à un sursaut : retrouver le chemin des ancêtres, revendiquer la dignité des cultes africains, réinstaller les dieux et esprits traditionnels au cœur de la cité.

Ses mots claquent comme des coups de fouet. Ses passages à la télévision, au Gabon comme au Cameroun, électrisent les plateaux et les réseaux sociaux. Sa dernière tournée à Yaoundé, où il a été reçu par des députés, le ministère de la Communication et même l’ambassade du Gabon, l’a consacré comme un phénomène régional. Ses détracteurs le disent blasphémateur, ses partisans le voient en prophète de la libération culturelle. Mais une chose est sûre : Chocolat des Filles n’est pas un bruit de fond, c’est une onde de choc.

Qu’on l’adore ou qu’on le maudisse, il force à choisir son camp. Dans l’Afrique des contradictions, il s’impose comme une voix brutale, insoumise, flamboyante – celle d’un homme qui ose rappeler que l’avenir ne se bâtit pas seulement avec les Évangiles importés, mais aussi avec la mémoire brûlante des ancêtres.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire