En réplique au désaveu présidentiel du ministère de l’Intérieur, Alain-Claude Bilie-By-Nzé renvoie Brice Clotaire Oligui Nguema à ses propres prérogatives constitutionnelles. Pour l’ancien Premier ministre, la controverse sur les listes électorales ne saurait être dissociée de la responsabilité directe du chef de l’État, désormais sommé d’assumer ce qu’il dénonce.

Pour Bilie-By-Nze, Oligui Nguema ne peut désavouer son ministre sans se désavouer lui-même. © D.R.

 

La controverse née de la publication des listes de candidatures pour les législatives et locales de septembre continue de secouer la scène politique gabonaise. Après l’intervention ferme du président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a désavoué publiquement son ministère de l’Intérieur, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et chef du parti Ensemble Pour le Gabon (EPG), a répliqué avec virulence.

Dans un message publié sur X (ex-Twitter), le leader d’opposition a ironisé : «Quelqu’un pourrait-il expliquer à l’auteur de ce post que la Constitution adoptée en novembre 2024 fait du Président de la République le chef du gouvernement et que, de ce fait, le ministre de l’Intérieur agit sous son autorité directe ?»

Un rappel juridique lourd de sens

Par cette sortie, Bilie-By-Nze pointe ce qu’il considère comme une contradiction flagrante : le chef de l’État, en désavouant son propre ministre, tenterait de se soustraire à une responsabilité que la Constitution lui attribue explicitement. En rappelant que le président est le chef direct du gouvernement, il souligne que les manquements reprochés au ministère de l’Intérieur ne sauraient être dissociés de la responsabilité suprême du chef de l’État.

Ce rappel n’est pas anodin. Déjà fragilisée par le rejet massif de ses dossiers de candidature, l’opposition cherche à transformer la crise en preuve d’un dysfonctionnement structurel. Bilie-By-Nze, qui accuse le pouvoir d’«exclusion orchestrée», tente d’utiliser les propres mots du président pour démontrer que la verticalité du pouvoir, instaurée par la Constitution de 2024, implique un devoir d’assumer pleinement les actes gouvernementaux.

Une bataille de légitimité

Cet échange illustre l’intensité de la bataille politique qui s’engage autour des scrutins de septembre. D’un côté, un président soucieux de préserver son image réformatrice, en affichant une exigence de transparence. De l’autre, une opposition qui voit dans cette posture un «paradoxe institutionnel», sinon une manœuvre visant à sauver la façade démocratique sans corriger les déséquilibres de fond.

En dénonçant ce qu’il qualifie implicitement de fuite en responsabilité, Bilie-By-Nze ne se contente pas de contester le processus électoral : il installe le doute sur la sincérité même de l’engagement démocratique du chef de l’État. Une réplique qui durcit encore un climat préélectoral déjà chargé de suspicion et de méfiance.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Ainsi soit il. Amen.

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