Création du parti d’Oligui Nguema : Michel Ongoundou Loundah craint un retour masqué au parti unique

Alors que le président de la République a annoncé la création de son propre parti politique, Michel Ongoundou Loundah, président d’une des tendances du parti Réagir, y voit une dérive inquiétante. Pour lui, cette initiative, combinée à une nouvelle loi restrictive sur les partis politiques, rappelle les mécanismes ayant conduit à la fin du pluralisme dans les années 1960.

Michel Ongoundou Loundah redoute un retour au monopartisme. © GabonReview
La création annoncée du parti politique que portera le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, continue de susciter des réactions dans le paysage politique national. Parmi les plus critiques, Michel Ongoundou Loundah, le président d’une des tendances du parti Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir), y voit un dangereux précédent. L’homme politique établit un parallèle historique avec un moment clé de l’histoire politique du Gabon : la fondation du Parti démocratique gabonais (PDG) en 1968, peu après l’accession au pouvoir du président Omar Bongo Ondimba.
«Le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé lui-même la création de son propre parti politique. En même temps, son gouvernement propose une nouvelle loi sur les partis politiques tellement restrictive qu’elle rendra presque impossible l’existence ou la création d’autres partis», a déclaré Michel Ongoundou Loundah. «Cette coïncidence, si on peut appeler ça ainsi, est vraiment troublante. Quant à la stratégie, elle est très limpide», a-t-il commenté. À ses yeux, cette dynamique s’accompagne d’un rétrécissement manifeste de l’espace démocratique, notamment à travers une législation électorale qu’il juge de plus en plus contraignante.
Dérive assumée ?
«Les conditions d’établissement, voire même la simple existence des partis politiques, sont désormais restreintes de manière drastique», a-t-il regretté. «Parallèlement, on assiste calmement à la mise en place d’un grand parti présidentiel destiné à attirer les anciens membres, recycler les transhumants et récupérer les transfuges, tout en affaiblissant inévitablement ce qui subsiste de l’opposition», déplore-t-il. Pour le président de Réagir, l’ensemble de ces éléments constitue une alerte : le pluralisme politique, déjà mis à mal selon lui, risque d’être réduit à une simple façade.
«Nous nous dirigeons donc vers une situation déjà expérimentée, dans laquelle le président de la République cumule les fonctions de chef de l’État, chef du gouvernement, chef de la majorité et, semble-t-il, chef de l’opposition», regrette-t-il encore, non sans une pointe d’ironie. Michel Ongoundou Loundah, commercial de formation, ancien journaliste et directeur de publication du journal satirique La Griffe, figurait parmi les candidats disqualifiés à la présidentielle du 12 avril dernier, son dossier ayant été jugé incomplet. Il continue d’exprimer ses positions critiques à travers une chronique hebdomadaire dans laquelle il analyse la gouvernance du pays depuis le début de la transition.

0 commentaire
Soyez le premier à commenter.