Dans sa Note de conjoncture 2025, la Banque mondiale salue une reprise modeste de l’économie gabonaise, tout en alertant sur la soutenabilité budgétaire et la faible transformation des ressources naturelles en richesses durables.

Dans sa Note de conjoncture 2025, la Banque mondiale salue une reprise modeste de l’économie gabonaise. © D.R.

 

La Banque mondiale vient de publier, ce 26 juin 2025, sa nouvelle Note de conjoncture économique du Gabon, document annuel de référence sur l’état de santé de l’économie nationale. Si la croissance s’est établie à 2,9 % en 2024, portée par le rebond du secteur pétrolier et les travaux publics, les défis structurels du pays restent préoccupants.

« Le gouvernement nouvellement élu du Gabon vise une voie de développement plus inclusive et orientée vers la croissance. Cependant, le pays doit naviguer avec prudence dans les complexités d’un environnement commercial mondial imprévisible », a déclaré Aissatou Diallo, représentante résidente de la Banque mondiale pour le Gabon et la Guinée équatoriale.

L’étude note que malgré cette embellie économique, près de 34,6 % des Gabonais vivent toujours dans la pauvreté, conséquence directe d’un tissu économique peu diversifié et d’un marché de l’emploi atone. L’inflation, en baisse, n’a pas suffi à alléger les conditions de vie des ménages.

En parallèle, la situation budgétaire s’est dégradée, sous l’effet combiné d’une baisse des recettes pétrolières et d’une hausse des dépenses publiques. Cette dynamique met à rude épreuve les finances de l’État, tout en creusant les risques de surendettement.

Une richesse nationale en hausse, mais mal distribuée

Le rapport met en lumière une donnée structurante : la richesse totale du Gabon a atteint 105 milliards de dollars en 2020, soit une hausse de 35 % depuis 1995. Toutefois, cette progression masque un constat plus inquiétant : la richesse par habitant a chuté de 34,7 % sur la même période.

« Les réformes en matière de gouvernance et du climat des affaires pourraient être utilisées pour inverser la baisse de la richesse par habitant », affirme Sonia Barbara Ondo Ndong, co-auteure du rapport.

Ce paradoxe pose la question de la capacité du Gabon à transformer ses ressources naturelles notamment forestières en actifs économiques productifs et partagés.

Valoriser les écosystèmes pour une croissance durable

L’un des points saillants du rapport est la valorisation des services écosystémiques fournis par les forêts gabonaises. Ces derniers ont presque doublé entre 2000 et 2020, atteignant 75,1 milliards de dollars, dont 99 % proviennent de la rétention du carbone. Pourtant, le pays n’est pas suffisamment compensé à l’échelle mondiale pour ce rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique.

« Le Gabon peut tirer parti des services fournis par les écosystèmes forestiers pour générer une croissance plus forte et pour stimuler la création d’emplois », estime Erick Tjong, co-auteur du rapport.

Le document appelle à une révision des mécanismes de compensation carbone à l’échelle internationale, afin de permettre au Gabon de tirer des bénéfices tangibles de ses efforts de conservation.

La Banque mondiale insiste sur la nécessité de réformes structurelles ambitieuses, en matière de gouvernance économique, d’amélioration du climat des affaires et de diversification des sources de croissance. L’économie verte, l’écotourisme, la transformation locale du bois et des produits agricoles, sont autant de leviers identifiés pour créer des emplois et enrichir durablement la population.

 
GR
 

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