Déguerpissement : chute de «l’Himalaya» et de «Les Retrouvailles» de l’échangeur de Nzeng-Ayong

Zone très fréquentée, autrefois carrefour animé et vital pour l’activité économique des populations résidants dans ce quartier, Nzeng-Ayong, localité du 6e arrondissement de Libreville, subit ces dernières quarante-huit heures la destruction des constructions anarchiques et de fortune à l’échangeur éponyme. Depuis le 31 juillet, l’équipement de la ville a commencé à raser tous les édifices où figurait auparavant l’inscription « à démolir sans délai ».

Le bulldozer de mairie en plein action à l’Echangeur de Nzeng-Ayong, le 1er août 2025. © GabonReview
Jusqu’à hier, jeudi 31 juillet 2025, malgré les inscriptions et marquages de l’hôtel de ville de Libreville, prévenant de l’imminence de la casse des constructions anarchiques empiétant sur le domaine communal, certains riverains n’en ont fait qu’à leur tête. Campant sur leurs positions et refusant de quitter les lieux, ils ont été contraints à s’en aller par les engins commis par la mairie centrale pour lutter contre le désordre urbain, l’insalubrité, l’occupation anarchique du domaine public.
Dans ce contexte de réappropriation de l’espace urbain public, après les casses récentes dans le PK 11, c’est ainsi le tour des bars, bistrots, boutiques, petits commerces à la sauvette et quelques habitations sur le monticule et sur le bas-côté de l’ancien feu tricolore de Nzeng-Ayong, qui sont passés à la trappe. Une situation qui affecte profondément la vie des habitants et commerçants du quartier. Cependant, «ils ne pourront pas dire qu’ils n’avaient pas été informés».
Des récalcitrants

© GabonReview
Avant cette opération, les agents de l’hôtel de ville avaient mené des missions de sensibilisation afin d’informer les occupants de la nécessité de déguerpir. Il s’en est suivi des inscriptions «à démolir dans 72 heures» sur les constructions. Dans le même sillage, le premier magistrat de la ville, Adrien Nguema Mba, a effectué des descentes sur le terrain pour informer les populations et les sensibiliser sur l’utilité de cette opération. «Mais, il y a eu des récalcitrants», reconnaît un commerçant exerçant auparavant dans la zone, ajoutant : «pourtant, ils sont informés depuis plus de deux semaines et, en plus c’est bien précisé à démolir sous 72 heures»
Un autre usager de la route s’étonne, quant à lui, du fait que, pendant que les occupants du côté donnant sur Nkembo étaient en train de récupérer ce qu’ils pouvaient sauver de leur bâtisse, de l’autre côté, menant dans Nzeng-Ayong, «certains s’efforçaient à mieux aménager et à embellir leur commerce». «La tête dure…, à la limite, c’est un affront aux autorités en charge de cette opération qui ne se déroule pas que dans Nzeng-Ayong», a-t-il fait remarquer.
Ce qui est certain, c’est que les engins sont sur le terrain et broient, avec la plus ferme des énergies, tout ce qu’ils croisent sur le passage. Si l’opération inquiète notamment ceux qui perdent leurs habitations, pour les citoyens lambda, elle est plutôt salutaire. «Cet endroit était déjà trop marqué par des désordres, notamment par des bagarres, des agressions, des vols, des braquages… Il y avait déjà trop de problèmes d’urbanisme et d’insécurité ici à cause de la promiscuité, des bars et autres petits commerces», a relevé un usager de la route, félicitant la constance de la municipalité centrale.
La situation nécessite une approche à la fois humaine, sociale et technique
Pour certains, «les opérations de déguerpissement dans la zone ont accentué le malaise social». «Dans le cadre du chantier de réhabilitation du canal pluvial de Nzeng-Ayong, plusieurs bâtiments et commerces, lieux de vie et de convivialité emblématiques, ont été démolis. Aujourd’hui encore, on se retrouve avec ce genre de situation», a dénoncé un riverain. On peut donc lire frustration et colère. Ce d’autant plus que les habitants dénoncent «un mépris social et une exclusion déguisée sous le masque de la modernisation urbaine».
Derrière cette opération, indiquent certains, la flambée des loyers et la saturation du marché locatif qui s’en suivent aggravent la précarité des familles expulsées.
Quoi qu’il en soit, les casses du feu rouge de Nzeng-Ayong illustrent un ensemble de problèmes entremêlés d’insécurité, d’urbanisme maladroit, de conflits sociaux et de négligence infrastructurelle qui pèsent lourdement sur ce quartier emblématique de Libreville. Et les populations estiment que «la situation nécessite une approche à la fois humaine, sociale et technique pour restaurer à la fois la sécurité, la convivialité et la qualité de vie des habitants».

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