Aux premières heures de la destruction des habitations situées sur les «domaines réservés de l’État», l’incompréhension, le désarroi et la tristesse ont entouré cette opération entrant dans le cadre «du vaste programme de modernisation de la capitale gabonaise». En réaction, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre, Ludovic Megne Ndong, était l’invité de l’émission «le Plateau spécial» de Gabon Première du  juin dernier. Dans cette programmation, il s’est évertué à démontrer la transparence du processus, à rassurer les populations et à justifier la méthode employée.

Ludovic Megne Ndong sur Gabon Première, le 8 juin 2025. © GabonReview/Capture d’écran

 

Sur «le Plateau spécial» de Gabon Première, le 8 juin 2025, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre, Ludovic Megne Ndong, s’est longuement exprimé sur ce que les populations et les victimes de l’opération de déguerpissement et de démolition dans les quartiers Plaine-Orety, Derrière les Ambassades de Chine et de Russie, entrevoient comme des injustices, voire de la déshumanisation. Il était donc l’invité de cette programmation présentée par Dave Moubelé Pendi et Pélagie Mboui Owono-Mba afin de répondre et d’apporter des précisions sur ce dossier brulant de l’heure.

Des zones de relogement avaient été attribuées aux impactés

D’entrée de jeu, le membre du gouvernement s’est voulu rassurant. Il a insisté sur la transparence du processus, commençant par la lecture d’un texte présentant quelques éléments d’appréciation de cette opération de déguerpissement. On apprend donc de Ludovic Megne Ndong que «depuis plusieurs décennies, l’État a identifié la zone de la vallée Sainte-Marie, notamment le quartier Plaine-Orety, au lieu dit Derrière l’Assemblée nationale comme une zone devant abriter les projets structurants de l’État pour l’intérêt public». 

En conséquence, explique-t-il, cela a permis, entre autres, la construction du palais Léon abritant l’Assemblée nationale et de la Maison George Raweri, en 2018. «Il avait été décidé de réserver la zone située derrière l’Assemblée, derrière l’ambassade de la Russie, pour la construction d’autres représentations diplomatiques», a-t-il indiqué, ajoutant qu’à cet effet, les différents gouvernements qui se sont succédé, avant la libération du Gabon, le 30 août 2023, avaient procédé au recensement du cadre bâti, à l’évaluation des constructions impactées et à l’indemnisation des populations concernées.

«Ainsi, détaille-t-il, deux titres fonciers avaient été créés sur cette zone. L’un au nom de la République gabonaise et l’autre au nom de la Caisse de dépôts et consignation (CDC). En plus des indemnisations financières intervenues notamment au courant l’année 1991, des zones de relogement avaient été attribuées aux impactés, telles que le site d’Alenakiri, dans la commune d’Ovendo».

Installés sans accord préalable de l’administration

Ludovic Megne Ndong interviewé par Dave Moubelé Pendi et Pélagie Mboui Owono-Mba, le 8 juin 2025, sur Gabon Première. GabonReview/Capture d’écran

Il fait observer que «certaines personnes se sont installées dans les zones de relogement prévues», tandis que «d’autres, après avoir perçu leurs indemnisations, sont restés sur les lieux et ont même procédé aux travaux d’agrandissement de leur bâtisse». «D’autres encore, après avoir perçu leur indemnisation, ont revendu leur bien sans avoir informé les acquéreurs de la situation foncière réelle du site», a expliqué Ludovic Megne, soulignant que plusieurs personnes, au fil du temps, se sont installées sans accord préalable de l’administration.

Ce qui lui fait dénoncer le phénomène de squatterisation, non sans indiquer que «le gouvernement de la transition, dans sa vision de développer le pays, a décidé de mettre en œuvre les projets de construction de la cité administrative et du boulevard de la transition». 

Le chef de Département ministériel chargé de l’Habitat insiste sur les actions qui ont été menées par le ministère du Logement, de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre. Il invoque un décret portant déclaration d’utilité publique, validé en Conseil interministériel en janvier 2024 et promulgué en février 2024. «Ce décret précise que le délai pendant lequel l’expropriation devrait être réalisée est d’un mois, au regard de l’urgence de l’opération, article 26 de la loi numéro 6/1 du 10 mai 1961 et le déguerpissement immédiat des occupants, sans titre, pourra être exécuté dès la publication de ce décret», a-t-il rappelé, s’appuyant sur des saisines du tribunal, des ordonnances, etc.

Le gouvernement affirme «avoir suivi les procédures en vigueur

Ludovic Megne Ndong estime qu’au regard de ce qui précède, le gouvernement affirme et réaffirme «avoir suivi les procédures en vigueur en République gabonaise». Toutefois, il fait savoir qu’«il y a justement des populations qui ont usé de la ruse, peut-être pour davantage s’enraciner sur ce site appelé derrière le canal».

Pour justifier ce qui se fait actuellement, il relève que «Libreville a été conçue de façon anarchique à la sortie de la colonisation». «Aujourd’hui, nous allons vers ce que j’appelle le processus de mégapolisation», a-t-il déclaré dans l’émission, alors qu’une bonne partie des déguerpis assure n’avoir jamais été indemnisée. Or, le ministre a plutôt indiqué que l’indemnisation a commencé depuis les années Omar Bongo. Ce qui lui a fait dire qu’«il y a des gens qui ont été indemnisés à l’époque». 

«Certains anciens propriétaires ont revendu les terrains à d’autres sans prévenir qu’il y avait des projets de l’État», a-t-il dit, estimant n’avoir rien à cacher et se dit prêt à publier la liste des indemnisés, il assure que l’État s’occupera de tous ceux qui ont des titres fonciers.

Pendant ce temps, l’objectif du nouvel Exécutif est de structurer Libreville, à travers un plan directeur, en la dotant des infrastructures modernes et d’un meilleur aménagement. On parle alors de «bâtir une Libreville durable, fonctionnelle et attractive».

 

 
GR
 

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  1. […] son côté, le site d’actualités Gabon Review rapporte que Ludovic Megne Ndong, représentant du gouvernement, affirme que les procédures ont été […]

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