A la fin de l’administration provisoire à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), plusieurs coupures intempestives ont plongé le Grand Libreville et quelques autres localités du pays dans le noir. Des black-out plombant systématiquement les activités économiques et rendant la vie difficile. Si la population pense à de simples avaries due à la vétusté des équipements ainsi qu’il en a toujours été, le ministre de l’Accès universel à l’Eau et à l’Energie, Philippe Tonangoye, à demi-mots sur le plateau de Gabon Première, laisse entendre que ces délestages seraient des «violences douces». Y aurait-il eu des actes de sabotages ?

Philippe Tonangoye, ministre de l’Accès universel à l’Eau et à l’Energie, lors de son passage à la télévision nationale. © GabonReview

 

Que s’est-il passé ces derniers jours sur le réseau électrique du Grand Libreville et de quelques autres localités du pays ? Y a-t-il eu des actes de sabotages ou autres opérations visant à saper les efforts du gouvernement en matière de fourniture d’eau et d’énergie aux ménages et aux opérateurs économiques ? Ces questions demeurent en suspens même si lors de sa sortie, le 30 mai, sur les antennes de Gabon Première, le ministre de l’Accès universel à l’Eau et à l’Energie, Philippe Tonangoye, laisse entendre que ces avaries pourraient être des actes délibérés.

Un faisceau d’indicateurs techniques et de curieuses coïncidences

Si le chef du département ministériel en charge de l’Eau et de l’Energie ne l’affirme pas fermement, il n’estime pas moins que «ces interruptions sont survenues dans des conditions particulièrement troublantes, affectant la vie quotidienne des populations et perturbant par conséquence l’activité économique». En effet, explique-t-il, «depuis quelques jours, notre pays est confronté à des coupures d’électricité répétées et prolongées dans le Grand Libreville, ainsi que dans plusieurs villes et localités de l’intérieur du pays». Et d’indiquer que «le gouvernement déplore, avec gravité, cette situation ayant causé des black-out quelques heures seulement après la fin de l’administration provisoire de la SEEG».

Philippe Tonangoye assure donc que, depuis le 28 mai dernier, quatre (4) réunions de crise ont été tenues avec la SEEG «aux fins de rechercher les causes techniques les plus pertinentes et les plus parlantes». Le samedi 31 mai, une autre réunion de crise, élargie à l’ensemble des acteurs de la production du secteur de l’énergie a été programmée dont les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques. Le conclave devrait permettre d’identifier les causes profondes de ces dysfonctionnements, déterminer les responsabilités techniques et mettre en place des mesures concrètes pour un rétablissement rapide et durable de ces services essentiels.

Pour le ministre, «à ce stade, un faisceau d’indicateurs techniques et de curieuses coïncidences avec l’annonce de la levée de l’administration provisoire, douze heures avant, a conduit le gouvernement à diligenter une enquête approfondie visant à identifier, à appréhender et à traduire les auteurs devant la justice».

«Aucun acte de nature à compromettre la stabilité et le bien-être des citoyens ne restera impuni»

Là encore, le chef de département ne s’est exprimé qu’en filigrane, évoquant tout de même des «actes qui constituent une atteinte directe aux efforts engagés par le gouvernement pour assurer l’accès à ces services essentiels pour chaque Gabonais». Tonangoye annonce par ailleurs que «des mesures fortes sont prises pour faire face à cette forme de violence douce» et avertit dans le même temps  qu’«aucun acte de nature à compromettre la stabilité et le bien-être des citoyens ne restera impuni».

Sur les réseaux sociaux, la sortie du membre du gouvernement est abondamment raillée. «Vous allez passer votre temps à dire que l’on vous sabote. Et la qualité d’eau, impropre à la consommation que vous nous produisez, c’est aussi un sabotage ? Les quartiers qui n’ont jamais souffert de coupure d’eau depuis la nuit des temps, en souffrent curieusement désormais. Alors, c’est encore un sabotage ?», questionne, hors du champ professionnel, un journaliste en service la chaine nationale.

«Parler de sabotage c’est faire preuve de faiblesse»

L’homme de presse poursuit, indiquant que depuis deux ans le gouvernement insiste sur ces supposés sabotages, sans en apporter des preuves. «J’attends aussi que vous rendez public la liste des saboteurs après enquête pour que j’y crois. Pour ma part parler de sabotage c’est faire preuve de faiblesse. Toujours en train d’accuser, de pointer le doigt chez les autres sans pour autant voir également la qualité de service que vous nous offrez», écrit ce journaliste.

Un point de vue largement corroboré par la grande majorité de la population et des internautes qui ne croient plus au message du gouvernement. De nombreux observateurs évoquent la vétusté des équipements, la faiblesse des investissements dans la production et le transport. «On sait tous que tout ça date de beaucoup d’années. Par exemple ici chez nous, un transformateur disjoncte à chaque fois qu’il y a éclair ou tonnerre. Conséquence, une partie du quartier se retrouve pendant deux à trois jours dans le noir, tandis que d’autres sont dans la lumière. Pourquoi parler de sabotage quand on sait tout ça ?», commente un habitant du 6e arrondissement.

Pour cet habitant de Nzeng-Ayong, sous d’autres cieux la SEEG serait traduit en justice pour le préjudice causé à l’endroit de sa clientèle. «Plusieurs personnes sont négativement impactés par ces délestages qui causent de nombreux dommages, pertes d’appareils, de profits pour les entreprises, de décès et autres dégâts dans les hôpitaux, etc. Il faut agir au lieu de mentir», suggère le quidam.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Shaq Hilaire dit :

    A mon avis, le dossier sera sans suite. Le ministre ne fait qu’une annonce cosmétique.
    Si sabotage y a eu lieu, ce ne sont que ses amis mécontents qui ont agit: entre frater, ils ne se punissent pas tant qu’ils sont encore du même bord politique.
    En tout cas, wait and see.

  2. Mike dit :

    Si nous voulons construire une 5e République! « normale », «Il faut agir au lieu de mentir»!
    De ce point de vue, nous attendons toujours les résultats de l’enquête annoncée tambour battant par l’ex-porte-parole du CTRI suite aux prétendus  »sabotages de la centrale Thermique d’Alenakiri » qui avaient provoqué des délestages plongeant le grand Libreville et quelques villes de l’intérieur du pays dans le noir au mois de février dernier.
    A la fin, annoncer incessamment des enquêtes sans rendu est une « forme de violence douce» qui exaspère les citoyens.

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