Délinquance juvénile : un mineur écope de 14 mois de prison à Port-Gentil, son avocat accuse le père de démission parentale

Le mineur Kevin G. a été condamné à un an, deux mois et dix-huit jours de prison pour vol avec usage d’arme apparente en bande organisée. Le verdict a été rendu le mercredi 18 juin par le Tribunal pour enfants, lors d’une session criminelle tenue à huis clos à la prison centrale de Port-Gentil.

Kevin G. en compagnie de l’un de ses complices cités dans l’affaire. © GabonReview
Le 29 mars 2024, Kevin G. a été placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Port-Gentil pour un vol commis avec une arme apparente. Sa détention préventive a mis en lumière son implication dans quatre autres affaires connexes. Âgé de 16 ans au moment des faits, il a mobilisé le Tribunal pour enfants sur deux jours de procédure, du 17 au 18 juin, devenant la figure centrale de cette session criminelle parmi les jeunes détenus. Au cours de l’audience non publique, les juges ont reconstitué les faits des différents dossiers portés à son encontre. Les infractions se sont étalées sur une période continue et, bien que les victimes soient distinctes, les actes ont été perpétrés dans un même secteur géographique, par le même groupe d’auteurs.
Cités dans d’autres affaires
Parmi eux, deux complices nommés David et Davin, déjà cités dans plusieurs autres dossiers. Le dernier incident remontait au 3 mars 2024, dans le quartier PG1, situé dans le 4e arrondissement de Port-Gentil. Ce jour-là, Diaby Diawara, ressortissant ouest-africain, a été attaqué alors qu’il jetait ses ordures ménagères. Un groupe d’individus armés de couteaux, machettes et ciseaux l’a pris en embuscade. Seul face aux agresseurs, Diawara a été dépouillé de ses téléphones portables et d’une somme d’argent. Sous la menace violente, un des assaillants lui a brisé une bouteille de jus en lui ordonnant de ne pas bouger, sous peine d’être poignardé à la gorge.
Les malfaiteurs ont emporté une sacoche contenant 30 000 francs CFA et les téléphones de la victime, puis ont pris la fuite. Seul Kevin G. a été appréhendé par des riverains et remis à la police. Au cours des séances d’interrogation, Kevin G. a révélé l’existence d’un complice prénommé Ramsès, qu’il accuse d’avoir menacé la victime avec une arme blanche. Le Tribunal, après délibération à huis clos, l’a déclaré coupable du vol avec usage d’arme apparente en bande organisée, estimant qu’il avait agi en pleine connaissance de cause. Il a été condamné à 439 jours de réclusion, soit 14 mois et 18 jours.
Un père pointé du doigt pour démission parentale
Cette peine, loin d’être une simple sanction, est perçue comme une opportunité de réhabilitation pour ce jeune, afin qu’il puisse se réinsérer et se détourner de la voie délinquante, tout en respectant la douleur des victimes. Par ailleurs, le père de Kevin G., quasi absent depuis la naissance de son fils, fait l’objet d’une demande de condamnation pour démission parentale, formulée par Me Dominique Ongonwou, avocat du mineur. Ce phénomène, de plus en plus répandu au Gabon et notamment à Port-Gentil, affecte un grand nombre de jeunes détenus. «Il est facile d’incriminer les enfants pour des vols, mais où étaient les parents pour les encadrer, les orienter, financer leur scolarité ?» s’interroge Me Ongonwou.
«Si les parents étaient tenus responsables pour maltraitance, abandon ou négligence, le nombre de cas à traiter diminuerait considérablement», a-t-elle ajouté. Orphelin de mère depuis 2021, et confronté à un père défaillant, Kevin G. s’est rapidement laissé entraîner dans une spirale de consommation excessive de chanvre indien, d’alcool, de drogues, et d’une sexualité précoce et débridée. Le dispositif de réinsertion sociale prévu par le Code de l’enfant apparaît donc indispensable. Kevin G., qui a déjà bénéficié d’une liberté provisoire, devra prochainement répondre dans un cinquième dossier porté devant le parquet, basé sur les déclarations de ses complices. Sa sortie de prison est programmée pour septembre prochain.

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