Lancé en février 2025 pour une durée de 24 mois, le projet « Dignité en détention », initié par SOS Prisonniers Gabon et Agir ensemble pour les droits humains avec le soutien financier de l’Union européenne, poursuit son déploiement sur fond de défis structurels majeurs. Après quatre mois de mise en œuvre, les premières actions concrètes montrent des résultats encourageants en matière d’accompagnement juridique, de renforcement des capacités et de soutien direct aux détenus, tout en mettant en lumière les lourdeurs persistantes du système carcéral gabonais.

Le président de SOS Prisonniers Gabon, par ailleurs député de la transition, Lionel Ella Ngonga. © D.R.

 

Le lancement du projet « Dignité en détention » s’inscrivait dans un contexte national préoccupant. Les constats dressés ces dernières années notamment par le sous-comité des Nations Unies pour la prévention de la torture dénoncent, en effet, un ensemble d’atteintes graves aux droits humains : recours abusif à la détention préventive, surpopulation carcérale, conditions sanitaires déplorables, impunité des auteurs de violences en milieu carcéral, et lenteur judiciaire chronique.

À cela s’ajoute un manque criant de données chiffrées et fiables sur les réalités vécues au sein des établissements pénitentiaires du pays. Si plusieurs organisations de la société civile œuvrent dans le domaine des droits humains, beaucoup souffrent d’un déficit de financement, de structuration et de coordination, compromettant l’efficacité de leurs interventions.

Des premiers résultats tangibles sur le terrain

Dans ce contexte difficile, les quatre premiers mois du projet, de février à mai 2025, ont permis de poser les bases opérationnelles de l’initiative. SOS Prisonniers Gabon a emménagé dans ses nouveaux locaux dès le mois de mai, et a entamé l’équipement de son dispositif d’action. Le volet « renforcement des capacités » a été inauguré par un atelier de diagnostic institutionnel. Parallèlement, des activités en appui direct aux personnes détenues ont été menées : 27 visites ont été effectuées à la Prison centrale et au Tribunal de Libreville, où 43 dossiers sont actuellement suivis. À l’intérieur du pays, l’action s’étend également : 32 dossiers sont en cours de traitement à Tchibanga, 19 à Makokou et 1 à Franceville.

Grâce à ces interventions, 18 personnes détenues ont pu recouvrer la liberté. Plus de 40 autres ont été orientées à travers la ligne téléphonique dédiée. Des aides ponctuelles ont également été apportées pour l’achat de médicaments ou le paiement de frais de scolarité, illustrant la dimension sociale et humaine du projet.

Prochaines étapes : structuration, coordination et appui matériel

La phase suivante du projet vise à renforcer les capacités structurelles de SOS Prisonniers Gabon. Une stratégie de structuration et un plan d’action sont en cours d’élaboration. Le mois de juillet sera marqué par une action symbolique : la première distribution de matériel dans les établissements pénitentiaires de Libreville, Oyem, Mouila et Port-Gentil est prévue le 18 juillet, à l’occasion de la Journée internationale Nelson Mandela pour les droits des détenus. En août, le projet prévoit également l’organisation d’un premier atelier de concertation réunissant les organisations de la société civile et les acteurs institutionnels du secteur pénitentiaire, afin de renforcer la coordination des efforts.

En dépit des premiers résultats obtenus, « Dignité en détention » évolue dans un environnement juridique et institutionnel encore peu favorable à une réforme en profondeur du système carcéral. Le chemin reste long pour faire du respect des droits fondamentaux des personnes détenues une réalité quotidienne. Mais les avancées enregistrées en quelques mois illustrent la pertinence de l’approche choisie : allier action directe, plaidoyer et renforcement des acteurs engagés. Un pas vers une société plus juste, où la dignité humaine serait préservée en toutes circonstances.

 
GR
 

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