Silencieuse depuis plusieurs mois, l’affaire refait surface avec fracas. Révélée ce 11 juin par Le Monde, la mise en examen de Pascaline Bongo pour «blanchiment de corruption passive par agent public étranger» aurait en réalité été prononcée dès janvier 2025. En jeu : un circuit financier international impliquant une structure offshore à Hong Kong, entre 6 et 6,6 milliards de francs CFA, et le concours présumé de l’ancien avocat-conseil de l’État gabonais, également mis en examen dans le même dossier.

De Hong Kong à Paris, Pascaline Bongo, silhouette d’un clan et cible d’un scandale à 6 milliards de francs CFA. © GabonReview

 

Petit à petit, la machine judiciaire française s’avance sur des terrains jadis intouchables, où se croisent réseaux d’influence, héritages postcoloniaux et intérêts économiques globaux. Pascaline Bongo, longtemps restée en retrait, est aujourd’hui une figure centrale de ce nouvel échiquier.

Une affaire révélée tardivement, mais lancée depuis longtemps

C’est un article du Monde publié ce mardi 11 juin qui a remis sur le devant de la scène une enquête judiciaire française visant Pascaline Bongo, fille aînée d’Omar Bongo et sœur de l’ex-président Ali Bongo Ondimba. Selon le quotidien français, l’ex-directrice de cabinet de son père a été mise en examen en janvier 2025 par les juges d’instruction parisiens Patricia Simon et Virginie Tilmont. Pourtant, cette information n’avait jusque-là jamais été divulguée, révélant ainsi une affaire ayant longtemps dormi à l’abri des regards.

Le Monde évoque une «structure offshore créée à Hongkong dont Pascaline Bongo serait la bénéficiaire», ayant reçu entre 10 et 11 millions de dollars (entre 6 et 6,6 milliards de francs CFA) d’une entreprise chinoise. Des fonds qui, d’après les magistrats, auraient ensuite été redirigés vers ses comptes personnels aux États-Unis, ou vers ceux de ses proches. L’affaire repose sur des documents saisis lors d’une perquisition vieille de près de dix ans, en 2015, dans le cadre d’un autre dossier judiciaire.

Une défense vent debout contre une « mystification judiciaire »

Réagissant à la publication du Monde, l’avocate de Pascaline Bongo, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, a dénoncé un «acharnement dans un dossier bancal, lacunaire et pour des faits dont on ne connaît même pas la date ni les contours». Elle affirme avoir saisi la chambre de l’instruction pour contester la mise en examen, évoquant une enquête sans preuves tangibles, construite sur des flux financiers suspects mais privés de pièces directes accablantes.

L’avocate n’en est pas à sa première critique des procédures visant la famille Bongo. Dans d’autres affaires, elle avait déjà dénoncé ce qu’elle appelait «la mystification d’une enquête» et «l’attractivité judiciaire» dont ferait l’objet ce nom emblématique de la Françafrique. Elle semble aujourd’hui suivre la même ligne : celle d’un procès d’intention, plus que d’un procès de faits.

Un autre acteur clé de cette affaire, bien que resté dans l’ombre, est un avocat gabonais, ancien conseil de l’État gabonais. Lui aussi a été mis en examen pour blanchiment de corruption passive par agent public étranger, selon une source judiciaire citée par Le Monde. Si l’intéressé a refusé de s’exprimer, son rôle précis dans l’affaire n’est pas encore documenté, renforçant le halo d’opacité qui entoure le dossier.

Une procédure sensible aux allures de test diplomatique

Cette affaire survient dans un contexte géopolitique délicat pour la France, alors que le Gabon post-transition tente de redessiner ses alliances. Au-delà des faits eux-mêmes, c’est aussi la persistance de la «justice des biens mal acquis» qui refait surface, avec ses ramifications complexes entre capitaux opaques, États africains et places offshore. Dans cette zone grise, le nom Bongo reste une cible aussi médiatique que juridiquement explosive.

Comme le rappelle Le Monde, Pascaline Bongo est l’un des piliers de l’ancien régime gabonais, au pouvoir pendant près de cinq décennies. Mais c’est peut-être aussi ce poids historique, plus que les preuves, qui semble peser sur le plateau de la justice française.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. messowomekewo dit :

    Toujours mêlés à des histoires de faux, corruption, détournement des fonds publics. Vous pensez que ces gens peuvent vivre sans le pouvoir? ils en ont tellement tiré profit , de façon déraisonnable qu’ils savent très bien ce qu’ils risquent s’ils ne sont pas aux manettes du pays. Donc il faut les avoir à l’œil en permanence, sinon à la moindre inattention de notre part, eux et leurs comparses étrangers vont nous le faire à l’envers.
    A bons entendeurs…

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