Drame de Bécuna : «les intérêts des familles des victimes sont garantis», assure Nguema Nguema

Six mois après la tragédie de la plateforme pétrolière Bécuna ayant coûté la vie à six personnes en mars 2024, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a fait le point devant l’Assemblée nationale sur les mesures prises pour éviter de nouveaux drames. Interrogé par le député Geoffroy Foumboula Libeka Makosso lors de la séance de questions orales du 27 juin, le ministre a détaillé les recommandations impératives formulées à l’issue de l’enquête et rassuré sur l’indemnisation des familles des victimes, tout en reconnaissant que «le risque zéro n’existe pas» dans l’industrie pétrolière.

Le ministre du Pétrole et du Gaz face aux députés de l’Assemblée nationale, le 37 juin 2025. © D.R.
La séance plénière de l’Assemblée nationale, du 27 juin, consacrée aux questions orales adressées aux membres du gouvernement, a permis au ministre en charge du Pétrole et du Gaz de revenir sur l’affaire Bécuna. L’événement dirigé par le président de Chambre, Jean-François Ndongou, a permis à Sosthène Nguema Nguema, questionné par le député Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, de dire ce qui a été fait et ce qui se fera pour que plus d’incidents de ce type ne se produisent.
«Des contrôles, des inspections et des audits à des fréquences régulières…»
Le 24 mars 2024, le Gabon avait été marqué par une catastrophe survenue sur la plateforme pétrolière Bécuna. Au bout du rouleau, six morts dont quatre Gabonais, un Camerounais et un Français. Un drame national. Dans son questionnaire au ministre du Pétrole, Foumboula Libeka Makosso voulait notamment en savoir davantage sur le respect des normes exigées pour l’exploitation d’un site pétrolier au Gabon. Il souhaitait de même être édifié sur les dispositions prises pour que pareil incident ne se reproduise plus jamais dans le pays et qu’est-ce qui est fait pour garantir le respect des droits des victimes.
En réponse, le chef du département ministériel en charge du Pétrole et du Gaz a indiqué que «les opérateurs pétroliers sont tenus de se conformer aux standards internationaux (Api, Iso, Norsok, etc…) qui font référence à la sécurité des personnes, à l’intégrité des installations, à la qualité des opérations et à la protection de l’environnement».
Sosthène Nguema Nguema a précisé que l’Administration des hydrocarbures dont il a la charge «veille au respect strict de toutes ces exigences par tous les opérateurs pétroliers au Gabon via des contrôles, des inspections et des audits à des fréquences régulières».
Renforcer la sécurité des biens et des personnes
S’il a fait souligner que «le risque zéro n’existe pas» et qu’«un tel engagement ne serait pas réaliste», il a toutefois rassuré qu’«à l’issue de l’enquête un ensemble de recommandations impératives ont été formulées» à l’endroit de l’opérateur Perenco et de l’ensemble des opérateurs du secteur pétrolier. Des recommandations visant à renforcer la sécurité des biens et des personnes.
Concernant l’affaire Bécuna, une enquête avait été diligentée à la suite du drame. S’agissant de son état d’avancement, le premier responsable du ministère du Pétrole a rappelé qu’aussitôt saisi, une équipe de la Direction générale des hydrocarbures (DGH) s’était rendue au lieu de l’accident. Elle devait déterminer les causes de cet accident, conjointement avec le Parquet de la République, près le tribunal de première instance de Port-Gentil.
A l’issue des résultats de l’enquête, plusieurs facteurs ont concouru à l’avènement de l’accident. «Il s’agit notamment du non-respect de la procédure de contrôle de puits ; du matériel mis à disposition non-conforme ou inadapté ; du personnel sans qualification pour le poste occupé ; du personnel non-expérimenté», a-t-il présenté.
Les intérêts des familles des victimes sont garantis
Évoquant les dispositions prises par son département ministériel pour garantir le respect des droits des victimes, ainsi que le dédommagement de leurs familles respectives, monsieur Nguema Nguema a indiqué que «les parties ont convenu de résoudre le problème à l’amiable par le biais des protocoles d’accord dont l’Etat s’est assuré, lors de leur élaboration, que les intérêts des familles des victimes sont garantis».
«sur les cinq familles africaines concernées par les protocoles d’accord, une seule n’a pas signé son protocole d’accord, du fait d’une incompréhension entre ses ayants droits. Il s’agit de la famille du défunt Chedzou Yves Merlin, de nationalité camerounaise». Aux dernières nouvelles, la famille est revenue à des meilleurs sentiments, et le protocole est en attente de signature.
Cet accident tragique sur la plateforme pétrolière offshore, Becuna, exploitée par Perenco au large du Gabon, a marqué un tournant dans la réflexion sur la sécurité industrielle dans le pays. D’où cette analyse approfondie de la situation et la prise des mesures constructives pour protéger les vies, mais aussi l’industrie de ce secteur pour l’avenir énergétique du Gabon.

2 Commentaires
« Le “risque zéro” n’existe pas » ? Monsieur le ministre, avez-vous déjà travaillé dans l’industrie ? Une telle affirmation est non seulement maladroite, mais elle va à l’encontre des objectifs fondamentaux que se fixe toute entreprise responsable. Cela va à l’encontre des valeurs cultivées dans les industries.
En milieu industriel, on poursuit des objectifs clairs, ambitieux et assumés :
– Zéro défaut
– Zéro panne
– Zéro stock
– Zéro délai
– Zéro papier
– Zéro accident.
Ces “objectifs zéro” ne sont pas de simples slogans marketing, mais bien des repères concrets, traduisant une volonté de progrès permanent et une exigence absolue en matière de sécurité et de qualité. Il s’agit d’un objectif ambitieux et non de l’acceptation du fatalisme, car admettre le risque comme inévitable, c’est abandonner toute ambition d’amélioration continue et compromettre la sécurité des travailleurs et du public.
En affirmant le contraire, vous banalisez la sécurité et envoyez un signal dangereux, contraire aux standards internationaux et aux attentes citoyennes.
De grâce, évitez ces formules creuses et condescendantes dignes du régime d’Ali Bongo. Un ministre se doit d’incarner la rigueur, la responsabilité et la culture du “zéro compromis” en matière de sécurité. Une telle déclaration trahit une méconnaissance profonde des réalités industrielles et un manque de respect envers les travailleurs et la société tout entière. »
Il faut que l’Etat réglemente le secteur en matière de sécurité industrielle. Cela passe également par la formation des agents de l’Etat très souvent pas au même niveau que les techniciens dont ils doivent auditer.