École d’été à Ipassa : science, savoirs locaux et forêt tropicale en synergie

Deux semaines durant, chercheurs et étudiants venus du Gabon, de France et du Cameroun ont participé à une École d’été inédite au cœur de la station d’Ipassa, dans l’Ogooué-Ivindo. Entre enquêtes de terrain, échanges interdisciplinaires et immersion en milieu villageois, cette initiative portée par le Cenarest et ses partenaires a placé les communautés locales au centre de la recherche scientifique sur les écosystèmes tropicaux.

Les participants à l’École d’été restituant l’automédication animale, le 31 juillet 2025. © GabonReview
Du 15 au 31 juillet 2025, la station de recherche d’Ipassa à Makokou, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, a accueilli une École d’été interdisciplinaire réunissant 40 étudiants et jeunes chercheurs venus du Gabon, de France et du Cameroun. Cette formation, fruit d’un partenariat entre le Centre national de la recherche scientifique et technologique (Cenarest), l’Université de Bourgogne Franche-Comté et l’initiative One Forest Vision, visait à explorer les relations entre les sociétés humaines et les écosystèmes tropicaux.
Durant deux semaines d’immersion, les participants ont mené des enquêtes de terrain dans plusieurs villages, articulées autour de trois grandes thématiques scientifiques.
La première portait sur les interactions entre arbres et frugivores. Il s’agissait d’identifier les espèces animales qui consomment les fruits des arbres, contribuant ainsi à la régénération forestière. La deuxième thématique, plus surprenante, explorait l’automédication animale : «Le questionnement tournait autour de quelles maladies souffraient ces animaux, comment ils se soignaient, comment ils utilisaient les éléments de leur environnement pour se soigner. Un autre aspect qui nous a paru extrêmement pertinent, c’est de comprendre s’il y avait une démarche de soins de ces animaux envers un animal malade. On s’est aperçu qu’il y avait des connaissances très intéressantes là-dessus», explique François Bretagnolle, professeur d’écologie à l’Université de Bourgogne-Europe.
La troisième thématique s’intéressait aux savoirs des populations locales en matière de pharmacopée traditionnelle : comment les communautés vivant au contact de la forêt utilisent-elles les plantes pour se soigner ?
À l’écoute des savoirs locaux pour mieux comprendre la forêt tropicale

Christian Mikolo Yobo, conseiller scientifique et technique au Cenarest ouvrant la restitution de l’École d’été à l’Ipassa et une photo de famille avec les communautés locales. © GabonReview
Pour atteindre ces objectifs, l’équipe pédagogique a misé sur la complémentarité des disciplines : «Nous avons, pour réaliser cette école, réuni des écologues, mais aussi des ethnologues, des sociologues, des linguistes autour de la table pour donner un petit enseignement pratique aux étudiants et pour identifier trois thématiques pour lesquelles les étudiants sont allés questionner des personnes dans différents villages», précise François Bretagnolle.
L’École d’été a aussi permis de renforcer les liens entre chercheurs, enseignants et communautés locales. «Cette initiative est bien bénéfique pour le Cenarest et ses partenaires, mais surtout pour le gouvernement gabonais en matière de prise en compte des connaissances locales dans la prise de décisions. Je souhaiterais que ce genre d’initiative soit reliée par divers partenaires et que, de façon pratique, la recherche soit au cœur des préoccupations des communautés locales», souligne Christian Mikolo Yobo, conseiller scientifique et technique au Cenarest.
Au-delà des apprentissages scientifiques, cette expérience a été marquée par une dynamique humaine forte. «On souhaite vraiment continuer cette démarche pédagogique, mais aussi d’aller vers une démarche scientifique de recherche. On a identifié des thématiques de recherche qui nous paraissent importantes, qui touchent à la transdisciplinarité», conclut le Pr Bretagnolle.
Soutenue par l’initiative One Forest Vision, cette École d’été illustre parfaitement l’ambition de construire une science ouverte, connectée aux réalités du terrain, et engagée dans la préservation des forêts du Bassin du Congo.

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