Entrepreneuriat : le combat de Liwegah Rail Services de Christian Roger Midounou pour l’accès aux marchés

Consultant et expert en mécanique des locomotives et engins mécaniques, ex-agent de la Setrag à la retraite, après plus de 34 ans de service, Christian Roger Midounou a récemment exprimé son profond désarroi face aux difficultés persistantes auxquelles font face les entrepreneurs gabonais. Ce, malgré les appels rassurants du président Oligui Nguema à l’entrepreneuriat. Ayant déjà investi près de 4 millions de francs CFA pour créer Liwegah Rail Services, il se heurte aujourd’hui à un difficile accès aux marchés publics. Toutes choses le plongeant dans l’incertitude et illustrant la difficulté d’entreprendre au Gabon.

Consultant et expert en mécanique des locomotives et engins mécaniques, Christian Roger Midounou, lors de son passage à GabonReview. © GabonReview
«Ce qui m’amène ici, c’est le discours du président. Il a demandé aux Gabonais d’être entreprenants. Aujourd’hui, il y a des Gabonais qui ont aussi la force d’entreprendre. Il nous a montré un canevas concernant la création des entreprises, l’emploi. Nous voulons lui démontrer que nous pouvons le suivre et qu’il faut qu’il nous soutienne», a récemment déclaré lors de son passage dans les locaux de GabonReview Christian Roger Midounou, ex-agent de la Setrag (Société d’exploitation du Transgabonais) à la retraite, Consultant et expert en mécanique des locomotives et engins mécaniques, promoteur de Liwegah Rail Services.
Le non-accès aux marchés freine non seulement son activité, mais également celle de nombreux autres Gabonais
Son entreprise, spécialisée dans la mécanique, la réparation et la peinture, emploie déjà deux Gabonais. Cependant, elle reste bloquée dans son développement. La structure peine en effet à accéder aux marchés. Ce qui passe mal pour le promoteur de Liwegah Rail Services qui y a injecté d’énormes ressources au détriment même de sa famille. «Il faut d’abord respecter la loi. Et donc, pour pouvoir arriver à créer une société, ce n’est pas donné. Même si vous avez la fiche-circuit, il y a tous les papiers qui viennent avec», a-t-il indiqué.
Malgré les souscrites à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) et les agréments obtenus, il déplore l’exigence d’une politique HSE dont le coût est estimé à 1,6 million de francs. Ce qui ralentit et bloque encore sa marge de manœuvre.
Pour montrer sa bonne foi, notamment sa volonté de se conformer aux lois en vigueur, le promoteur de Liwegah Rail Services souligne avoir déjà assumé d’importants frais sans retour sur investissement. «J’ai payé l’assurance toute l’année. Je n’ai pourtant pas de marché. J’ai payé l’agrément pour toute l’année. Or, avec la CNSS, c’est par trimestre que je dois payer les cotisations de la société. Mais je n’ai pas de moyens pour pouvoir continuer à les payer», a-t-il regretté. Pour lui, cette situation de non-accès aux marchés freine non seulement son activité, mais également celle de nombreux autres Gabonais.
Appel à une meilleure prise en compte des entrepreneurs gabonais

Christian Roger Midounou. © GabonReview
À travers son témoignage, Christian Roger Midounou lance un appel à une meilleure prise en compte des entrepreneurs gabonais qui, comme lui, respectent les règles, mais peinent à accéder aux débouchés. «Mon message, c’est qu’il faut que les Gabonais comprennent qu’il y a aussi d’autres Gabonais qui sont là. On doit s’occuper aussi de ces autres Gabonais quand ils amènent des dossiers, qui sollicitent aussi des marchés», a-t-il fait savoir, ajoutant que «la loi reste la loi». «Je suis en règle, sauf pour la politique HSE. Mais ça ne peut pas me bloquer… », a-t-il dit.
M. Midounou demande ainsi que soient appliquées les directives présidentielles visant à encourager la création d’entreprise et l’emploi national. Ce qui lui fait dire qu’il a été motivé par rapport au discours du président de la République. «Je ne peux pas attendre que le président me donne de l’argent pour créer ma société. Il faut que le président voie comment je me bats pour arriver jusqu’à ces papiers. Ça montre qu’il y a des gens qui sont compétents. Et moi, je suis compétent dans mon domaine de la mécanique. Je ne demande qu’à avoir des marchés», a-t-il souhaité.
Le décollage économique du pays passe aussi par l’accompagnement des entrepreneurs locaux
Confiant dans son savoir-faire acquis durant ses 34 longues années à la Setrag, ce consultant et expert en mécanique des locomotives et engins mécaniques veut croire en un avenir meilleur pour son entreprise et pour les autres entrepreneurs et talents gabonais. «J’ai la foi pour dire qu’il faut que les gens arrivent à comprendre. Essayer de nous encourager, essayer de nous donner des marchés et mettre en place un mécanisme qui permette à ceux qui n’ont pas eu la chance de pouvoir le faire», a-t-il insisté. Ceci d’autant plus que le décollage économique du pays passe aussi par l’accompagnement concret des entrepreneurs locaux, mais aussi et surtout par l’accès aux marchés.
Pour la petite histoire, après plus de 25 ans d’immobilité due à des pannes, le «Petit train» de la Setrag a été remis à neuf et mis en circulation par les soins de Liwegah Rail Services. Une action, témoignage de la capacité de cette entreprise nationale à jouer dans la cour des grands.

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