Escroquerie : retour en cavale d’Albert Nguele Mayombo et Charles Mba Bekale

Ils avaient déjà eu affaire à la justice. Libérés respectivement par grâce présidentielle et après avoir purgé leur peine, Albert Nguele Mayombo et Charles Mba Bekale ont été de nouveau appréhendés par les agents de la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Les deux Gabonais, anciens membres d’un groupe informel de détenus à la prison centrale de Libreville baptisé «Le gouvernement», sont désormais poursuivis pour des faits graves après avoir été cueillis en flagrant délit.

Les deux anciens détenus de «Sans famille» repris pour escroquerie. © GabonReview/Capture d’écran
Le scénario de leur arrestation semble tout droit sorti d’un film policier. A en croire les premiers éléments de l’enquête et Gabon24, les deux hommes auraient tenté d’arnaquer un citoyen en se faisant passer pour des représentants de la Douane gabonaise, spécialisés dans la vente de véhicules. Ce jour-là au Parking de Mbolo à Libreville, une scène se joue discrètement : un faux rendez-vous d’affaires autour d’une Toyota TX à 50 millions de francs CFA. Albert Nguele Mayombo croit avoir ferré une cible. Il se fait passer pour un colonel de la Douane, capable d’ouvrir des portes vers un parc automobile censé être réservé à quelques privilégiés. La promesse est alléchante : des véhicules vendus sous le manteau par la Douane.
Duo bien rodé ?
Mais la supercherie a du plomb dans l’aile. L’interlocuteur disparaît quelques minutes, soi-disant pour aller chercher des photos pour sa sœur qui voulait aussi une voiture de marque Toyota mais un pick-up. À peine le temps de souffler, les agents de la DGSS surgissent avec lui. «Lorsqu’il est arrivé à Mbolo, en montant dans la voiture du monsieur, j’ai été interpellé par les agents de la DGS». Derrière la tentative d’arnaque, deux visages familiers du système judiciaire gabonais. Albert Nguele Mayombo ne nie rien : «je suis un ancien détenu à la prison centrale de Libreville. J’ai été poursuivi pour coups et blessures volontaires aggravés et abus de confiance. J’ai été jugé et libéré par la grâce présidentielle, il y a deux mois de cela».
Charles Mba Bekale, lui aussi, assume : «j’ai été incarcéré pour des faits d’abus de confiance et escroquerie en 2019. J’ai été libéré parce que j’ai purgé ma condamnation. Je suis sorti le 2 juillet 2021». Les deux hommes à la prison centrale de Libreville, appartenait à un groupe d’influence là-bas, portant un nom : Le gouvernement. Une micro-société carcérale où les rôles seraient distribués et les stratégies peaufinées. En liberté, ils ont repris leurs habitudes. Association de malfaiteurs, usurpation d’identité, faux documents, intimidations. La mécanique est bien huilée. Charles Mba Bekale la raconte. «Vendredi dernier, il (ndlr. Albert Nguele Mayombo) m’a fait comprendre que je peux me faire un peu d’argent».
Le colonel imaginaire
«Il m’a remis le numéro de l’autorité que nous avons voulu arnaquer afin que j’aille lui présenter les véhicules à Luxury car». Le rôle d’Albert ? Se faire passer pour «le patron». Mais le piège s’est refermé. «Nous avons fixé les prix mais ça n’a pas marché. C’est à ce moment-là qu’il m’a posé la question de savoir si j’étais colonel à la Douane. Je lui ai dit oui, je suis colonel à la Douane. C’était pour moi une couverture parce qu’à la Douane, si tu es colonel tu as les capacités de vendre un véhicule», a déclaré Albert Nguele Mayombo parlant du « pigeon ». Mais la crédibilité s’arrête là. Le faux colonel est cueilli sur le parking même où il pensait conclure sa vente.
Si le retour en cellule est acté, et que cette affaire rappelle, s’il le fallait, que certains visages de la délinquance refusent de disparaître, elle soulève un questionnement lancinant : que vaut la réinsertion quand les portes de la prison sont à peine refermées ? Que deviennent les ex-détenus laissés à eux-mêmes, sans suivi, sans projet, sans cadre ?

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