Dix étudiants gabonais inscrits à l’Université Texas Tech aux États-Unis dans le cadre du programme « Hydrocarbures USA » vivent une situation critique. Expulsés des salles de classe avant les vacances pour non-paiement de leurs frais de scolarité, ils risquent désormais d’être mis à la rue puis renvoyés du territoire américain. Face à l’inaction du ministère du Pétrole et de l’Agence nationale des bourses, leurs parents tirent la sonnette d’alarme.

Dix étudiants gabonais inscrits à l’Université Texas Tech aux États-Unis dans le cadre du programme « Hydrocarbures USA » vivent une situation critique. © D.R.

 

Le rêve de formation à l’international se transforme en cauchemar pour dix jeunes Gabonais inscrits depuis 2022 à l’Université Texas Tech aux États-Unis. Ces étudiants, sélectionnés pour leur excellence scolaire dans le cadre du programme « Hydrocarbures USA », initié par le ministère gabonais du Pétrole, n’ont pas pu terminer leur semestre académique. Expulsés des cours avant les vacances, ils sont désormais sous la menace d’une éviction de leur résidence universitaire fin mai, et d’une expulsion du territoire américain courant juillet.

L’alerte est venue de leurs parents réunis en collectif, qui ont adressé, en mai dernier, une lettre au ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema. Dans ce courrier, les familles dénoncent une absence totale de réponse des autorités malgré la gravité de la situation. « Nos enfants sont soumis à des pressions sans fin, qui altèrent le déroulement et la quiétude de leurs études (…) et les mettent quasiment en situation d’abandon par nos autorités locales responsables », peut-on lire dans leur missive.

Aucune réponse, aucun interlocuteur

Le programme « Hydrocarbures USA » avait été lancé en 2021 pour former des ingénieurs pétroliers de haut niveau au bénéfice du Gabon. Il repose sur un partenariat entre le ministère du Pétrole, l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) et l’Université Texas Tech. Pourtant, depuis octobre 2024, les frais de scolarité et d’hébergement n’ont pas été réglés, et aucun contact n’est maintenu avec l’université de la part des autorités gabonaises.

« Les responsables administratifs de Texas Tech, n’ayant plus aucun interlocuteur ou point focal au niveau de la partie gabonaise, se sont résolus à prendre la résolution ferme de libérer nos enfants de leurs chambres à échéance de fin mai 2025 », s’inquiète le collectif parental. Pis, faute de régularisation, les étudiants pourraient être expulsés des États-Unis dès la fin juillet. Ces derniers, pourtant enregistrés sous le statut “international student”, bénéficient d’un certain délai légal avant une expulsion, mais ce sursis pourrait ne pas suffire.

Un appel à la dignité et à la continuité

Face à ce blocage, les parents ont tenté d’alerter l’ANBG, qui reconnaît quatre mois d’impayés de bourse. Mais cette première rencontre n’a débouché sur aucune solution concrète. La deuxième étape, confiée au ministre du Pétrole, reste sans réponse.

Dans leur lettre, les parents en appellent au bon sens et à la responsabilité du ministre. « En appeler aussi, permettez-nous Excellence, à votre position de bon père de famille pour qui savoir des enfants dans la difficulté est un sentiment insupportable », écrivent-ils avec gravité.

Cette affaire soulève une question plus large : celle du traitement réservé aux étudiants envoyés à l’étranger aux frais de l’État. Alors que le Gabon mise sur la formation de sa jeunesse pour renouveler ses élites dans les secteurs stratégiques, l’abandon de ces étudiants laisse perplexe.

En attendant une réaction officielle, les familles s’inquiètent pour la santé mentale et physique de leurs enfants. « Le spectre de l’expulsion se précise. Que deviendront-ils, livrés à eux-mêmes dans un pays étranger ? », interrogent-ils.

Face à cette crise silencieuse, une réponse politique et administrative rapide apparaît indispensable pour préserver la dignité de l’État gabonais et celle de ses ressortissants.

 
GR
 

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