À Milingui, l’un des plus grands gisements de fer d’Afrique centrale, tout semblait prêt pour que le Gabon entre enfin dans une ère minière nouvelle. Mais au lieu d’un décollage industriel, c’est l’odeur du soufre qui se dégage : celle d’un deal obscur entre le ministère des Mines et l’homme d’affaires Gagan Gupta. Quand le fer du Gabon est bradé dans l’ombre des deals.

Quand l’État pactise dans l’ombre, chaque permis minier devient une bombe à retardement pour l’économie. [image à titre purement illustratif]. © aujourdhui.media

 

Des années de travail, des études coûteuses, un milliard de dollars mobilisés, des milliers d’emplois promis : la société sud-africaine Havilah croyait tenir son projet. Mais au Gabon, la règle est cruelle : ce que vous bâtissez peut être repris du jour au lendemain. Et c’est précisément ce qui se trame.

Un projet minier prêt… mais torpillé

Milingui n’est pas une petite mine de village. C’est un gisement géant, découvert dans les années 1950 et estimé à des centaines de millions de tonnes de fer. Depuis 2017, Havilah Mining Gabon a fait le travail : études validées, autorisations obtenues, base-vie construite, route vers le futur port de Mayumba ouverte, financements sécurisés. L’exploitation devait démarrer en 2026, avec plus de deux mille emplois et des centaines de milliards de francs CFA en recettes pour l’État. Bref, tout était sur les rails.

Mais voilà que le ministère des Mines a discrètement signé un accord de confidentialité avec une société basée à Dubaï, A2MP Investment DMCC, liée à Gagan Gupta. En clair, les informations sensibles sur Milingui ont été mises à disposition d’un acteur extérieur alors que le permis appartient déjà légalement à Havilah. Une véritable brèche, un signal de trahison pour l’opérateur en place.

Gagan Gupta : le retour d’un parrain

On connaît Gagan Gupta. Ancien patron d’Olam Gabon, architecte de la zone de Nkok et des ports d’Owendo, il est devenu incontournable dans les affaires du pays. Aujourd’hui, il revient par la voie minière, via A2MP, qui n’a officiellement aucun investissement au Gabon mais dont le rôle est clair : capter des permis stratégiques à travers l’Afrique. Au Mali, en Sierra Leone, au Cameroun, en Zambie, il a déjà placé ses pions. Milingui pourrait bien être le prochain.

Cette manœuvre n’est pas isolée. À Etéké, à Maboumine, à Bakoudou, on retrouve les mêmes soupçons : fragiliser les opérateurs existants pour mieux les remplacer par des “amis” du pouvoir. Une mécanique de dépossession qui ressemble plus à une mafia d’État qu’à une politique industrielle.

La vraie question est là : qui voudra encore investir dans un pays où les permis s’arrachent dans les valises diplomatiques ? Quelle crédibilité peut avoir un État qui signe des accords secrets avec des tiers alors qu’un opérateur a déjà respecté ses obligations ? À force de jouer au plus malin, le Gabon risque de ruiner sa réputation internationale.

Milingui devait être une vitrine de confiance. Il devient un symbole de méfiance. À ce rythme, le Gabon n’apparaîtra plus comme un eldorado minier mais comme un État voyou des ressources naturelles, où les règles ne valent rien face aux deals de couloir. Affaire à suivre.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Jean Jacques dit :

    Voilà les infos toujours dans la corruption, et on RACONTE LES NEPTIES EN PARLANT DE LA SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE, Un pays à chaque projet il ya tjrs les detournements, le vol d’argent, qui commettent ses crimes les démons que vous appelez autorités. Le peuple gabonais est toujours dans la pauvreté, misère, chômage. On vous parle de liberation de qui et de quoi?
    Malgré tout ça les auteurs des detournements d’argent sont tjrs dans les postes. Tout simplement, tous sont dans les mêmes SECTES, LOGES,MARRABOUT.

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