Dans une déclaration, mardi 19 août, à Libreville, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien candidat à l’élection présidentielle et président d’Ensemble pour le Gabon (EPG), a exprimé sa réflexion critique sur la récente déclaration présidentielle annonçant la fin de la géopolitique au Gabon. Il dénonce une condamnation posthume du président Omar Bongo et de son legs politique, estimant que cette rupture pourrait jeter aux oubliettes des décennies de gestion basée sur des équilibres géopolitiques.

Alain-Claude Bilie-By-Nze s’exprimant, le 19 août 2025, à Libreville. © GabonReview

 

Le président d’Ensemble pour le Gabon (EPG), Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien candidat à l’élection présidentielle, s’est exprimé ce mardi 19 août. Il est revenu sur le discours du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, notamment sur l’annonce de la fin de la géopolitique qui n’aurait pas atteint son objectif. Il propose la mise en place d’un groupe de travail et des consultations populaires engagées afin de déterminer le statut de Libreville et des villes cosmopolites comme préalables à la remise en cause de l’autochtonie.

Décalage entre les paroles officielles et les réalités politiques sur le terrain

Selon lui, la déclaration du chef de l’État surprend surtout parce qu’elle semble opposer arbitrage géopolitique et compétence, laissant entendre que les nominations fondées sur la géopolitique seraient synonymes d’incompétence. Ce qu’il remet en question. «Est-ce à dire que ceux qui ont été nommés sur la base de la géopolitique n’étaient ou ne sont que des incompétents notoires ? La décision de mettre fin à la géopolitique semble aller de pair avec celle concernant la remise en cause de l’autochtonie», a-t-il dit.

Bilie-By-Nze interroge la cohérence de ces nouvelles orientations en citant les exemples des Délégués spéciaux des communes de Libreville, Port-Gentil, Lambaréné et Tchibanga, nommés justement en fonction de leur origine géographique. Des généraux dirigeants les villes des localités dont ils sont originaires.

Le maintien de ce principe lors des investitures aux prochaines élections locales et législatives, notamment pour les partis soutenant l’action du chef de l’État (UDB et PDG), démontre, selon lui, un décalage entre les paroles officielles et les réalités politiques sur le terrain. Un double langage affaiblissant la crédibilité des réformes annoncées. «On me répondra que ces nominations ont eu lieu avant la déclaration du 17 août ? Soit. Mais pourquoi avoir procédé aux investitures des candidats des deux partis du président, l’UDB et le PDG, en tenant précisément compte de l’origine géo-ethnique des candidats ?» a-t-il questionné.

Des discours populistes

Vue de quelques journalistes et des membres du parti EPG assistant à la Déclaration. © GabonReview

Pour Bilie-By-Nze, la gestion du pays ne doit pas se limiter à des discours populistes. Il rappelle que les réformes profondes doivent s’appuyer sur la concertation et l’implication de toutes les parties prenantes. Un principe qu’il juge indispensable pour un vrai changement. Il exprime son rejet d’une géopolitique excessive, mais souligne la nécessité d’une approche équilibrée et réfléchie, qui reconnaisse la complexité des réalités sociales et politiques gabonaises. «Je ne suis pas un partisan de géopolitique à tout va, loin s’en faut. Cependant, il me semble utile de rappeler que les changements dont notre pays a besoin doivent s’opérer dans la concertation et dans l’implication de toutes les parties prenantes», a indiqué le président d’EPG.

L’ancien Premier ministre invite à s’interroger sur le statut de Libreville : est-elle une commune classique au même titre que les autres ou doit-elle bénéficier d’un statut spécifique, lié à son cosmopolitisme ? Cette distinction est fondamentale pour clarifier la question de l’autochtonie et la désignation des autorités locales. Il propose que, dans le cas où Libreville serait une ville cosmopolite, un cadre particulier soit défini, prenant en compte aussi d’autres villes du pays qui partagent ce caractère, afin d’éviter les contradictions et les injustices.

Ce qui lui fait dire : «en un mot, déterminons au préalable le statut des villes cosmopolites, accordons à Libreville un statut particulier avant de décider du mode de désignation des maires et, in fine, de la place des autochtones». Ce, non sans rappeler que, lors des événements en juin dernier, les traditions coutumières des communautés autochtones de Libreville ont été respectées.

 
GR
 

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