Transparence ou sanctions : le couperet tombe sur les entreprises publiques gabonaises. À travers une annonce aussi radicale qu’inattendue, le ministère de l’Économie leur accorde seulement sept jours pour livrer leurs secrets financiers. Fini l’opacité et les arrangements discrets, l’heure de la reddition des comptes a sonné dans un pays déterminé à révolutionner sa gouvernance économique et à briser les chaînes du laxisme institutionnel.

Henri-Claude Oyima, le nouveau ministre de l’Économie, va-t-il mettre fin à l’ère du laxisme dans les entreprises publiques gabonaises avec son ultimatum de sept jours pour rendre des comptes à la nation ? © GabonReview

 

Le temps de l’indulgence semble révolu. Dans un pays en quête de rigueur et de transparence, le ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, également chargé de la Lutte contre la vie chère, a décidé de frapper du poing sur la table. Lundi 19 mai 2025, à travers une communication officielle, les sociétés d’État ainsi que celles à participation publique sont expressément appelées à transmettre, dans un délai de sept jours, une série de documents essentiels à la bonne gouvernance de la chose publique.

Procès-verbaux des conseils d’administration et assemblées générales (2022 à 2024), états financiers détaillés, rapports des commissaires aux comptes, quittances de paiement de dividendes à l’État, documents relatifs à la gouvernance des organes sociaux… La liste est exhaustive, précise et non négociable. Le ministère ne laisse aucune place à l’interprétation : tout contrevenant «s’expose à l’application stricte des dispositions en vigueur».

Un virage vers la discipline budgétaire

Ce rappel à l’ordre dépasse la simple exigence administrative. Il s’inscrit dans un contexte de refondation post-transition où l’État entend restaurer l’autorité de ses institutions et rompre avec les pratiques de laxisme chronique. Car derrière la technicité du vocabulaire comptable, c’est bien d’une reprise en main de l’appareil économique public qu’il est question.

L’allusion explicite au respect des normes OHADA, notamment les articles 438 et 715, souligne la volonté de remettre les entreprises publiques dans le giron de la conformité juridique, en imposant des standards internationaux à des entités souvent habituées à opérer dans l’opacité.

En réalité, ce communiqué est autant un signal administratif qu’un acte politique. En rappelant l’obligation de transparence, le ministère envoie un double message : aux gestionnaires, qu’il n’est plus question de naviguer à vue ; à l’opinion publique, qu’un nouveau souffle de rigueur anime désormais l’action gouvernementale.

La fin de la complaisance

Ce geste pourrait également s’inscrire dans une stratégie plus vaste : celle d’un audit généralisé, prélude à des réformes structurelles ou à une reconfiguration du portefeuille public. Car pour réformer, encore faut-il connaître précisément l’état des lieux. Et c’est exactement ce que vise cette injonction ministérielle : sortir les entreprises publiques de la pénombre administrative dans laquelle elles se sont trop longtemps retranchées.

«Gouverner, c’est rendre des comptes», disait Pierre Mendès France. Le gouvernement gabonais semble donc avoir fait sien cet adage. La fermeté de ton et la brièveté du délai — une semaine — montrent qu’il ne s’agit pas d’une simple formalité, mais d’un test de loyauté et d’efficacité imposé à l’appareil public.

Reste à voir si la menace implicite de sanctions sera suivie d’effet. Mais une chose est sûre : ce communiqué ne marque pas seulement une date dans l’agenda ministériel. Il symbolise une ère de rupture — celle où l’État, enfin, exige de ses bras armés qu’ils rendent des comptes à la nation.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. ACTU dit :

    Que ce Ministre de l’Economie cree un site public, ou tous les comptes de societes seraient mis a jour 24/24 accessible a tous les gabonais et pas seulement au Ministre .

    Les Gabonais ont besoin de lire et de comprendre le deroulement des activites des entreprises operant sur leur sol.

    Que ces entreprises declarent leur capital social(Total avec Breakdown), les recapitalisatoions et l’origine des fonds la part de l’Etat Gabonais et celles detenues par les partenaires Civils Gabonais et Etrangers ,

    Afficher au moins 3 a cinq annees consecutives de leurs bilans d’activite….

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