Une correspondance confidentielle de l’Association internationale du transport aérien (IATA), que GabonReview a pu consulter grâce à une source fiable basée à Montréal (siège de l’organisation), révèle un profond malaise dans le secteur aérien gabonais. L’organisation mondiale, représentant plus de 300 compagnies aériennes, dénonce une explosion injustifiée des redevances de sûreté imposées par l’État gabonais, sans concertation préalable.

Les chaînes dorées des redevances ne vont-elles pas bloquer l’envol du ciel gabonais ? © GabonReview

 

Alors que les compagnies locales Afrijet et FlyGabon avaient récemment appelé à une révision des taxes passagers jugées «insoutenables» (voir notre article), une lettre officielle datée du 29 mai 2025 et adressée par l’IATA au ministre des Transports, Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi, vient amplifier l’alerte. Selon ce document confidentiel, l’organisation se dit «profondément préoccupée par l’ampleur de l’augmentation des redevances de sûreté», pointant des hausses allant jusqu’à +157 %, soit des montants passant de 7 000 à 18 000 francs CFA pour les vols régionaux, et de 10 000 à 23 000 francs CFA pour les vols internationaux.

Plus grave encore, l’IATA affirme que «cette augmentation ne semble pas avoir été menée conformément aux politiques et principes de l’OACI», l’Organisation de l’aviation civile internationale, en matière de consultation des usagers. Et de rappeler que toute modification tarifaire doit, selon les standards internationaux, être précédée de discussions transparentes et justifiées par une analyse coût-efficacité. Or, déplore l’organisation, «il semble que cette décision ait été prise sans consultation adéquate des usagers».

Dans un ton mesuré mais ferme, le vice-président régional de l’IATA pour l’Afrique et le Moyen-Orient, Kamil Alawadhi, déplore un risque de «surcharge financière qui limiterait considérablement les avantages économiques et sociaux générés par le transport aérien». Il ajoute que «les compagnies aériennes perçoivent déjà une multitude de redevances et de taxes basées sur les passagers que le Gabon impose actuellement», citant en exemple l’aéroport de Libreville dont la grille tarifaire, jointe à la lettre, est jugée «déjà surchargée».

L’IATA exhorte les autorités gabonaises à engager des consultations d’urgence, «à l’instar de l’initiative de la CEDEAO», où les chefs d’État ont ordonné la réduction des taxes dans le transport aérien régional. Elle propose un report de la mesure prévue pour le 1er juin, un lissage progressif des tarifs et une harmonisation avec les normes internationales. Une main tendue à laquelle le Gabon est désormais sommé de répondre.

C’est sans doute en réaction de cette correspondance que le gouvernement gabonais, sous l’impulsion du ministre des Transports Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a créé ce 17 juin 2025 un groupe de travail multisectoriel chargé de revoir les taxes, redevances aéroportuaires et charges d’exploitation afin de réduire le prix des billets d’avion sans nuire à la viabilité des compagnies, tout en stimulant la concurrence. Les choses pourraient donc aller dans le bon sens… au bonheur des clients du transport aérien.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Akoma Mba dit :

    Les champions du pilotage à vue quand on veut tout faire à la fois sans un ordre prédéfini, et au lieu d’arranger d’abord les routes on achète des compagnies aériennes et pétrolières quand on n’arrive même pas à resorber la dette intérieure et pendant ce temps des gabonais continuent à crever sans pouvoir percevoir ce que l’Etat leur doit.
    Pas de logements à loyers modérés pour les citoyens mais on va à la casse pour construire une cité administrative. Est-ce cela le plus urgent quand on vous laisse dans les ténèbres? Le m’as-tu vu continue et personne n’ose contredire. Sincèrement, on n’est pas sorti de l’auberge!

  2. Mone fame dit :

    Je soutiens qu’il n’était pas sain de faire prospérer la paupérisation de l’Etat en continuant à lui faire supporter des baux administratifs, en général au bénéfice de personnes qui ont fait dans la prédation lorsqu’il leur revenait la mission de consolider le confort de l’Etat, particulièrement dans les propriétés patrimoniales

    Au demeurant, il serait tout aussi sain que s’agissant d’une activité commerciale, celle de faire louer à l’Etat un patrimoine immobilier, à la vérité et calculette en main que l’Etat aura financé, d’assujettir les loyers ainsi liquidés aux impôts corrélés, si cela n’est pas fait à ce stade.

    Je soutiens également qu’il fallait mettre un terme à la mafia qui sévissait sur les sites ayant vocation à héberger des ouvrages et infrastructures d’utilité publique. Car une revue site par site passée au scanner ferait indubitablement apparaître des complicités dans les listes des indemnisés avec les agents de l’Etat en charge des procédures d’indemnisation visée

    Dès lors, tous les titres postérieurs à la déclaration d’utilité publique délivrés par n’importe quelle instance administrative compétente se doivent d’être complétés par des titres opposables en droit aux fins de valider la Liceite du renoncement par l’Etat du titre antérieur, à défaut, l’agent de l’Etat qui aurait signé un tel titre, postérieur à celui d’utilité publique, devrait en répondre personnellement devant les instances habilitées, pour établissement de vrai-faux document administratif au détriment de la République

    En clair, mettons un terme aux imbécilités du style « on va encore faire comment…on dit quoi….je gagne quoi…. » et c’est le pays qui y gagnera, comme en Guinée équatoriale qui a largué le Gabon.

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