Depuis plus d’une décennie, plus de 500 familles du quartier Marseille 2, dans la commune d’Akanda, vivent dans l’incertitude à cause d’un litige foncier opposant la population à la SCI Avormbam. Malgré une décision du tribunal administratif en leur faveur, les habitants réclament l’annulation du titre foncier YU 3 et interpellent directement le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour un geste fort à la hauteur des engagements pris en matière de gouvernance foncière.

Depuis plus d’une décennie, plus de 500 familles du quartier Marseille 2, dans la commune d’Akanda, vivent dans l’incertitude à cause d’un litige foncier opposant la population à la SCI Avormbam. © GabonReview

 

À Marseille 2, dans le deuxième arrondissement d’Akanda, l’exaspération atteint son paroxysme. Depuis plus de 17 ans, les habitants de ce quartier populaire font face à une menace d’expulsion permanente, en raison d’un conflit foncier les opposant à la société civile immobilière (SCI) Avormbam. Le cœur du litige : la section cadastrale YU 3, revendiquée par la SCI sur la base d’un titre foncier dont la légalité est pourtant contestée.

Selon les habitants, la SCI a engagé des procédures pour récupérer le terrain, alors même que la régularité de son titre a été remise en cause dès février 2019 par le tribunal administratif de Libreville. Une décision confirmée par les observations du commissaire général à la loi, qui a estimé que l’acte administratif en cause était frappé d’inexistence juridique.

Des décennies de présence ignorées

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Le chef du quartier Marseille 2, Georges Roland Kando, porte la voix d’une population en détresse : « Nous vivons ici depuis des décennies. Comment peut-on nous déposséder d’un terrain que nous avons façonné, habité, protégé ? Le titre foncier de la SCI Avormbam est irrégulier, et tout le monde le sait. »

L’histoire est d’autant plus douloureuse que les habitants affirment que le décret d’attribution définitive du terrain à la SCI avait été annulé dès 2007. En 2012, pourtant, la société serait revenue à la charge, exigeant le déguerpissement des occupants. Une bataille judiciaire longue, complexe, ponctuée de décisions favorables aux riverains mais sans effet concret à ce jour.  « Le titre foncier de la section cadastrale YE 8 de Kabbi a été annulé. Pourquoi celui de la SCI Avormbam est-il toujours valide ? Est-ce qu’il est au-dessus de l’État ? », s’interroge, amer, le chef de quartier.

Une attente désespérée de la part des familles, un appel direct à Oligui Nguema

Les habitants disent avoir épuisé tous les recours. Ils ont saisi les juridictions compétentes, adressé des courriers aux autorités, et même alerté le président de la République avant la présidentielle du 12 avril dernier. Une délégation du ministère de l’Habitat s’était rendue sur place. Depuis, silence radio. « Monsieur le président, on vous supplie de muter ce titre foncier. Il est mal établi. Il ne respecte aucune des règles en vigueur. Faites comme pour les autres SCI dans Akanda : annulez ce titre et redonnez à la population sa tranquillité, et préserver ses lourds investissements », implore Georges Roland Kando.

Outre l’angoisse juridique et sociale, le quartier subit aujourd’hui des conséquences environnementales graves. Des travaux de remblais opérés par des acquéreurs de terrains, présentés comme ayant acheté des parcelles à la SCI, ont modifié l’écoulement naturel des eaux. « Aujourd’hui, là où il n’y avait jamais d’inondations, les eaux stagnent. Les maisons sont menacées, les enfants malades, et l’insalubrité s’installe », déplore le chef du quartier. « Depuis 2011, la SCI vend des bouts de terrains à des inconnus. Ces gens construisent sans canaux. Et c’est la population qui en souffre. »

Alors que le foncier est érigé en priorité nationale par les autorités de la transition, les habitants de Marseille 2 appellent le président Brice Clotaire Oligui Nguema à traduire ses engagements en actes. « Monsieur le président, nous sommes fatigués. Vous avez montré votre volonté de moraliser le foncier. Nous vous demandons d’agir pour Marseille 2. Les habitants sont à bout », conclut Georges Roland Kando.

Dans cette affaire où se mêlent justice, mémoire collective, légalité administrative et dignité humaine, seule une décision politique et sociale juste et forte semble désormais capable de trancher.

 
GR
 

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