Gabon : Et si le salut agricole venait de la Zambie ?

En recevant Enock Kavindele, ancien Vice-président de la Zambie et émissaire du président Hakainde Hichilema, le 14 mai dernier, le chef de l’État gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a ouvert une brèche stratégique dans le champ de la coopération sud-sud. Pour Hervais Omva, coordonnateur de l’ONG IDRC Africa, cette rencontre ne doit pas se limiter à la courtoisie diplomatique : elle incarne une opportunité historique de bâtir, enfin, la souveraineté alimentaire du Gabon.

La visite de l’ancien Vice-président zambien Enock Kavindele au Palais du bord de mer n’est pas qu’un simple acte protocolaire. C’est, selon Hervais Omva, une fenêtre ouverte sur un modèle agricole éprouvé, que le Gabon gagnerait à embrasser sans plus tarder. © Com présidence de la République
La visite de l’ancien Vice-président zambien Enock Kavindele au Palais du bord de mer n’est pas qu’un simple acte protocolaire. C’est, selon Hervais Omva, une fenêtre ouverte sur un modèle agricole éprouvé, que le Gabon gagnerait à embrasser sans plus tarder. En effet, dans une Afrique souvent dépendante des importations, la Zambie fait figure d’exception : « La Zambie est capable. La Zambie produit le blé, la Zambie produit le soja, la pomme de terre, le bétail, la volaille, l’aliment pour animaux, la Zambie a tout ce qu’il faut dans le secteur agricole, y compris la mécanisation », martèle Omva, visiblement convaincu de la pertinence du modèle zambien.
Installé en Zambie depuis quatre ans, cet expert en développement agricole y a vu émerger une révolution verte méthodique et inclusive, portée par une vision claire, des investissements ciblés et une forte implication du secteur privé. À ses yeux, le septennat d’Oligui Nguema peut incarner le tournant attendu : « C’est une opportunité qui peut permettre au Gabon de résoudre la problématique de l’agriculture et son corollaire l’autosuffisance alimentaire », affirme-t-il avec force.
L’agriculture comme levier stratégique du septennat ?
Le diagnostic est sans appel : malgré ses terres arables et son potentiel hydrographique, le Gabon importe encore l’essentiel de ce qu’il consomme. Une aberration économique et une faille stratégique que la crise du Covid-19, puis la guerre en Ukraine, ont brutalement mis en lumière. Face à cela, Omva propose une solution concrète : s’inspirer du savoir-faire zambien pour bâtir un écosystème agricole résilient, productif et technologiquement avancé.
« La Zambie est capable de nous apporter le savoir qu’il nous faut pour faire du Gabon le premier producteur agricole de l’Afrique centrale au bout de sept ans », insiste-t-il, traçant une feuille de route ambitieuse mais réaliste si la volonté politique suit.
De la coopération à la co-construction : une diplomatie agricole à inventer
La venue de Kavindele a également été l’occasion pour la Zambie de solliciter le soutien du Gabon à la candidature d’un de ses ressortissants à la présidence de la Banque Africaine de Développement. Une démarche diplomatique classique, mais qui, selon Hervais Omva, devrait s’accompagner d’un retour d’ascenseur stratégique. Pourquoi ne pas ériger l’agriculture comme socle de la future coopération bilatérale ?
Ce serait là, une manière de donner du contenu à une diplomatie autrement trop souvent limitée aux échanges de bons procédés. Le président Oligui Nguema a ici, l’occasion de poser les jalons d’une “diplomatie agricole de développement”, fondée sur le transfert d’expertise, les joint-ventures entre entreprises agroalimentaires, et la formation technique des jeunes gabonais dans les fermes-écoles zambiennes.
L’enjeu, pour Omva, dépasse le seul secteur agricole. Il s’agit d’une transformation économique, sociale et même culturelle du Gabon : « Nous devons sortir du modèle rentier. Il est temps que le Gabon produise ce qu’il consomme, qu’il nourrisse sa population avec ses propres ressources », défend-il.
Ce plaidoyer trouve un écho particulier à l’heure où la nouvelle République gabonaise cherche des piliers solides pour crédibiliser sa promesse de rupture avec les échecs du passé. Et si l’autosuffisance alimentaire devenait la première victoire concrète du septennat Oligui Nguema ? La visite de Kavindele aura peut-être planté la graine. À Libreville de l’arroser.

1 Commentaire
Enfin on écoute ce monsieur….
Malheureusement, un coup d’épée dans l’eau comme nos frères formés au Maroc aux techniques agricoles qui au retour à Lbv ne voulaient pas aller sur le terrain mais travailler dans des bureaux climatisés…