Le 12 août 2025, au Palais du bord de mer, Brice Clotaire Oligui Nguema a présidé un Conseil des ministres qui sonne comme un coup de semonce : fini les lenteurs, place à la rigueur, à la souveraineté et aux réformes qui mordent. Derrière les chiffres et les décrets, un message clair : «Nous reprenons le contrôle».

Avec le Conseil des ministres du 12 août 2025, l’exécutif affiche sa volonté de gouverner autrement : méthode, discipline et résultats. © Facebook/Présidence Gabon

 

Amorcé par un rappel à l’ordre sur la discipline budgétaire, le Conseil des ministres de ce 12 août 2025 fixe un cap ambitieux : 10 % de croissance à moyen terme, porté par un secteur non pétrolier robuste et créateur d’emplois. Cette ambition passe par une chirurgie budgétaire : suppression des exonérations fiscales abusives, évaluation sévère des services publics pour éliminer les structures improductives, et alignement des rémunérations sur la performance réelle. Le Compte unique du Trésor devient l’outil central de cette orthodoxie financière, garantissant une visibilité sur chaque franc dépensé. Derrière cette rigueur se profile une rupture : celle d’un État qui ne veut plus subir ses déséquilibres mais piloter son économie avec méthode et contrôle.

Protéger l’économie nationale… et les Gabonais

La révision des métiers réservés aux nationaux prend un relief particulier dans un contexte où la concurrence étrangère est parfois jugée déloyale. L’élargissement à des secteurs stratégiques comme le commerce numérique ou l’entrepreneuriat moderne vise à sécuriser des niches d’emploi pour la jeunesse. L’interdiction faite aux opérateurs étrangers d’exercer certaines petites activités (commerce de proximité, coiffure, réparation de téléphones, envoi d’argent non agréé) ne se veut pas punitive mais protectrice. Derrière la mesure, l’idée est double : reconquérir l’espace économique de base et préparer une montée en gamme par la formation et la formalisation. La Centrale d’Achat du Gabon (CEAG), conçue comme un outil d’achat massif et de négociation directe avec les producteurs étrangers, illustre cette volonté d’attaquer de front la vie chère tout en renforçant la souveraineté alimentaire.

Des réformes qui touchent au dur

Foncier, logement, numérique, BTP : le Conseil s’attaque à des domaines longtemps minés par les lenteurs administratives et les rentes de situation. La régularisation de 50 000 titres de propriété représente une rupture avec l’immobilisme foncier, ouvrant la voie à une sécurité juridique pour des milliers de ménages et d’investisseurs.

La réforme de la SNI, associée à la construction de logements publics, doit transformer l’accès à l’habitat, tout en imposant une règle stricte : plus d’indemnité de logement pour ceux qui bénéficient déjà d’un bien public.

Sur le plan des infrastructures, le déblocage des chantiers routiers Ndendé-Tchibanga et Tchibanga-Mayumba est plus qu’un geste technique : c’est un signal envoyé aux provinces enclavées que leur désenclavement devient prioritaire. Quant à l’obligation de stockage national des données et au monopole sur les agrégats, elles traduisent une obsession de souveraineté sur des ressources physiques et numériques jugées stratégiques.

Sécurité, identité et réconciliation nationale

Avec le nouveau Code de nationalité, le gouvernement réaffirme que l’identité gabonaise ne se négocie pas, tout en modernisant ses critères pour les aligner sur les standards internationaux.

Égalité hommes-femmes, lutte contre l’apatridie, encadrement du cumul de nationalités : autant de garde-fous pour protéger le tissu national.

L’amnistie générale pour les événements d’août 2023 et le putsch manqué de 2019, hors crimes économiques et violations graves des droits humains, s’inscrit dans une stratégie d’apaisement politique, avec l’espoir de solder définitivement des épisodes douloureux.

En parallèle, la montée en puissance sécuritaire est assumée : Douanes, Eaux et Forêts et Sécurité pénitentiaire intègrent les corps paramilitaires, renforçant la capacité de l’État à contrôler ses frontières, ses ressources et son ordre intérieur.

Un rendez-vous symbolique

La Fête de la Libération, fixée au 30 août et désormais tournante, prend cette année ses quartiers dans la Nyanga. Mais le gouvernement veut en faire plus qu’une commémoration : un «moment de vérité», où chaque province devra rendre compte des projets annoncés et réalisés. En filigrane, un message politique fort : la célébration du passé doit se conjuguer à la mesure des progrès concrets, pour que la mémoire serve de levier au développement.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Serge NKWELI dit :

    Nous sommes sur la bonne voie. Beau jeu !

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