Malgré le maintien de la note souveraine à un niveau jugé risqué « CCC », les autorités gabonaises soulignent les avancées politiques et économiques susceptibles d’inverser la tendance.

Le gouvernement gabonais prendre acte de la décision de Fitch Ratings tout en soulignant les signaux positifs insuffisamment pris en compte par l’agence. © D.R.

 

L’agence internationale Fitch Ratings a confirmé, le 20 juin 2025, la note de défaut émetteur (IDR) du Gabon à long terme en devises étrangères à « CCC ». Une évaluation qui traduit un niveau élevé de risque de crédit, dans un contexte régional marqué par des tensions sur les marchés et un accès limité aux financements extérieurs. Dans un communiqué publié en réaction, le 24 juin, le ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, également en charge de la Lutte contre la vie chère, affirme prendre acte de cette décision tout en soulignant les signaux positifs insuffisamment pris en compte par l’agence.

En effet, Fitch Ratings motive sa décision par une série de vulnérabilités structurelles affectant l’économie gabonaise : une forte dépendance aux recettes pétrolières, une gestion budgétaire encore perfectible, l’accumulation d’arriérés et des tensions sur la liquidité publique. L’agence note notamment une hausse des dépenses publiques estimée à 15 % en 2024, portée par des investissements à court terme, majoritairement concentrés dans la capitale, et une augmentation des charges salariales.

Les déficits budgétaires devraient se maintenir autour de 2,4 % du PIB en 2025 et 2,1 % en 2026, avec une dette publique globale estimée à plus de 75 % du PIB au cours des trois prochaines années. L’agence alerte également sur le rythme d’accumulation des arriérés de paiement, qui atteindraient 2,8 % du PIB en 2024, bien que des mesures de conversion en dette à long terme soient envisagées.

Un contexte politique stabilisé

Pour le gouvernement gabonais, cette notation ne reflète pas pleinement les évolutions récentes du pays. Il rappelle notamment que la transition politique s’est conclue par l’organisation d’une élection présidentielle transparente en avril 2025, ayant permis de restaurer un climat institutionnel stable. Le chef de l’État élu, Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais président de la République, a réaffirmé l’engagement de la 5e République à assainir les finances publiques.

L’exécutif vise notamment un retour à l’équilibre budgétaire (hors investissements) dès 2026, appuyé par des réformes ambitieuses en matière de gouvernance, de lutte contre la corruption, et de transparence des finances publiques. Ces éléments devraient, selon le ministère, créer les conditions d’un réengagement progressif des partenaires financiers, tant multilatéraux que bilatéraux.

Avancées en matière de gestion de la dette

Sur le volet de la dette, le gouvernement met en avant les efforts de restructuration déjà salués par Fitch elle-même. En avril 2025, une opération d’échange d’obligations sur le marché régional a permis d’allonger significativement la maturité de la dette et de réduire les échéances à court terme de l’équivalent de 1,4 % du PIB en 2025. Par ailleurs, le refinancement réussi d’une euro-obligation à hauteur de 570 millions de dollars au premier trimestre 2025 repousse les obligations de remboursement majeures à partir de 2028, limitant ainsi les risques de défaut à court terme.

Une trajectoire économique sous surveillance

La croissance du PIB réel, qui avait atteint 3,4 % en 2024, devrait ralentir à 2,2 % en 2025 selon les projections de Fitch. Ce tassement s’expliquerait par un affaiblissement du secteur pétrolier et une moindre impulsion des dépenses publiques. Le Gabon reste tributaire de la conjoncture pétrolière mondiale, et ses recettes fiscales demeurent sensibles aux variations des cours du Brent, que Fitch projette à 65 USD le baril en moyenne sur l’année.

Le ministère de l’Économie reconnaît les défis soulignés par l’agence, mais voit dans cette évaluation un appel à intensifier les réformes structurelles. Il insiste sur la nécessité d’un dialogue renforcé avec les partenaires techniques et financiers et réaffirme sa volonté d’inscrire l’économie nationale dans une trajectoire réaliste, durable et souveraine.

Le Gabon envisage de négocier un nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI) à partir de 2026. L’assainissement progressif des finances publiques et la levée des obstacles institutionnels issus de la transition politique pourraient contribuer à restaurer la confiance des bailleurs de fonds. Pour cela, la réussite des réformes en cours et la capacité à maîtriser les déséquilibres budgétaires seront déterminantes.

Dans l’intervalle, le pays devra continuer à naviguer dans un environnement financier contraint, tout en capitalisant sur les récentes avancées pour restaurer sa crédibilité sur les marchés.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Bjr. En français facile, doit mieux faire. Amen.

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