Gabon : Oligui Nguema donne le coup d’envoi des travaux de la Commission nationale de la décentralisation

À Libreville, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a présidé le 17 juin 2025 l’ouverture des travaux de la première session de la Commission nationale de la décentralisation (CND). Une étape décisive pour transférer, à terme, compétences et moyens de l’État vers les collectivités locales, dans une volonté affichée de gouvernance de proximité.

Brice Clotaire Oligui Nguema lançant les travaux de la première session du CND, le 17 juin 2025 © Communication présidentielle
Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a officiellement lancé, ce mardi 17 juin 2025, la première session de la Commission nationale de la décentralisation (CND). Cette rencontre stratégique, annoncée lors du Conseil des ministres du 4 juin dernier, marque une étape déterminante dans la mise en œuvre effective de la décentralisation au Gabon.
Présidant lui-même la cérémonie d’ouverture, le chef de l’État a réaffirmé l’importance de responsabiliser les autorités locales pour répondre plus efficacement aux attentes des populations. Selon lui, les collectivités territoriales doivent jouer un rôle central dans la gouvernance, en tant que cadre institutionnel favorisant la participation citoyenne. «J’attends, au terme de ces travaux, que nous puissions adopter des mesures pertinentes qui déboucheront sur le transfert des compétences et des moyens de l’État dans sa première phase», a déclaré Brice Clotaire Oligui Nguema, soulignant la nécessité de passer de l’intention à l’action concrète.

L’intervention du ministre de l’Intérieur et une vue de la salle. © Communication présidentielle
La Commission nationale de la décentralisation, créée par la loi organique n° 001/2014 du 15 juin 2015, est placée sous l’autorité du chef du gouvernement. Elle est chargée de proposer des mesures concrètes pour mettre en œuvre la politique nationale de décentralisation, à partir des travaux du Comité technique. Cette première session, à laquelle ont participé des membres du gouvernement, des partenaires techniques et financiers ainsi que des représentants des collectivités locales, a permis de valider le Plan national de transfert des compétences. Ce document constitue la feuille de route pour un transfert progressif et structuré des attributions de l’État vers les entités locales.
Inscrite dans le sixième pilier du projet de société présidentiel, la décentralisation est appelée à devenir un véritable levier de développement équilibré sur tout le territoire. Avec ce lancement officiel, le chef de l’État entend poser les bases d’une gouvernance locale plus proche des réalités du terrain.

3 Commentaires
La décentralisation dans le contexte du Gabon appelle beaucoup… beaucoup de questions. Sans aller trop loin, j’ai souvenir de l’évocation dans la presse d’un mécanisme de transfert de compétences différencié, car, à l’évidence, et s’il n’y a pas différenciation, les collectivités territoriales ne seront pas toutes égales dans l’exercice des compétences tant le niveau de développement aujourd’hui et la démographie sont inégalitaires (difficile de demander à Port-Gentil et Minvoul, par exemple, de faire la même chose avec le même niveau d’efficacité). Vont-ils toujours aller dans cette voie avec une égalisation des compétences à lointaine échéance ? A mon avis se serait la meilleure solution.
Il y a un volet qu’on n’aborde jamais (du moins je n’ai rien vu dans la presse), c’ est celui de la déconcentration. Pourtant déconcentration et décentralisation vont de pair dans un Etat unitaire (le Gabon en est un). Car, l’Etat doit pouvoir toujours accompagner les collectivités territoriales dans l’exercice de leurs compétences. C’est par exemple l’Etat qui va informer les CT de la légalité s’imposant à elles dans des matières précises ; et c’est encore l’Etat qui contrôlera la validité juridique des actes des CT avant une éventuelle saisine du juge pour arbitrage. Au Gabon, le décret 724 relatif aux attributions des personnels de commandement est celui qui fixe les attributions des gouverneurs, préfets et sous-préfets. Si on s’intéresse au seul cas du contrôle juridique sur les actes des CT, le décret en question fait entrer ce contrôle dans les compétences des autorités mentionnées. Cependant, dans les faits, c’est encore au nviveau des organes centraux de l’Etat (ministère de l’intérieur) que le contrôle en question est opéré (s’il a vraiment lieu). J’ai déjà été en stage dans un gouvernorat et une préfecture au Gabon pour me rendre compte moi-même de la situation décrite. A l’époque, dans la préfecture où j’étais en stage, il n’y avait que le service d’état-civil. Une curiosité au regard des nombreuses attributions du préfet. Le gouverneur en place , à ce moment-là, m’avait fait part de sa volonté ferme de voir les attributions des personnels de commandements être enfin effectives. C’était un combat pour certains gouverneurs. Et cela se comprend : rendre effectives toutes les dispositions du décret 724 permettrait à ce personnel de commandement de ne plus être seulement des figures politiques (représentants du président de la république et du gouvernement), mais d’être aussi de véritables agents administratifs (ce qu’ils sont censés être ab initio) et les premiers interlocuteurs pertinents des CT. La décentralisation obéit à une volonté de rendre l’action publique plus efficace et au service du développement ; la déconcentration vise aussi l’efficacité de l’action publique et peut avoir une incidence sur le développement des territoires vu son rôle d’accompagnatrice des CT. Bref. Laissons de côté les grandes théories juridiques, pensons aux faits et disons-nous seulement qu’il est temps pour Libreville de faire autre chose que traiter des sujets qui peuvent avoir une réponse locale et plus adaptée.
cordialement
La décentralisation dans le contexte du Gabon appelle beaucoup… beaucoup de questions. Sans aller trop loin, j’ai souvenir de l’évocation dans la presse d’un mécanisme de transfert de compétences différencié, car, à l’évidence, et s’il n’y a pas différenciation, les collectivités territoriales ne seront pas toutes égales dans l’exercice des compétences tant le niveau de développement aujourd’hui et la démographie sont inégalitaires (difficile de demander à Port-Gentil et Minvoul, par exemple, de faire la même chose avec le même niveau d’efficacité). Vont-ils toujours aller dans cette voie avec une égalisation des compétences à lointaine échéance ? A mon avis se serait la meilleure solution.
Il y a un volet qu’on n’aborde jamais (du moins je n’ai rien vu dans la presse), c’ est celui de la déconcentration. Pourtant déconcentration et décentralisation vont de pair dans un Etat unitaire (le Gabon en est un). Car, l’Etat doit pouvoir toujours accompagner les collectivités territoriales dans l’exercice de leurs compétences. C’est par exemple l’Etat qui va informer les CT de la légalité s’imposant à elles dans des matières précises ; et c’est encore l’Etat qui contrôlera la validité juridique des actes des CT avant une éventuelle saisine du juge pour arbitrage. Au Gabon, le décret 724 relatif aux attributions des personnels de commandement est celui qui fixe les attributions des gouverneurs, préfets et sous-préfets. Si on s’intéresse au seul cas du contrôle juridique sur les actes des CT, le décret en question fait entrer ce contrôle dans les compétences des autorités mentionnées. Cependant, dans les faits, c’est encore au niveau des organes centraux de l’Etat (ministère de l’intérieur) que le contrôle en question est opéré (s’il a vraiment lieu). J’ai déjà été en stage dans un gouvernorat et une préfecture au Gabon pour me rendre compte moi-même de la situation décrite. A l’époque, dans la préfecture où j’étais en stage, il n’y avait que le service d’état-civil. Une curiosité au regard des nombreuses attributions du préfet. Le gouverneur en place , à ce moment-là, m’avait fait part de sa volonté ferme de voir les attributions des personnels de commandements être enfin effectives. C’était un combat pour certains gouverneurs. Et cela se comprend : rendre effectives toutes les dispositions du décret 724 permettrait à ce personnel de commandement de ne plus être seulement des figures politiques (représentants du président de la république et du gouvernement), mais d’être aussi de véritables agents administratifs (ce qu’ils sont censés être ab initio) et les premiers interlocuteurs pertinents des CT. La décentralisation obéit à une volonté de rendre l’action publique plus efficace et au service du développement ; la déconcentration vise aussi l’efficacité de l’action publique et peut avoir une incidence sur le développement des territoires vu son rôle d’accompagnatrice de la décentralisation.
Bref. Laissons de côté les grandes théories juridiques, pensons aux faits et disons-nous seulement qu’il est temps pour Libreville de faire autre chose que traiter des sujets qui peuvent avoir une réponse locale et plus adaptée.
cordialement
Bjr. La Décentralisation, c’est tout simplement donner l’argent aux collectivités locales afin de s’assumer. QUID DE LA GESTION ORTHODOXE DE CE POGNON ? Amen.