Gabon : «On peut bâtir sans détruire des vies», Bilie-By-Nze sur le dossier des déguerpissements

Au lendemain de sa visite sur les sites de déguerpissements et de destruction des habitations des quartiers Plaine-Orety, derrière l’Assemblée, Ambassade de Chine et de Russie, devenus un chaos à ciel ouvert, l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, président d’Ensemble pour le Gabon (EPG), a animé, ce mercredi 11 juin, une conférence de presse. Pour lui, «un pouvoir, aussi légitime soit-il, ne gagne rien à briser son propre peuple». «Il est encore temps de reculer, de revoir la copie et de trouver la solution la mieux adaptée pour les populations déjà impactées et en grande difficulté», a-t-il suggéré.

L’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, le 11 juin 2025, à Libreville. © GabonReview
Au déguerpissement et à la destruction des habitations des quartiers Plaine-Orety, derrière l’Assemblée, derrière l’Ambassade de Chine et de Russie, se succèdent désormais les angoisses, les incompréhensions, le désarroi et les questionnements. «L’État aurait pu mieux faire», estime une grande partie de la population gabonaise. Ancien Premier ministre, président de Ensemble pour le Gabon (EPG), Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien candidat à la dernière élection présidentielle, s’est exprimé, ce mercredi 11 juin, sur ce dossier qui alimente la chronique dans le pays entier. «Le chemin que vous avez emprunté n’est pas le bon. On peut bâtir sans détruire des vies», a-t-il déclaré, invitant le gouvernement à revoir sa copie.
«Il est encore temps de reculer, de revoir la copie et de trouver la solution la mieux adaptée»
Qu’on le veuille ou pas, l’affaire des déguerpissements dans la capitale gabonaise est en train de prendre une tournure inattendue. Depuis le début des destructions, de nombreuses familles sont encore à la belle étoile faute de moyens et de relogement. Au regard de la situation, l’ancien Premier ministre estime que «le Gabon traverse une séquence politique inédite».
Alors qu’il s’était gardé de prendre la parole publique afin de laisser à l’équipe gouvernementale nouvellement constituée de prendre ses marques, Bilie-By-Nze a décidé de reprendre cette parole «non pas en adversaire, mais en citoyen lucide qui sait qu’un pouvoir, aussi légitime soit-il, ne gagne rien à briser son propre peuple». Sur cette affaire de déguerpissement, il fait remarquer que «la question principale que pose cette opération, d’une très grande brutalité, ne réside pas sur les questions d’application ou non de la loi, mais sur la justice».
Dans ce sens, l’ancien patron de l’administration gabonaise cite une sagesse orientale indiquant qu’«on ne porte pas la hache au tronc de l’arbre qui t’a abrité pendant l’orage». Pour lui, «il est encore temps de reculer, de revoir la copie et de trouver la solution la mieux adaptée pour les populations déjà impactées et en grande difficulté».
«Le chemin que vous avez emprunté n’est pas le bon»
Aux autorités responsables de cette situation, il dit : «le chemin que vous avez emprunté n’est pas le bon. On peut bâtir sans détruire des vies. On peut réorganiser sans humilier. On peut assainir sans déshumaniser». Il suggère d’arrêter l’opération, de la réorganiser. S’il le souhaite, c’est que, rendu sur le terrain, plusieurs personnes impactées assuraient n’être pas concernées par les destructions. L’ancien candidat à l’élection présidentielle entrevoit dans ces démolitions une démarche s’acheminant vers des spéculations foncières. Ce, d’autant plus qu’à l’issue des déguerpissements, les terrains vont être valorisés et assurément proposés aux plus offrants.
À certaines voix affirmant que le chef de l’État, qui est également chef du gouvernement, n’est pas au fait de ces démolitions, l’ancien locataire du 2-Décembre rappelle qu’«une telle opération ne peut pas se faire si le président de la République n’est pas au courant». «Si tel est le cas, il ne mérite pas d’être président», a-t-il dit, ajoutant que «la loi sans la justice entraîne la barbarie».
Bilie-By-Nze s’offusque de même du fait que l’opération soit menée alors que les élèves s’apprêtaient à passer leurs examens de fin d’année. «Ce régime est aveugle, il faut qu’il se ressaisisse», a-t-il déclaré, s’exprimant également sur le fait que le gouvernement ne puisse pas avoir la liste des indemnisés. Selon lui, «le trésor public doit avoir le dossier puisque, quand on paie, on sait qui on paie et pourquoi on paie». À moins qu’on veuille cacher des choses.

2 Commentaires
Il ne fait aucun doute que cet homme présente des traits profondément narcissiques. Opportuniste sans réelle empathie, il manipule les émotions des gens à son avantage. Qu’il se détrompe : il ne dépassera jamais les 3 % d’opinions favorables dans notre pays. Le jour où 10 % des Gabonais souhaiteront véritablement le départ d’Oligui, une personnalité bien plus crédible émergera naturellement pour incarner l’opposition.
Nous ne sommes pas aussi naïfs qu’il semble le croire. Comparer les Gabonais aux foules qui, selon lui, acclamaient Jésus avant de réclamer sa crucifixion, revient à dire que le peuple est stupide, facilement manipulable, et toujours prêt à trahir. Ce mépris, cette arrogance, ces paroles blessantes à l’égard d’un peuple meurtri sont autant d’obstacles qui te disqualifient moralement. Après tant de condescendance, comment peux-tu encore espérer trouver une place dans le cœur des Gabonais ?
Comment croire qu’un homme ayant jadis défendu avec acharnement des violences et des pertes humaines pour se maintenir au pouvoir serait aujourd’hui sincère lorsqu’il prétend se soucier du sort des déguerpis ? Contrairement à ce que vous faisiez sous le régime d’Ali Bongo, il existe ici, au moins, un véritable plan de relogement.
Bjr. Morceau aux choix:
1-qu’«une telle opération ne peut pas se faire si le président de la République n’est pas au courant;
2-soit menée alors que les élèves s’apprêtaient à passer leurs examens de fin d’année;
3-le trésor public doit avoir le dossier puisque, quand on paie, on sait qui on paie et pourquoi on paie.
N.B: Dire ces 3 choses relèvent du naturel. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas le PR du RPG énonce les choses clairement sous forme de constat pour proposer. Amen.