L’or n’est pas seulement un métal précieux : c’est une assurance souveraine, une garantie de stabilité et un gage de crédibilité. Comment expliquer que le Gabon, producteur d’or et désormais doté d’une raffinerie moderne, n’ait pas encore constitué la moindre réserve stratégique ? Alors que ses voisins comme le Cameroun et ses partenaires s’arment de lingots pour garantir leur souveraineté, Libreville reste les coffres vides. Le temps n’est-il pas venu, pour le Gabon, de transformer ses richesses aurifères en réserve nationale, afin de préparer l’avenir plutôt que de le subir ?

Détenir un stock national d’or, c’est envoyer au monde le message d’un État solide et prévoyant, capable de résister aux turbulences. © GabonReview

 

Officiellement, le Gabon extrait près de deux tonnes d’or par an, tandis que ses ressources nationales sont évaluées à environ quarante tonnes. L’ouverture en 2023 de la Raffinerie Gabonaise de l’Or (ROG), première infrastructure de ce type en Afrique centrale, marque une volonté affichée de transformer localement et de capter la valeur ajoutée. Mais ce progrès industriel masque une réalité dérangeante : aucune réserve nationale d’or n’a encore été constituée, encore moins envisagée.

Le contraste est saisissant. Tandis que les exportations oscillent et que l’or clandestin circule dans l’ombre des forêts, l’État demeure spectateur, incapable de traduire ce potentiel en un instrument tangible de souveraineté.

Or : l’assurance souveraine par excellence

Dans l’histoire monétaire, l’or n’a jamais cessé d’incarner la valeur refuge ultime. Il protège contre l’inflation, renforce la crédibilité d’une monnaie, et offre une liquidité immédiate en cas de crise. À l’échelle africaine, des pays producteurs comme l’Afrique du Sud conservent plus de 120 tonnes, et des États stratégiques comme l’Algérie ou l’Égypte en détiennent respectivement 173 et 126 tonnes. Même le Cameroun, pourtant absent du peloton de tête, a entrepris de bâtir ses propres stocks.

Que dit, dans ce concert continental, le silence des coffres gabonais ? Il dit : voilà un pays qui clame vouloir diversifier son économie, mais qui néglige le seul actif capable de lui offrir une crédibilité immédiate auprès des marchés et une assurance souveraine face aux turbulences internationales.

L’urgence d’un choix stratégique

Ne pas constituer de réserve nationale d’or, c’est laisser s’évaporer un levier majeur de stabilité. L’or demeure la valeur refuge par excellence : il conserve sa valeur quand les monnaies vacillent, protège contre l’inflation et inspire confiance aux marchés. Dans un contexte de crises récurrentes, il agit comme un rempart financier, une garantie universelle de crédibilité. Détenir un stock national, c’est envoyer au monde le message d’un État solide et prévoyant, capable de résister aux turbulences.

Au-delà de cette dimension symbolique, l’or constitue aussi un instrument pratique de souveraineté. Il diversifie les réserves nationales, compense la volatilité des devises et assure une indépendance face aux risques de sanctions ou de saisies extérieures. Sa liquidité universelle en fait un actif mobilisable à tout moment, qu’il s’agisse d’importer des biens vitaux ou de stabiliser la monnaie. Enfin, sur le long terme, il préserve la richesse nationale et protège les générations futures contre l’érosion de la valeur. Ignorer cette réalité serait un pari risqué ; s’y engager, au contraire, placerait le Gabon sur le chemin d’une véritable assurance souveraine.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Très bonne observation. Il est temps que le pays se dote d’un système de réserves de l’ensemble de ses ressources naturelles.

Poster un commentaire