Gestion des fonds Covid-19 au Gabon : la Cour des comptes répond (enfin) au Copil Citoyen

Trois ans après les premières interpellations de la société civile, une lueur d’espoir semble poindre à l’horizon dans le dossier opaque de la gestion des fonds Covid-19 au Gabon. La Cour des comptes a récemment donné suite à la demande du Copil Citoyen pour l’ouverture d’une enquête formelle. Une avancée significative, dans un contexte où les voix appelant à la transparence et à la reddition des comptes se sont faites de plus en plus pressantes.

Guy Patrick Obiang Ndong, ministre de la Santé à l’époque, incarnait la stratégie nationale de riposte contre le Covid-19. © D.R.
Depuis 2022, le collectif citoyen piloté par Geoffroy Foumboula Libeka Makosso multiplie les démarches pour obtenir une clarification sur l’usage de «plus de 503 milliards de francs CFA annoncés ou mobilisés» pour faire face à la pandémie. Guy Patrick Obiang Ndong, ministre de la Santé à l’époque, incarnait la stratégie nationale de riposte contre le Covid-19. C’est sous sa tutelle que la gestion des achats de matériel, des campagnes de dépistage et des vaccins s’est organisée : une gestion aujourd’hui vivement contestée. Malgré des alertes répétées et le dépôt de plusieurs requêtes, les institutions compétentes étaient restées sourdes aux appels. Mais cette année, l’étau semble se resserrer.
Le Copil Citoyen a relancé ses démarches, déposant une série de documents accablants, dont son propre audit ainsi que ceux du cabinet Deloitte missionné par les autorités, auprès du ministère de la Justice, du tribunal de Libreville où, indique Geoffroy Foumboula, «un rendez-vous est fixé au 4 juin 2025 avec le procureur de la République». Mais aussi, auprès de la Cour des comptes, de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLEI), et de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM dit B2). Les conclusions des audits feraient état de dépenses non justifiées, de surfacturations, et de services non exécutés malgré paiements.
Le Gabon suivra-t-il l’exemple du Sénégal ?
Ce, révélant de potentielles malversations à grande échelle. La société civile exige désormais des comptes et réclame une «justice exemplaire», condition sine qua non à la moralisation de la gouvernance publique dans le contexte de la nouvelle République. Cette exigence de rigueur judiciaire renvoie à l’exemple du Sénégal, où des membres du gouvernement durant la pandémie, ont été placés en détention suite à des scandales similaires sur les fonds Covid. Le Gabon suivra-t-il cette voie de responsabilité et de justice ? La question reste posée et pour Geoffroy Foumboula, la lutte contre les détournements de fonds publics passe par l’effectivité de la justice.
Alors que la transition politique post-Bongo a ravivé les attentes populaires en matière de bonne gouvernance, cette affaire constitue donc un test grandeur nature pour les institutions judiciaires gabonaises. Le peuple gabonais, qui dit avoir été durement éprouvé par la crise sanitaire et les restrictions qu’elle a imposées, attend des réponses : pas des promesses. Beaucoup espèrent que cette fois, aucune procédure ne devra être enterrée sous les silences administratifs ou les lenteurs politiques. Pour eux, dans un pays en quête de renouveau démocratique, la justice doit non seulement se saisir des dossiers, mais aller au bout.

1 Commentaire
Bjr. Bassé !!!