Grand-Libreville : l’étranglement plastique des plages

Au Gabon, les plages du Grand Libreville suffoquent sous des tonnes de déchets, principalement plastiques. Face à une pollution qui menace les écosystèmes marins et la santé publique, le ministre de l’Environnement Mays Mouissi tire la sonnette d’alarme. Il appelle à un changement urgent de comportement et à une mobilisation nationale contre l’usage abusif du plastique.

Déchets sur une plage du Grand Libreville. © ONG RGEDD
Dans le Grand Libreville, les plages sont sous plastique. De La sablière à Razel en passant par le Lycée Léon Mba, sous le sable chaud, l’eau limpide, avec les vagues qui s’écrasent doucement sur le rivage, des déchets plastiques s’incrustent dans le paysage comme une cicatrice. Des bouchons colorés, des sacs translucides, et surtout, des bouteilles, des centaines de bouteilles d’un endroit à l’autre. Dans le Grand Libreville, le plastique n’est plus un simple polluant. Gravé dans le décor, il devient chaque jour un peu plus, une menace vitale. D’une plage à l’autre, des bénévoles se succèdent pour enlever ce décor indésirable.
Des plages asphyxiées
Sur la plage de La Sablière, des bénévoles de l’association La Légion Bleue s’affairent. Gants, sacs-poubelle, et patience en main, ils ramassent tout ce qui pourrait finir dans l’estomac d’une tortue ou étouffer un récif de corail. En 2024, l’organisation a mené 34 opérations de nettoyage sur les plages du Grand Libreville. Résultat : 12 tonnes de déchets collectés dont la moitié rien qu’en bouteilles plastiques. À la clé, 13 078 unités ramassées. «Ces chiffres parlent d’eux-mêmes», lance le ministre gabonais de l’Environnement, Mays Mouissi, sur la toile. Inquiet, il pose un constat : «la pollution plastique est une menace réelle pour notre écosystème côtier. Elle étouffe les plages, tue la biodiversité marine et dégrade notre qualité de vie».
Au fil des années, la capitale gabonaise et ses environs ont vu les déchets s’accumuler sur les rivages, charriés par les eaux, abandonnés après des pique-niques, ou rejetés par des systèmes de gestion urbaine dépassés. Sur certains sites, on trouve plus de plastique que de sable. «Il ne suffit plus de nettoyer, il faut s’interroger sur notre manière de consommer, de jeter, de vivre», confiait récemment un membre d’une association de lutte contre les déchets plastiques. Mays Mouissi ne dit pas autre chose. «Il est urgent de repenser notre rapport au plastique pour préserver durablement notre environnement», estime-t-il. Pour lui, le combat est à la fois écologique, économique et sanitaire.
La responsabilisation de tous
Les microplastiques, devenus omniprésents, menacent les ressources marines et la santé humaine. Les pêcheurs se plaignent de prises de plus en plus rares, les habitants dénoncent les odeurs et l’insalubrité croissante, et les touristes pourraient déserter certaines plages. Si l’engagement des associations est salué par les autorités, le ministre appelle à ne pas leur laisser seules la responsabilité de ce combat. Les actions citoyennes sont pour ainsi dire, essentielles, mais elles ne doivent pas se substituer à une réponse structurelle et ambitieuse de l’État. Cela sous-tend d’ailleurs l’idée d’envisager désormais un renforcement du cadre réglementaire.
Extension des interdictions à d’autres plastiques à usage unique, encouragement à la fabrication d’emballages biodégradables, promotion du tri et du recyclage, et campagnes de sensibilisation dans les écoles, sont évoqués et l’idée de repenser les habitudes sur les plages, une urgence vitale. «Le combat contre la pollution plastique ne se gagnera que si chacun accepte de remettre en question ses habitudes», estiment les protecteurs de l’environnement d’autant plus que chaque jour, la mer ramène plusieurs déchets plastiques.

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