Le projet « Dignité en détention », lancé officiellement le 3 juillet 2025 à Libreville par les ONG SOS Prisonniers Gabon et Agir ensemble pour les droits humains, ambitionne de faire de la dignité humaine un principe effectif derrière les murs des prisons gabonaises. Financé à hauteur de 500 000 euros par l’Union européenne, ce programme sur deux ans vise à renforcer les capacités des organisations de la société civile engagées pour les droits des détenus, tout en améliorant concrètement leurs conditions de vie, notamment pour les publics les plus vulnérables. Face aux défis persistants du système carcéral, il mobilise ONG, institutions judiciaires, autorités publiques et partenaires internationaux autour d’un impératif commun : humaniser la détention.

« Dignité en détention » a pour ambition de restaurer la dignité humaine dans les établissements carcéraux gabonais. © D.R.

 

En présence des représentants du ministère de la Justice, de l’administration pénitentiaire et d’une diversité d’acteurs institutionnels et associatifs, le projet « Dignité en détention » a été lancé le 3 juillet 2025 avec pour ambition de restaurer la dignité humaine dans les établissements carcéraux gabonais. Son objectif est double : renforcer les capacités des organisations de la société civile œuvrant dans le domaine des droits humains, et améliorer concrètement les conditions de détention des populations les plus vulnérables femmes, enfants, personnes en situation de handicap, malades, étrangers et minorités.

S’inscrivant dans un contexte marqué par une surpopulation carcérale chronique et un recours excessif à la détention préventive, le projet intervient comme une réponse concrète aux multiples alertes émises par des institutions internationales. « En 2024, le Sous-Comité pour la prévention de la torture s’est dit préoccupé par l’absence de progrès significatif depuis sa mission de 2013 », a rappelé l’ambassadrice de l’Union européenne au Gabon, Cécile Abadie.

Un financement européen pour un engagement sur deux ans

Photo de famille pour immortaliser le lancement projet « Dignité en détention ». © D.R.

Doté d’un budget de 328 millions de francs CFA, financé par l’Union européenne, le projet s’étend sur une période de deux ans, de février 2025 à janvier 2027. Il prévoit plusieurs actions prioritaires : formation des personnels de sécurité pénitentiaire et des officiers de police judiciaire, accompagnement juridique des détenus, création d’une permanence téléphonique d’écoute et d’orientation, et appui aux démarches de réinsertion post-carcérale.

« Ce projet vise à renforcer la prise en compte et l’application des droits humains dans les établissements pénitentiaires du Gabon. Il répond à un défi principal : le respect des droits fondamentaux des personnes détenues », a précisé Lionel Ella Engonga, président de SOS Prisonniers Gabon.

Une approche inclusive et multi-acteurs

L’un des fondements du projet repose sur la mise en synergie des efforts entre acteurs de la société civile, institutions publiques, personnel pénitentiaire et population générale. « Le projet s’adresse à toutes les parties prenantes : les associations locales, les jeunes, les anciens détenus, les administrations publiques. Il encourage aussi le dialogue constructif avec les pouvoirs publics », a souligné l’ambassadrice de l’UE.

Pour le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Bertrand Homa Moussavou, ce projet marque un tournant symbolique et historique : « La dignité doit devenir irréductible, humaine, quels que soient les endroits où les humains se trouvent. Il faut de la volonté politique pour initier une réforme pénitentiaire à visage humain. Cette année, cela fait 100 ans que les prisons gabonaises existent. N’est-il pas temps de penser à la ressocialisation ? »

Les voix institutionnelles, parlementaires et associatives s’accordent sur la nécessité d’un engagement collectif pour transformer le système carcéral. Le vice-président de l’Assemblée nationale de Transition, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, l’a exprimé avec gravité : « Nous sommes tous des prisonniers en sursis. Le travail à faire en faveur de ce projet permettra d’améliorer les conditions de détention. Le Parlement œuvre déjà à la défense des droits humains, notamment par la mise en place de plusieurs mécanismes. »

Au-delà des activités programmées, « Dignité en détention » veut susciter une prise de conscience collective sur la nécessité d’une politique carcérale orientée vers la réhabilitation et la réinsertion. Son succès dépendra de l’implication durable de tous les acteurs, de la volonté politique et d’un engagement fort en faveur des droits fondamentaux. Un pari pour l’avenir, qui place l’humanité au cœur de la justice. Cécile Abadie a insisté sur cette vision :  « La détention doit être un moment de reconstruction. Ce projet n’a pas la prétention de tout résoudre, mais il apporte sa brique à l’édifice».

 
GR
 

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