Jeux de hasard : Au Gabon, l’État reprend la main

Longtemps considérés comme l’«angle mort» de l’économie nationale, les jeux de hasard devraient bientôt bénéficier d’un regard plus pointilleux de la part du gouvernement qui, aidé par une entreprise canadienne, ST Media INC., envisage de mettre en place une plateforme permettant une régulation complète du secteur, ainsi que la traçabilité des flux financiers et la garantie des gains des parieurs, entre autres.

Au Gabon, l’Etat n’entend plus laisser sans surveillance le secteur des jeux de hasard. © Jeune Afrique
Réuni en Conseil des ministres le 12 août, l’Exécutif a dénoncé une série de dérives préoccupantes liées aux jeux de hasard au Gabon : la prolifération d’opérateurs illégaux, le non-respect de la réglementation, l’implantation sauvage d’intégrateurs privés, les flux financiers opaques, et l’utilisation de moyens de paiement non conformes à la réglementation en zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Face à «l’absence de visibilité et de contrôle effectif par l’État», les autorités annoncent une réponse technologique et stratégique : la création d’un intégrateur-agrégateur national.
Confiée à la société gabonaise e-Tech SAS, en partenariat avec l’entreprise canadienne ST Media INC., cette plateforme centralisée vise à assurer la traçabilité des flux financiers, garantir les gains des parieurs, optimiser la fiscalité du secteur, créer des emplois locaux, suivre les risques d’addiction et protéger les différents acteurs du marché. Selon le communiqué officiel, cette réforme ne vise pas à entraver les opérateurs déjà en activité, mais plutôt à leur offrir un cadre modernisé, transparent et équitable. L’objectif est donc d’assurer un environnement sain et équitable, tout en protégeant les consommateurs.
Vers une digitalisation complète du secteur
«Cette initiative, défend le Palais, s’inscrit dans la stratégie de digitalisation des trois catégories de jeux de hasard au Gabon, voulue par le président de la République, chef de l’État, chef du gouvernement.» Il s’agit donc d’une stratégie plus large de digitalisation, marquant une volonté politique affirmée de replacer l’État au cœur de la régulation d’un secteur à fort enjeu économique et social, longtemps considéré comme l’«angle mort» de l’économie nationale.
En parallèle, à l’issue des travaux de la Commission supérieure sur les jeux de hasard, présidée par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault, les autorités avaient lancé le 21 mai dernier un ultimatum aux opérateurs non conformes, leur enjoignant de se mettre en règle dans un délai de 72 heures sous peine de sanctions. Cette offensive réglementaire montrait déjà la détermination du gouvernement de redessiner les contours d’un marché longtemps laissé à lui-même.

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