Législatives et locales 2025 : l’UDB va-t-elle batailler contre ses propres alliés ?

Ouvrant l’opération de sélection de ses candidats aux élections législatives et locales de septembre 2025, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), a semblé donner un signal fort : contrôler la désignation de ses représentants en abandonnant les primaires internes au profit d’une étude centralisée des dossiers. La liste des candidats investis sera rendue publique très bientôt mais une question est en suspens : le nouveau parti présidentiel affrontera-t-il ses alliés sur le terrain électoral ?

L’UDB veut tous les sièges, mais peut-elle affronter ses alliés sans fracturer sa majorité ? Le parti présidentiel ne s’expose-t-il pas au syndrome des alliances sacrifiées ? © D.R.
Pour la sélection de ses candidats aux élections législatives et locales, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) a abandonné l’idée de primaires internes, optant pour une étude centralisée des dossiers de candidature. Alors que la liste des candidats investis sera publiée le 23 juillet, selon la note d’orientation sur les candidatures, la question des alliances reste absente. De quoi susciter de vives interrogations d’autant plus que plusieurs acteurs et partis politiques comme le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) d’Alexandre Barro Chambrier, l’Union nationale (UN) de Paulette Missambo ou encore le Parti Démocratique Gabonais (PDG) de Blaise Louembe, se sont positionnés comme des alliés au pouvoir et entendent bien participer à ces échéances.
Risquent-ils de se voir marginalisés, sans partage clair des circonscriptions ? L’UDB a affiché une volonté de présenter des candidats sur tous les sièges n’évoquant le consensus qu’en interne. La question de savoir si le nouveau parti présidentiel va se battre sur le terrain contre ses propres alliés se pose donc avec acuité. Dans le passé, cette stratégie a causé des tensions. L’ex-parti au pouvoir avait suscité frustration et dissidences en confinant ses alliés à des rôles secondaires.
S’il est vrai que le parti ne s’est pas encore, clairement, exprimé sur l’idée d’une majorité présidentielle, il clame son ouverture et l’épreuve électorale pourrait être un test. Au Gabon où la période de dépôt des candidatures au ministère de l’Intérieur est fixée du 27 juillet au 7 août, reste à voir si ce laps de temps sera mis à profit pour nouer des compromis ou clarifier la stratégie de coalition du camp présidentiel.

1 Commentaire
Je pense que cette orientation est bénéfique pour Oligui lui-même, mais aussi pour les partis bien actifs comme l’UN et le RPM, et pour la démocratie au Gabon. C’est parce que les Bongos voulaient acheter tout le monde que le pays a coulé. Les alliances politiques, lorsqu’elles sont fondées sur des compromis douteux, des chantages et des partages de postes, finissent par nuire au jeu démocratique. Être un parti politique, c’est avant tout porter un idéal propre. Dans le cas contraire, autant se laisser absorber ou fusionner. Chaque formation devrait pouvoir démontrer sa valeur sur le terrain, sans avoir à s’effacer derrière des accords stratégiques.
Être en alliance pour soutenir ou diriger l’exécutif ne signifie pas qu’une coalition s’impose également pour les législatives. Ces deux pouvoirs ont des rôles distincts. Certes, un exécutif a besoin d’un Parlement qui soutient ses projets, et non qui les bloque systématiquement. Pour autant, un parti peut légitimement souhaiter conserver son autonomie afin de défendre au Parlement les réformes et projets législatifs qui reflètent sa vision politique.
L’Union Nationale et le RPM, qui figurent parmi les premières forces politiques à s’être engagées dans le combat pour la libération du Gabon, ont tout à gagner à affirmer leur valeur sur le terrain, sans nécessairement s’allier au pouvoir issu du coup d’État puis de la transition. C’est au peuple de ne pas tourner le dos à ces anciens combattants de la démocratie, au risque de laisser libre cours aux forces absolutistes hostiles au pluralisme.
Cette liberté d’action des différentes formations politiques annonce une législature animée et potentiellement salutaire. D’un côté, une UDB qui semble hériter des pratiques douteuses du PDG ; de l’autre, une opposition dynamique formée par l’UN, le RPM, la société civile dont fait partie Foumboula Groupe et d’autres partis capables de constituer une majorité bloquante pour contrer toute tentative de retour aux dérives autoritaires des années Bongo.