Litige foncier : À Angondjé, la SNI, Olam et les intrigues autour du foncier

À Angondjé, dans la commune d’Akanda, se déroule une affaire de manipulation, de vente opaque, de bornage illégal des terres publiques mêlant la Société nationale immobilière (SNI), Olam et les populations de cette zone de la section YT5. Résumé de ce qui s’apparente à un véritablement détournement du patrimoine foncier destiné aux logements sociaux.

À Angondjé, les habitants pourtant installés sur ces espaces depuis des lustres font face à des intimidations, à des menaces de déguerpissements. © D.R.
Cette affaire de manipulation, de vente opaque et de bornage illégal des terres publiques destinées à recevoir des logements sociaux est révélée par l’hebdomadaire «La loupe» dans sa parution du 2 juillet 2025. Dans ses colonnes, notre confrère a enquêté sur cette «affaire où le foncier se vend… comme un bien privé» et où les populations installées depuis des décennies font face à des menaces de déguerpissement sans de réels fondements et d’intimidation.
«Des armoiries de la République utilisées frauduleusement»
L’article, intitulé «Andodjé en otage foncier : la SNI, Olam et la grande manipulation des terres publiques», invoque une affaire qui puise ses origines depuis plus d’une dizaine d’années et concerne une portion de terrain d’au moins 22 hectares, dans la section YQ1, située en face du stade de l’Amitié et du lycée de l’excellence. Le journal explique en effet que, par décret n°000449, cet espace avait été attribué à la SNI. Décret qui a été, plus tard, annulé par la Déclaration d’utilité publique (DUP) n°000401. Et ce, au projet de l’État dans le but de l’édification de la cité Alhambra 3, notamment sous la gestion de la Société nationale de logements sociaux (SNLS).
Malgré cette avancée dans le dossier, la SNI serait revenue à la charge, selon l’hebdomadaire, en vue de récupérer ce terrain. Cette fois, elle sollicite le ministre de l’habitat. Toutes choses ayant jeté la confusion dans la gestion de ce dossier. Qu’à cela ne tienne, en 2018, explique notre source, après la fusion-absorption de la SNLS par la SNI, elle a repris officiellement la main.
On apprend que trois (3) ans avant cette fusion, la SNI a présenté un plan de bornage établi par un cabinet privé. Un plan ayant les en-têtes du ministère de l’Habitat et de l’Agence nationale des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC) «pourtant seule habilitée, depuis le décret n°01500/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011, à vendre, borner et gérer le foncier de l’État». «Des armoiries de la République utilisées frauduleusement», dit-on.
Des ventes sans ordonnance judiciaire
Or, en dépit de ce qui apparaît donc comme «irrégularités», la SNI a malgré tout entrepris de vendre les parcelles de section YQ1 à Olam, mais aussi à Cofina et à Mohamed Aliou Saliou, ancien directeur de cabinet adjoint de l’ancien président Ali Bongo Ondimba. «La Loupe» insiste sur le fait que «ces ventes s’opèrent sans ordonnance judiciaire, en violation totale du décret 0257/PR/MECIT du 19 juin 2012 régissant les terres domaniales».
À ce niveau, on évoque «un véritable détournement du patrimoine foncier destiné aux logements sociaux». Mais, ce n’est pas tout. En 2024, explique le confrère, le scandale a pris une autre tournure, notamment sous la Transition. «Des employés d’Olam, jusque-là invisibles, surgissent pour revendiquer non pas la section YQ1 achetée par leur entreprise…, mais la section YT5», fait savoir La Loupe, qui ajoute qu’il s’agit d’une zone où vivent des familles gabonaises depuis des décennies.
En outre, on apprend que, hormis l’unique maison témoin bâtie par Olam à la lisière des parcelles YQ1 et YT5, la seule infrastructure reste la Cité Alhambra 3, érigée par la SNLS. Or, indique la source, c’est justement l’endroit où se trouve la maison témoin d’Olam que la SNI avait vendu à Mohamed Aliou Saliou. Mystère donc !
La SNI semble manipuler les plans, statuts et procède à des ventes illégales
À ce jour, les habitants pourtant installés sur ces espaces depuis des lustres font face à des intimidations, à des menaces de déguerpissements «sans aucun acte légal présenté». «Aucun plan cadastral, aucun titre, aucune décision de judiciaire ne rattache la section YT5 à Olam ou à la SNI», fait-on observer, précisant qu’une voie de 30 mètres sépare formelle les deux sections.
Eu égard à ce qui se trame de ce côté d’Angondjé, des questions se posent avec acuité : «qui tire les marrons du feu dans cette affaire ? Que dit l’État via le ministère de l’Habitat ? Pourquoi justement garder le silence face à ce qui s’apparente à un usage abusif des armoiries de la République par un cabinet privé?». On n’omet pas de se questionner sur la SNI, qui semble manipuler les plans, statuts et procède à des ventes illégales.
Quoi qu’il en soit, cette affaire met au goût du jour des manipulations dans les dossiers publics, un système désordonné, opaque et potentiellement mafieux autour de la gestion du foncier public. Mais, elle met aussi les familles gabonaises dans le désarroi, la détresse et l’indignation.

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