Pétri d’expérience au bout d’une trentaine d’années dans la pratique du journaliste, ancien responsable de la Presse présidentielle et de la chaîne nationale de télévision, Sylvain Abessolo a présenté, le  1er juillet, son opus intitulé «Le chemin de la vocation». Un récit testimonial, une autobiographie,  qui à travers son personnage, Oloui, paru en mai dernier, fait la lumière sur le journalisme et ses méandres au Gabon. Plongé dans ce premier jet paru aux éditions Le Savoir. 

Vue de la première de couverture de «Le chemin de la vocation» de Sylvain Abessolo, dédicacé, le 1er juillet 2025, au Palais Léon Mba. © GabonReview

 

Un peu en retrait du journaliste qu’il a pratiqué pendant près d’une trentaine d’années, Sylvain Abessolo, des yeux d’expert et de témoin de l’histoire, a décidé de parler du métier et de ses tares. Pour le faire, il a choisi le récit. «Le chemin de la vocation» est le titre sous lequel il évoque cette profession dans laquelle certains «entrent par effraction», où il y a la quasi-mainmise de l’État et les coups tordus entre collègues.

Une écriture du dévoilement

Dans cet ouvrage de 155 pages et de 6 chapitres, publié aux éditions Le Savoir, dédicacé en présence du président de la Haute autorité de la communication (Hac), Ngoyo Moussavou, des professionnels de la communication et des médias, ainsi qu’en présence de l’éditrice, Honorine Ngou, et du critique littéraire, le professeur Steeve Renombo, Sylvain Abessolo brosse les insuffisances, les incongruités de ce secteur. Paru aux éditions Le Savoir, en mai dernier, «Le chemin de la vocation» est un récit autobiographique inspiré des faits réels, du vécu professionnel de cette icône des médias audiovisuels publics. Un livre dans lequel l’auteur veut un système de communication repensé, pour s’adapter aux exigences de la cinquième République.

Pour l’éditrice et préfacière, son écriture est celle du dévoilement. «Il se dévoile, dévoile sa vie professionnelle qu’il voulait grandiose, mais dans un environnement où le mérite, la compétence est remplacée par la médiocrité». Dans son texte, il n’est donc pas pour un journaliste au rabais. D’où le focus sur tous les maux qui gangrènent ce métier, partant des coups bas entre collègues, des intrigues en tous genres, aux autocensures des seigneurs du micro eux-mêmes, en passant par l’hyper présence et influence de l’Exécutif dans le travail des journalistes.

Pour Honorine Ngou, enseignante des universités à la retraite, «ce récit est profondément autobiographique» et l’auteur y pose des questions sociales, professionnelles, pédagogiques et déontologiques. «Son héros est un héros romantique s’érigeant contre le conformisme», a déclaré l’éditrice, non sans indiquer que les mots compétence, talent, formation… reviennent dans le texte comme un leitmotiv. En ce sens, Sylvain Abessolo y revendique, à travers son personnage, la liberté de la presse, jadis sous pression. 

Une «littérature utilitaire» avec une «constellation de savoirs»

Instantanés de la dédicace de «Le chemin de la vocation». © GabonReview

Faisant une lecture critique de cette œuvre, le Pr Renombo invoque une «littérature utilitaire» avec une «constellation de savoirs», opérant une radioscopie de l’univers audiovisuel et invitant même aux réformes. «Cette œuvre peut être une source d’inspiration pour la formulation de nouvelles politiques publiques visant à réformer le secteur de l’audiovisuel», a-t-il dit, notant que la seconde valeur ajoutée concerne la responsabilité générationnelle et la nécessité de témoigner. 

Et c’est dit dans l’ouvrage, précise-t-il : «chaque génération a la responsabilité de baliser le chemin pour les générations suivantes». L’enseignant de critique littéraire à l’Université Omar-Bongo indique que «pour ce faire, il faut que tous les hommes qui auront capitalisé une expérience dans un secteur professionnel précis aient à consigner cette expérience par écrit afin qu’elle puisse être transmise aux générations suivantes, pour que cette expérience puisse éclairer leur chemin».

Face à son public, venu bien nombreux pour cette dédicace, l’auteur ému, a déclaré qu’il est un féru, outre de son feu père, de Jean Philippe Oyono ; ce journaliste gabonais émérite, décédé en 1985, avec d’autres collègues, dans le crash d’un hélicoptère, à Makongognio. 

«Une invitation à l’affirmation de soi, au mérite, à l’abnégation pour affirmer sa vocation»

Pour Sylvain Abessolo, la presse a atteint «un tel niveau de dépendance qu’on doit en rechercher l’origine dans les législations et les mécanismes internes aux médias qui ne sont pas forcément perceptibles par le public». Il dénonce par ailleurs la connivence courante entre les élites du monde politique et la presse, qui a pour conséquence, la fragilisation de la confiance du public vis-à-vis des médias, ainsi que les entorses à la liberté d’informer qui se produisent sur fond d’intérêts politiques et économiques grandissants.

Reconnaissant que tout n’est pas à jeter aux orties, l’auteur souligne que son livre est «une invitation à l’affirmation de soi, au mérite, à l’abnégation pour affirmer sa vocation». Il contient des conseils et est un outil d’analyse, une œuvre humaine. 

Comme le dit Sylvain Abessolo, «à l’heure de la naissance de la 5e République, il s’agit pour les médias de prendre leurs places et toutes leurs places dans la restauration des valeurs d’éthiques et de méritocratie». Ouvrage de 155 pages et de 6 chapitres, «Le chemin de la vocation» est un «récit empreint de sincérité et de pédagogie». Il «transmet les valeurs fondamentales de l’éthique journalistique, en phase avec les exigences de la société actuelle». 

 
GR
 

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