L’arrivée de Massad Boulos, conseiller spécial du président américain Donald Trump pour l’Afrique, à Libreville à la veille de l’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema, consacre un tournant diplomatique majeur. Alors que seize chefs d’État africains sont attendus au stade d’Angondjé pour cette cérémonie historique, la présence de l’émissaire américain traduit l’ambition renouvelée de Washington sur le continent, entre enjeux stratégiques, sécurité régionale et recomposition des influences.

La présence de Massad Boulos à l’investiture d’Oligui Nguema, à Libreville, incarne le retour assumé d’une Amérique qui ne veut plus observer l’Afrique, mais y redessiner les équilibres. © GabonReview

 

C’est un geste diplomatique lourd de sens. Massad Boulos, récemment nommé conseiller spécial du président américain Donald Trump pour l’Afrique, a foulé le sol gabonais ce vendredi 2 mai 2025, à la veille de l’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président de la République gabonaise avec 94,85 % des suffrages exprimés le 12 avril dernier. Sa présence, confirmée par une source proche de l’organisation de l’évènement, illustre la volonté de Washington de raffermir ses liens avec le continent à un moment charnière.

Une investiture à ciel ouvert, symbole d’un tournant politique

L’investiture du général-président Oligui Nguema, prévue ce samedi 3 mai au stade de l’amitié sino-gabonaise d’Angondjé, s’annonce historique à plus d’un titre. Pour la première fois dans l’histoire du pays, la cérémonie se déroulera dans une enceinte ouverte au public, pouvant accueillir jusqu’à 40 000 personnes, loin du cérémonial feutré du palais présidentiel. Une manière pour le nouveau chef de l’État d’affirmer un tournant politique, en associant visiblement la population à cet acte de souveraineté.

Mais au-delà du symbole national, l’événement prend une dimension internationale. Seize chefs d’État africains auraient confirmé leur présence, parmi lesquels Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée Équatoriale). Dans cette mosaïque diplomatique, la délégation américaine menée par Massad Boulos fait figure d’observateur stratégique, engagé sur plusieurs fronts.

Un conseiller stratégique au cœur des tensions régionales

D’origine libanaise et devenu proche de la famille Trump par alliance – son fils étant l’époux de Tiffany Trump – Massad Boulos incarne le relais d’un repositionnement géopolitique des États-Unis en Afrique. Ancien conseiller pour les pays arabes et du Moyen-Orient, il a vu son portefeuille élargi au continent africain, à un moment où les États-Unis entendent contrer les influences concurrentes, notamment chinoise et russe.

Sa visite à Libreville s’inscrit dans une tournée régionale à forte teneur diplomatique. Le 3 avril dernier, il rencontrait déjà Félix Tshisekedi à Kinshasa, dans un contexte de tensions aiguës dans l’Est de la RDC. Il y avait déclaré sans détour : «La position des États-Unis est que le M23 dépose les armes», tout en enjoignant Kigali à «cesser tout soutien militaire au M23». Ces déclarations marquaient une inflexion claire de la posture américaine, plus affirmée face aux acteurs du conflit.

Au Gabon, Boulos prévoit de s’entretenir en marge de la cérémonie avec plusieurs dirigeants africains, en particulier sur les questions de sécurité régionale et de coopération économique. Cette diplomatie de proximité semble dessiner les contours d’une nouvelle phase d’engagement américain sur le continent, mêlant intérêts sécuritaires, stabilité politique et ambitions économiques.

L’investiture d’Oligui Nguema pourrait ainsi servir de théâtre à un ballet diplomatique d’envergure, où chaque poignée de main en dira long sur les réalignements en cours. Et dans cette chorégraphie internationale, la présence de Massad Boulos témoigne du fait que Libreville, le temps d’une journée, devient l’un des épicentres géopolitiques du continent.

 
GR
 

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